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L'Allemagne: géographie & histoire.

Publié le 18/10/2013

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L'Allemagne: géographie & histoire. Pays aux reliefs contrastés, drainé par des fleuves qui ont constitué autant d'axes de civilisation, se développant des côtes de la mer du Nord et de la Baltique aux Alpes bavaroises, et faisant le lien entre l'Ouest et l'Est de l'Europe après avoir été au coeur du Saint Empire et puissamment contribué à la formation de la culture européenne, l'Allemagne mêle les influences d'une romanisation étendue à celles des peuples germains qui lui ont donné sa forte identité. Politiquement divisée de 1949 à 1990, elle doit, avec l'unité recouvrée, relever de nouveaux défis afin de rester l'une des grandes puissances économiques du monde. L'Allemagne, en allemand Deutschland - Définition. est une République fédérale formée de Länder aux larges compétences, et membre fondateur de la Communauté économique européenne. Le pays actuel est moins étendu à l'est que ne l'était l'ancien Empire allemand, dont une partie a été attribuée à l'URSS et une autre à la Pologne en 1945. De nombreuses disparités subsistent entre les territoires des anciennes République fédérale d'Allemagne (RFA) et République démocratique allemande (RDA), qui ont formé deux États distincts de 1949 à 1990. L'unification, réalisée le 3 octobre 1990, ne peut que renforcer l'Allemagne dans sa position de grande puissance. Le Parlement est bicaméral. La Chambre des députés (Bundestag) détient le pouvoir législatif ; il est élu pour quatre ans au suffrage universel direct et peut être dissous. Le Conseil fédéral (Bundesrat) est formé de représentants des Länder. Le chancelier, chef de l'exécutif, est responsable devant le Bundestag, qui peut le renverser par une motion de défiance. Le mode de scrutin combine systèmes proportionnel et majoritaire. Le président de la République ne joue pas un grand rôle ; il est élu par un corps restreint. Un tribunal constitutionnel juge de la légalité des lois. Les corrélats Bundesrat Bundestag chancelier fédéral (État) Land Géographie Les conditions naturelles Bordée au nord par la mer du Nord, aux tempêtes dangereuses, et par la Baltique, plus calme, l'Allemagne comprend trois grandes régions naturelles. La grande plaine germano-polonaise du Nord est marquée par l'empreinte des glaciers quaternaires : lacs de barrages morainiques, sols argileux et sableux pauvres, portant une lande à bruyère, reboisée par endroits (Lüneburg). L'Allemagne moyenne est constituée de massifs anciens hercyniens, d'altitude moyenne (700 à 1 000 m), humides, très boisés et de pénétration difficile ; ainsi le Massif schisteux rhénan, le Hunsrück, le Thüringer Wald, et, à l'est, le Harz et l'Erzgebirge. Au sud, le plateau bavarois s'élève en plan incliné de la vallée du Danube vers les Alpes. L'Allemagne est drainée par de puissants cours d'eau navigables. L'Oder, l'Elbe, la Weser et le Rhin (2 190 m3/s à la frontière néerlandaise) s'écoulent du sud vers le nord, tandis que le Danube traverse le sud du pays avant d'arroser l'Autriche. Du point de vue climatique, l'Allemagne se situe dans une zone de transition, entre le climat océanique et le climat continental (Hambourg : 0,3 o C en janvier, 17,1 o C en juillet, 740 mm de précipitations annuelles ; Berlin : - 0,6 o C en janvier, 18 o C en juillet, et 587 mm ; Munich : - 2,3 o C en janvier, 17 o C en juillet, et 935 mm). Les corrélats Bavière Berlin Danube Elbe Erzgebirge Hambourg Harz Hunsrück Lüneburg Munich Oder rhénan (Massif schisteux) Rhin Thuringe Weser Les livres Sarre, page 4633, volume 9 Allemagne - paysage des Alpes bavaroises, page 146, volume 1 Allemagne - les landes de Lüneburg, en Basse-Saxe, page 147, volume 1 Allemagne - la Moselle à hauteur de Bremm, en Rhénanie-Palatinat, page 147, volume 1 Allemagne - la forêt de Thuringe, dans le Land du même nom, page 147, volume 1 Allemagne - le Rhin aux environs de Bacharach, page 147, volume 1 Europe - le Rhin en Allemagne, dans la région de Coblence, page 1799, volume 4 Les aspects humains Le peuplement de l'Allemagne a connu une forte empreinte romaine à l'ouest du Rhin et jusqu'au Main, avant la germanisation du pays au Ve siècle par diverses ethnies (Alamans, Francs, Bajuvares, Goths). À partir du IXe siècle et jusqu'au XVe siècle, la pression démographique a favorisé la colonisation agraire et urbaine (fondation de Königsberg) de territoires de l'Europe centrale et orientale. De forts noyaux de populations germaniques y firent souche. Au XIXe siècle, l'essor industriel de l'Allemagne (Ruhr, Silésie) suscita un afflux de travailleurs étrangers, notamment polonais. Après 1945, l'Allemagne occidentale a enregistré une forte poussée démographique (50 millions d'habitants en 1951 contre 42 millions en 1939) en raison de l'arrivée massive de ressortissants des territoires perdus par l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale (soit 9 millions d'expulsés) et de l'exode des réfugiés d'Allemagne de l'Est (4 millions). L'intégration réussie de ces masses dans la société allemande est une des composantes du « miracle « de l'après-guerre. La RDA, en revanche, a connu une chute démographique après-guerre, la population tombant de 19 millions en 1947 à 17 en 1970, par suite de la dénatalité et de l'exode touchant surtout la main-d'oeuvre qualifiée. Pour enrayer les départs qui s'accélérèrent après le soulèvement de Berlin (1953), la RDA érigea le mur de Berlin (13 août 1961) et ferma ses frontières. Jugulée momentanément, la fuite vers l'Ouest reprit en 1984, puis s'enfla à partir de 1988 (via la Hongrie) à mesure que l'effondrement économique de la RDA, les difficultés de l'URSS et le renouveau du mouvement démocratique minaient le pouvoir communiste. Il s'y ajouta un flot montant d'expatriés de souche allemande, originaires de Pologne, Roumanie, URSS. Au total, plus de 1,2 million d'immigrants et d'expatriés se sont installés en Allemagne occidentale de 1986 à 1990, et près de 2 millions sont attendus d'ici à l'an 2000. Cet afflux compense, en partie, la dénatalité et le vieillissement qui sévissent à l'Ouest, où le taux de fécondité atteint le niveau le plus bas du monde (1,28 enfant par femme), et où, depuis 1972, l'accroissement naturel demeure négatif. Souffrant des mêmes problèmes, la RDA avait mené à partir de 1976 une politique nataliste vigoureuse, efficace (rétablissement de l'excédent naturel, taux de fécondité de 1,74). L'harmonisation des politiques familiales, dans l'Allemagne unifiée, s'avère une tâche complexe mais indispensable. Depuis 1961, l'essor économique de la RFA avait suscité un appel à l'immigration étrangère (surtout d'origine turque : 1,5 million), qui se ralentit après 1973 ; environ 4,6 millions d'étrangers vivent en Allemagne. Le pays est urbanisé à plus de 85 % et les zones de faible densité sont rares ; on compte 70 villes de plus de 100 000 habitants et, en province, plusieurs métropoles dépassent le chiffre de 500 000 habitants. Le triangle formé par les villes de Bonn, Wesel et Hamm, dans la région du Rhin et de la Ruhr, a la plus forte concentration humaine avec 11 millions d'habitants. Les Länder de l'Est comptent davantage de villes moyennes et petites ; les deux tiers de la population vivent au sud de l'Elbe, où se trouvent de grands centres industriels. Les corrélats Alamans Berlin - Démographie et activités économiques Bonn Elbe Francs Goths Kaliningrad Main Rhin Ruhr Silésie Les médias Allemagne - divisions administratives (Länder) Les livres Allemagne - une rue de Tübingen, dans le Bade-Wurtemberg, page 150, volume 1 Allemagne - foyer de travailleurs immigrés ouvert à Rostock, dans le Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, page 150, volume 1 La vie économique Sur le plan économique, un fossé s'était creusé à partir de 1949 entre le capitalisme décentralisé et efficace de l'ancienne RFA, et l'économie étatisée, planifiée de l'ancienne RDA. L'agriculture. En Allemagne occidentale, l'agriculture n'occupait que 5 % des actifs. Les exploitations y sont encore aujourd'hui de taille modeste, le remembrement et la concentration sont insuffisants. Cependant, grâce à l'appui de l'État, au puissant mouvement coopératif et à son haut niveau technique, l'agriculture était performante (doublement de la production entre 1970 et 1981). Elle couvrait une part croissante des besoins, dégageait des excédents, exportait. Traditionnellement vouée à la polyculture, elle s'est spécialisée : économie herbagère avec élevage bovin dans la plaine du Nord et dans les Alpes ; association céréales-betterave sur les riches terres des Börde et du bassin de Cologne ; cultures spécialisées (vigne, houblon, fruits, légumes) près des villes, dans le fossé rhénan et dans la vallée du Main ; élevage sans sol enfin (porcs, volailles). Les agriculteurs, cependant, avaient dû lourdement s'endetter. Dans l'Est, les biens nazis et les grands domaines de plus de 100 hectares avaient été confisqués et redistribués par lots de 7 hectares aux petits paysans et réfugiés après 1945. Puis la collectivisation autoritaire, entre 1952 et 1960, sur le modèle soviétique, avait créé deux types d'exploitations, les coopératives, parfois très vastes, et les fermes d'État. La production, organisée sur une échelle industrielle, s'était orientée vers l'élevage porcin, l'orge sur les sols sableux peu fertiles et la betterave à sucre. Mais la qualité des produits était médiocre, la productivité, faible (on comptait 10 actifs pour 100 hectares contre 2 en RFA), la filière de transformation agroalimentaire, inadaptée. Dans l'Allemagne unifiée, la balance agricole demeure très déficitaire, et la production animale (5 e rang mondial pour l'élevage des porcs) l'emporte sensiblement sur la production végétale en réalisant 70 % du chiffre d'affaires de l'agriculture (contre 50 % en France). On estimait qu'en 1995 près de la moitié des exploitants avaient quitté la terre. Les corrélats Cologne (bassin de) Main Rhin L'industrie. Le partage de l'Allemagne avait entraîné une réorganisation de la production industrielle à l'Est. Entièrement planifiée, elle avait été réalisée à 90 % par 150 combinats (entreprises étatisées) ; le secteur privé avait pratiquement disparu après 1972, alors qu'il assurait 32 % de la production en 1950. Sur le modèle soviétique, la RDA s'était dotée alors d'une industrie lourde (sidérurgie à Eisenhüttenstadt, matériel ferroviaire, chantiers navals). L'importation de gaz et de pétrole soviétiques, et l'exploitation à ciel ouvert d'immenses ressources de lignite (30 milliards de tonnes de réserves) compensaient le manque de charbon. Les sels de potasse étaient abondants. Mais la pollution des centrales thermiques au lignite et des usines chimiques ont provoqué d'irrémédiables dommages à l'environnement (Werra et Elbe empoisonnés, 10 % des forêts détruites). Par ailleurs, la RDA avait hérité d'une forte tradition dans l'industrie manufacturière : textile, optique, construction de machines surtout, encouragée par l'État pour l'exportation. Les grandes régions industrielles se situent au sud du pays, en Thuringe, Saxe-Anhalt et surtout en Saxe (30 % du potentiel). La production avait doublé de 1950 à 1965, mais l'industrie est-allemande, incapable de se moderniser rapidement, avait vite perdu toute compétitivité : productivité faible, technologie obsolète, produits médiocres, gaspillage d'énergie. L'entrée en vigueur de l'Union monétaire et économique, le 1er juillet 1990, a provoqué une restructuration douloureuse : privatisation des entreprises, fermeture d'établissements, compression d'effectifs ; la production a reculé, le chômage s'est étendu. La coopération avec l'industrie ouestallemande, instituée depuis plus de vingt ans, s'est intensifiée : investissements à l'Est, joint-ventures, reprise de firmes, vente d'équipements. Cet assainissement coûteux a dû s'accompagner d'une harmonisation des législations (durée du travail, protection de l'environnement, salaires) et d'une modification des comportements (recul de l'absentéisme, goût du risque) pour porter ses fruits à moyen terme. L'ex-RFA était déjà un géant industriel. Elle figurait au troisième rang mondial, après les États-Unis et le Japon. Avec 41 % du produit national brut (PNB), l'industrie employait 10 millions de personnes et constituait le fer de lance de la puissance allemande. Cette prospérité continue de reposer sur d'abondantes ressources naturelles : gisements de houille de la Sarre, d'Aix-la-Chapelle et surtout de la Ruhr (25 milliards de tonnes de réserve) ; lignite du bassin de Cologne (60 milliards de tonnes de réserve) ; pétrole et potasse. Mais les ressorts du dynamisme industriel sont ailleurs. Dès la fin du XIXe siècle, l'industrie allemande s'était montrée capable d'adapter rapidement sa production à la demande, de réduire les coûts de production dans de gigantesques usines, de privilégier les produits de haute qualité (label made in Germany), de conquérir les marchés extérieurs. Sa haute technicité repose aussi sur un effort de recherche intensif et une collaboration avec l'Université. Enfin, l'appui des banques est vital, et l'interpénétration avec les milieux financiers est très étroite. Le libéralisme économique n'exclut pas des interventions limitées de l'État (subventions aux charbonnages et à la sidérurgie). Mais, surtout, les relations sociales sont de qualité : la participation des salariés aux décisions dans l'entreprise (cogestion), instituée en 1951 dans la sidérurgie et les charbonnages, est étendue à toutes les branches depuis 1976 ; fruits de longues négociations, les conventions salariales sont signées pour des durées déterminées et respectées par les parties : les grèves sont rares (sauf celles de 1984 pour les 35 heures de travail hebdomadaires dans la métallurgie). Démantelés par les Alliés après la guerre, puis reconstitués dès 1952 à la faveur de la guerre froide, les grands groupes industriels diversifient constamment leur production, acquièrent une dimension mondiale. Dans le secteur de l'automobile, dont dépend - directement ou indirectement - un quart des emplois, les groupes DaimlerBenz et Volkswagen, qui occupent les deux premiers rangs européens, emploient respectivement plus de 330 000 et plus de 240 000 personnes. Les petites et moyennes industries, innovatrices et exportatrices, forment aussi un tissu industriel très dense. La production industrielle est d'une prodigieuse variété. L'Allemagne occupe sur les marchés mondiaux des positions dominantes dans quelques secteurs : outre l'automobile, la chimie (Hoechst, BASF, Bayer), la mécanique (Mannesmann, Thyssen), l'électronique (Siemens), la vente d'usines clé en main. Même les branches traditionnelles se sont restructurées, au prix de drastiques compressions d'effectifs : les charbonnages (Ruhrkohle AG), la sidérurgie (Thyssen, Krupp, Hoechst), l'industrie textile, l'habillement, etc. Dans ce contexte stimulant, les investissements industriels étrangers, notamment américains (Ford, Opel, Exxon), se sont beaucoup développés. Au total, l'Allemagne classe sept de ses groupes parmi les vingt premiers d'Europe, et l'industrie est présente sur de larges portions du territoire, se polarisant dans les vastes agglomérations urbaines, les carrefours portuaires et les vieux bassins charbonniers en reconversion. Dans la région du Rhin et de la Ruhr se situe la plus forte concentration industrialo-urbaine d'Europe, qui comprend la Ruhr, en pleine restructuration, et les industries plus dynamiques de l'axe rhénan (automobile, chimie, mécanique). Fortement représentées dans les Länder méridionaux (Bavière, BadeWurtemberg), les industries de haute technologie (informatique, bureautique, télécommunications) sont aussi dispersées sur tout le territoire. Les corrélats Aix-la-Chapelle Bade-Wurtemberg BASF (Badische Anilin und Sodafabrik) Bavière Bayer Cologne (bassin de) Daimler-Benz Elbe Hoechst AG Krupp Opel Rhin Ruhr Sarre Saxe Saxe-Anhalt Siemens (von) - Le groupe Siemens Thuringe Thyssen Volkswagen Les livres moteur - chaîne d'assemblage de petits moteurs à l'usine AEG à Berlin, aux environs de 1900, page 3314, volume 6 Ruhr - les usines Krupp, à Rheinhausen, page 4495, volume 8 Ruhr - la région industrielle de la Ruhr, page 4495, volume 8 Communications et commerce. Les moyens de communication sont d'inégale valeur. À l'Ouest, un réseau ferré et autoroutier dense permet une grande mobilité, et le trafic est intense. Dès la fin du XIXe siècle s'était mis en place un puissant réseau de voies navigables à grand gabarit, centré sur le Rhin, régulièrement modernisé ; Duisburg est devenu le premier port fluvial du monde. À l'Est, en revanche, se sont développés des réseaux moins denses et de moindre capacité. Alors que l'Allemagne occidentale bénéficie de grands ports maritimes ouverts sur la mer du Nord (Hambourg, Brême, Wilhelmshaven), l'Allemagne orientale n'a qu'une ouverture sur la Baltique par Rostock. Le commerce extérieur allemand, très actif, se classe, en valeur, au deuxième rang mondial, derrière celui des États-Unis ; il est par ailleurs largement excédentaire, l'Allemagne étant le deuxième exportateur du monde avec près de 10 % du total, en valeur. Elle exporte des machines-outils, du matériel électrique et électronique, des automobiles, des produits chimiques et des installations industrielles. Elle importe des matières premières (minerais, laine, coton), des hydrocarbures, des produits agricoles et tropicaux. Ses foires (Hanovre) ont une réputation mondiale, de même que les maisons de négoce de Hambourg ou de Brême. Les dépenses des touristes allemands à l'étranger écornent cependant la balance des paiements. Les corrélats Brême Duisburg Hambourg Hanovre Rhin R ostock Wilhelmshaven Bilan et perspectives. Après 1970, les économies est- et ouest-allemandes avaient continué de diverger. La crise économique mondiale avait provoqué à l'Ouest une forte poussée du chômage après 1981, et des difficultés sectorielles sérieuses (charbonnages, sidérurgie, électronique, optique). Mais, depuis 1984, la croissance avait repris sans discontinuer, et la RFA était devenue le second créancier du monde. À l'Est, en revanche, l'écart s'était creusé entre les objectifs du plan et les aspirations de la population à un plus large approvisionnement en biens de consommation. L'absence officielle de chômage masquait une productivité inférieure de 40 % à celle de l'Allemagne de l'Ouest. L'unification a entraîné de profondes transformations économiques : « La reprise d'une économie planifiée en pleine dérive par une économie de marché performante est une aventure sans précédent dans l'histoire. « À court terme, elle doit provoquer une forte demande en logements et en biens de consommation ; mais les charges budgétaires se sont alourdies (entre 1990 et 1995, 1 000 milliards de deutschemarks ont été transférés) en raison de la modernisation des infrastructures de l'ancienne Allemagne de l'Est, de la prise en charge des retraites, indemnités de chômage et dépenses de formation. Dès 1994, on estimait que le revenu moyen à l'Est avait atteint 70 % de celui de l'Ouest et que les salaires devraient y être à parité en 1996. Aussi la part des nouveaux Länder dans l'économie allemande s'accroît-elle (plus de 10 % du PIB). Classé au cinquième rang dans le monde (et au premier en Europe) pour sa compétitivité, l'Allemagne, pays à monnaie forte, n'en connaît pas moins une crise très nette de l'emploi, due en partie à la délocalisation vers l'étranger de la production industrielle. Les corrélats Berlin - Démographie et activités économiques deutschemark Les livres Allemagne - vue de Francfort-sur-le-Main, page 150, volume 1 Allemagne - mines de lignite, page 152, volume 1 Allemagne - paysage de la Ruhr, page 152, volume 1 Allemagne - chaîne de montage de véhicules industriels aux usines DaimlerBenz de Wörth (Rhénanie-Palatinat), page 153, volume 1 Allemagne - industrie pétrochimique dans la région de Cologne, page 153, volume 1 Allemagne - test sur microcircuits électroniques aux laboratoires Siemens, page 153, volume 1 L'organisation de l'espace L'Allemagne unifiée retrouve une configuration territoriale qui rappelle celle d'avantguerre, enchâssée dans l'Europe centrale. Le Mittellandkanal, inauguré en 1937, symbolisait cette disposition longitudinale, en reliant la Ruhr à Berlin ; en revanche, la RFA s'étirait du nord au sud, le long du Rhin, épine dorsale du pays. Désormais, les axes est-ouest reprennent sens ; Hambourg doit retrouver son arrière-pays naturel, la Saxe et les républiques qui formaient la Tchécoslovaquie. Un rééquilibrage territorial s'impose, afin d'éviter que l'Est ne devienne un « Mezzogiorno « allemand. L'organisation administrative de l'Est renoue avec les cinq Länder démantelés en 12 districts en 1952, chacun retrouvant sa capitale historique. Berlin recouvre sa souveraineté et son rang de capitale d'un État qui, du Rhin à la ligne Oder-Neisse, rassemble plus de 80 millions d'habitants et qui influe ainsi encore plus fortement sur le destin de l'Europe tout entière. Voir aussi le dossier Berlin. Les corrélats Berlin Hambourg Land Oder Rhin Ruhr Saxe Les livres Francfort-sur-le-Main, page 2050, volume 4 Munich - le nouvel hôtel de ville, page 3337, volume 6 Nuremberg - vue de la vieille ville, page 3499, volume 7 Saxe - vue de Dresde, page 4652, volume 9 Tübingen, page 5292, volume 10 urbanisme - les nouveaux quartiers de Munich (Allemagne), page 5358, volume 10 habitat - fermes à Tripkendorf (Allemagne), page 2299, volume 4 Les corrélats Aix-la-Chapelle Alpes Anhalt Augsbourg Bade-Wurtemberg Baden-Baden Baltique (mer) Bamberg Bautzen Bavière Bayreuth Berchtesgaden Berlin Bochum Bohême (Forêt de) Bonn Brandebourg Brandebourg Brême Bremerhaven Brisgau Chemnitz Coblence Cologne Cologne (bassin de) Constance Cuxhaven Danube Darmstadt Dessau Deux-Ponts Donaueschingen Dortmund Dresde Duisburg Düsseldorf Eifel Eisenach Elbe Emden Erfurt Erzgebirge Essen Eupen Fichtelgebirge Flensburg Forêt-Noire Francfort-sur-l'Oder Francfort-sur-le-Main Franconie Frankenhausen Fribourg-en-Brisgau Friedrichshafen Frise Frisonnes (îles) Gelsenkirchen Goslar Gotha Göttingen Halle Hambourg Hamelin Hanovre Harz Heidelberg Helgoland Hesse Höchstädt Hunsrück Iéna Ingolstadt Inn Isar Jura Karlsruhe Kassel Kehl Kiel Landau Leipzig Lippe Lübeck Lüneburg Lusace Magdebourg Main Mannheim Mayence Mecklembourg Mecklembourg-Poméranie-Occidentale Meissen Moselle Munich Münster Neckar Nord (mer du) Nuremberg Oberhausen Odenwald Oder Oldenbourg Osnabrück Peenemünde Pforzheim Plauen Poméranie Potsdam Rastadt Recklinghausen Regensburg Remscheid rhénan (Massif schisteux) Rhénanie-du-Nord-Westphalie Rhénanie-Palatinat Rhin R ostock Ruhr Sarre Sarre Sarrebruck Sarrelouis Saxe Saxe Saxe (Basse-) Saxe-Anhalt Schleswig-Holstein Sigmaringen Smalkalde Souabe-Franconie (bassin de) Spire Stralsund Stuttgart Taunus Thuringe Trèves Tübingen Ulm Weimar Weser Westphalie Wiesbaden Wilhelmshaven Wismar Wittenberg W orms Wuppertal Wurtemberg Würzburg Zülpich Zwickau Les livres Cologne, page 1174, volume 3 Histoire L'histoire de l'Allemagne, notion géographique limitée, embrasse l'ensemble d'une aire de civilisation germanique aux contours fluctuants. Elle est marquée par un type d'agriculture spécifique, une exploitation minière précoce, de puissantes villes régionales et un mouvement continu d'expansion vers les espaces clairsemés de l'Est européen. Les origines romaines et germaniques L'espace correspondant aux régions allemandes a été habité dès l'époque préhistorique. Après la découverte d'un squelette humain en 1856 dans la vallée de Neander, près de Düsseldorf, le nom de Neandertal (ou Néanderthal) a été donné à une sous-espèce d'Homo sapiens. Aux environs du XVe siècle avant J.-C., apparut dans la région rhénane la civilisation de l'Hunsrück-Eifel, dont subsistent des milliers de tumulus. Elle se propagea jusqu'en Hesse et en Bourgogne. Vers 1200-1100 avant J.-C. se produisit une profonde transformation des rites funéraires, sans doute liée à des invasions venues de l'est : l'inhumation des corps dans des tumulus fut remplacée par l'incinération (civilisation des Champs d'urnes). L'Allemagne du Sud fut, vers le Xe siècle avant J.-C., le centre de la première civilisation de l'âge du fer. Cette civilisation, dite de Hallstatt, fut poursuivie par la civilisation de La Tène, qui témoigne de la suprématie celtique dans la région jusqu'au IIIe siècle avant J.-C. Après cette date, de nouveaux peuples venus de Scandinavie, probablement en raison d'un refroidissement du climat, refoulèrent les Celtes vers le sud et l'ouest. Les Romains devaient donner à ces peuplades, dont la civilisation nous est connue par l'historien Tacite, le nom de Germains. De la conquête romaine, entreprise par César, subsistent nombre de traces : introduction de la vigne, fondation d'Aix-la-Chapelle, Cologne, Bonn, Trèves, Augsbourg... Le chef germain Arminius arrêta la conquête romaine en 9 (désastre de Varus) : elle devait rester limitée à la rive gauche du Rhin. Les migrations qui se succédèrent du IIIe au VIe siècle ébranlèrent cet équilibre : après deux siècles de combats incessants, les Germains, poussés par l'arrivée des Huns, franchirent le Rhin gelé lors de l'hiver 406 et occupèrent en quelques années la plus grande part de l'Empire romain d'Occident, où ils devaient s'installer durablement. Voir Invasions. Les Mérovingiens s'efforcèrent d'imposer leur autorité sur l'Allemagne occidentale et méridionale (VI e -VIIe siècle), mouvement que poursuivirent les Carolingiens à partir du VIIIe siècle. En soumettant et évangélisant Saxons et Frisons, Charlemagne et ses successeurs parvinrent ainsi aux marches des peuples slaves de l'Est. Les corrélats âge du fer Aix-la-Chapelle Arminius Augsbourg Bonn Carolingiens César Jules Charlemagne Cologne Eifel Empire romain d'Occident Frisons Germains Hallstatt Huns Hunsrück invasion Louis - GERMANIE - Louis II le Germanique Mérovingiens Néanderthal (homme de) Rhin Saxons Tacite Tène (La) Trèves Varus Publius Quintilius L'Allemagne médiévale Naissance de l'Allemagne. Ce n'est qu'à la dissolution de l'Empire carolingien (IXe siècle) que l'Allemagne acquit son identité politique. La mort de Louis l'Enfant (911), dernier Carolingien germanique, consomma la scission : plutôt que de reconnaître le Carolingien français, les ducs allemands choisirent l'un des leurs, Conrad de Franconie. À sa mort (918), la maison de Saxe accéda au trône avec Henri Ier l'Oiseleur. Victorieux des envahisseurs hongrois (955), intervenant en France et en Italie, évangélisant les Slaves, réorganisant l'administration en faisant de ses vassaux de véritables fonctionnaires, son fils Otton Ier (936-973) put restaurer l'idée carolingienne d'un empire fondé sur l'alliance du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. Le Saint Empire romain germanique, fondé en 962 par Otton, eut ainsi pendant trois siècles Rome pour centre : seul l'échec de cette politique italienne conduisit, au XIIIe siècle, à l'émergence d'un Empire purement allemand. Les corrélats Carolingiens Conrad - Conrad Ier Empire romain germanique (Saint) Henri - ALLEMAGNE et EMPIRE GERMANIQUE - Henri Ier l'Oiseleur Louis - GERMANIE - Louis III le Saxon Louis - GERMANIE - Louis IV l'Enfant Otton - Otton Ier le Grand La structure de l'autorité : État et féodalité. Les successeurs d'Otton Ier suivirent la même politique de mainmise sur l'Italie, en gardant le contrôle sur l'Église et en tentant de s'allier à Byzance. Mais la réforme grégorienne (voir Grégoire) affirma l'indépendance de l'Église face aux pouvoirs séculiers : le règne d'Henri IV (1056/1106) connut le déchaînement de la querelle des Investitures, qui dura de 1076 à 1122 et aboutit à la distinction entre pouvoir spirituel (du pape) et temporel (de l'empereur). Dès lors, l'empereur ne fut plus en mesure de s'appuyer sur l'Église pour lutter contre la rébellion constante des princes laïcs et se trouva obligé de composer avec eux en leur accordant des libertés dans leurs fiefs pour avoir les mains libres en Italie. En outre, alors que le principe de l'hérédité royale s'instaurait rapidement en France, la brièveté accidentelle des dynasties renforça le principe électif en Allemagne, ce qui obligea chaque souverain à imposer son autorité sur ses vassaux ou à se ménager leur appui, et empêcha le mouvement d'unification politique sous l'égide du roi, qui se réalisait, à la même époque, en Angleterre et en France. La féodalité s'affranchit ainsi, plus d'un siècle après la France, dans un régime de monarchie élective où s'affrontèrent les guelfes de Bavière et les gibelins (Hohenstaufen) de Franconie, jusqu'à Frédéric Barberousse (1152/1190), archétype du chevalier chrétien, qui mourut en croisade avant d'avoir réussi à contrôler l'Italie. Avec Frédéric II (1220/1250), l'Empire se restreignit à l'Allemagne. Malgré une politique habile qui s'appuyait sur l'Église et les princes laïcs, il ne parvint pas à garder l'Italie. Les institutions de l'Empire se fixèrent. L'empereur, élu par les sept Électeurs qui avaient sur leurs terres le rang de souverains, jouissait d'une autorité précaire, faute d'administration, d'armée, de finances. La Diète, qui représentait tous les États, avait elle aussi un pouvoir limité. Les corrélats Électeur Frédéric - EMPIRE D'ALLEMAGNE - Frédéric Ier de Hohenstaufen Frédéric - EMPIRE D'ALLEMAGNE - Frédéric II de Hohenstaufen gibelin Grégoire - Grégoire VII Guelfes Henri - ALLEMAGNE et EMPIRE GERMANIQUE - Henri IV le Grand Hohenstaufen Investitures (querelle des) Italie - Histoire - Les communes et la lutte entre les papes et les empereurs Otton - Otton II le Roux Otton - Otton III Otton - Otton IV de Brunswick Sacerdoce et de l'Empire (lutte du) Agriculture et Drang nach Osten (« Poussée vers l'est «). L'ère carolingienne avait inauguré un vaste mouvement de colonisation vers l'est, tandis que grandissait le rôle des villes de l'ouest, chargées de concentrer la production des campagnes (textile notamment). Princes territoriaux et clercs soutinrent ce Drang nach Osten et l'associèrent à des idées de croisade et de conversion. De fait, il imposa la civilisation germanique en milieu slave, Pologne, Bohême, Autriche, et jusqu'à la limite du monde magyar. D'abord spontanée et pacifique, comme en Bohême où coexistèrent des établissements slaves et germaniques qui allaient donner naissance à la région des Sudètes, la colonisation devint rapidement officielle, autoritaire et brutale avec les chevaliers Teutoniques, qui édifièrent de nombreux châteaux, villages et villes fortifiés. Elle fut à l'origine d'une forme de grande propriété terrienne dominée par les Junkers, qui persista en Allemagne orientale jusqu'en 1945. À l'ouest de l'Elbe, la pression démographique entraîna de vastes défrichements avec la participation des communautés religieuses. On instaura l'assolement triennal pour cultiver les céréales : seigle, froment, avoine. Les corrélats Bohême Elbe Sudètes (monts) Teutoniques (chevaliers) Le développement urbain. La plupart des villes petites et moyennes de l'Allemagne contemporaine furent fondées aux XIIe et XIIIe siècles. Faute de moyens de communication, elles n'eurent souvent qu'une influence régionale. À la même époque apparurent des villes-marchés, à emplacement déterminé par les possibilités d'exportation et de commerce forain. La ville allemande médiévale manifeste dans son architecture la volonté d'aménager l'espace de façon fonctionnelle. Dans les quelques villes orientées vers la mer, celles de la Hanse, le port est le quartier central. Les villes-marchés (Leipzig, ville de foire depuis 1165) ont de vastes places, d'importants monuments civils : l'hôtel de ville (Rathaus) est le coeur de la cité. Devenue ensuite résidence princière, la ville s'embellit aux XVIIe -XVIIIe siècles, après les ravages de la guerre de Trente Ans (1618-1648) : d'abord fortifiée, elle s'ouvre, protégée par des bastions, et le prince la dote d'un théâtre, plus tard d'un opéra, qui en fait un centre à la fois administratif et culturel (Mannheim). Tel est souvent le destin des villes universitaires (Prague, Heidelberg). Les corrélats foires Hanse Heidelberg Leipzig Mannheim Prague La fin du Moyen Âge et la transformation du Saint Empire (1349-1519). La Grande Peste (1349-1350) et les épidémies qui lui succédèrent dépeuplèrent le nord de l'Allemagne (perte de 25 à 50 % de la population), entraînant un déclin de la production agricole et artisanale, une paralysie des transports, une récession générale des affaires et l'arrêt de la colonisation vers l'est. Faute de pouvoir s'y nourrir, nombre de paysans libres qui ne devaient jusque-là de corvées qu'au prince territorial, représentant théorique du pouvoir impérial, abandonnèrent leurs terres aux seigneurs. Jadis libre, le paysan se trouva ainsi attaché à la glèbe et dans l'impossibilité, jusqu'au début du XIXe siècle, de se marier ou de quitter la terre sans le consentement du seigneur. Des princes appauvris durent également, en échange de subsides, abandonner leurs droits régaliens. Maximilien I er de Habsbourg (1493/1519) fixa la transformation de l'Empire en codifiant les rapports de pouvoir au sein de l'État, reconnut l'indépendance des cantons suisses et unifia ses États héréditaires en Autriche, sur lesquels il s'appuya ensuite pour renforcer sa position dans l'Empire et en Europe. Son mariage avec Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, lui acquit la Franche-Comté et les Pays-Bas ; il réunit les couronnes de Hongrie et de Bohême, et maria son fils Philippe le Beau à l'héritière d'Espagne, Jeanne la Folle. Il s'allia enfin avec la nouvelle puissance des banquiers (Jakob Fugger). Sous son règne, dominicains et franciscains commencèrent à s'affronter sur la question des Indulgences : cette querelle devait donner naissance à la Réforme. Le règne de Maximilien marqua aussi le début de la domination des Habsbourg sur l'Allemagne. Le Saint Empire romain germanique, ensemble d'États princiers, laïcs et ecclésiastiques, sans unité réelle, n'était plus pour le souverain qu'une partie de ses immenses États. Les corrélats Autriche - Histoire - L'Autriche des Habsbourg Empire romain germanique (Saint) Franche-Comté Fugger Habsbourg indulgence Jeanne - CASTILLE - Jeanne la Folle Marie - BOURGOGNE - Marie de Bourgogne Maximilien Ier de Habsbourg Pays-Bas - Histoire - De l'expansion économique à la domination espagnole Philippe - ESPAGNE - Philippe Ier le Beau Les livres Allemagne - la pesée des marchandises, page 155, volume 1 L'Allemagne moderne La crise de la Réforme. Jusqu'à la paix de Westphalie (1648), marquant la fin de la guerre de Trente Ans, l'Allemagne connut une période intense de divisions religieuses et de transformations économiques consécutives aux Grandes Découvertes. Les conflits sociaux s'exacerbèrent et, pour la première fois, une langue unifiée fit son apparition à travers la Bible de Luther. L'élection de Charles Quint (1519/1556), petit-fils de Maximilien, fortifia les liens de la haute finance internationale avec le pouvoir et assit le règne des Fugger - car il fallut acheter les Électeurs que l'autre candidat, le roi de France François I er , couvrait d'or -, tandis que noblesse et paysans s'appauvrissaient notablement à cause des énormes besoins financiers que nécessitait la politique européenne de l'empereur. La révolte de Luther contre l'Église romaine, d'abord purement religieuse, devint rapidement politique et sociale. Derrière Luther se regroupaient en effet, dès 1520, des humanistes et des artistes, des petits nobles et des bourgeois : la Réforme fut le révélateur des malaises sociaux endémiques de la chevalerie et des paysans, dont les révoltes échouèrent (guerre des Paysans, 1524-1525). Lutter contre la Réforme constitua pour Charles Quint le seul moyen de maintenir l'unité catholique et impériale face aux villes et aux princes révoltés. Finalement, la paix d'Augsbourg (1555) marqua la victoire provisoire de l'oligarchie princière. Elle admit la liberté religieuse pour les États, non les individus, suivant le principe cujus regio, ejus religio (les sujets ont la religion de leur souverain), mais la Contre-Réforme catholique entreprise par Rodolphe II (1576/1612) devait ranimer les antagonismes religieux et entraîner la terrible guerre de Trente Ans. Celleci, durant de 1618 à 1648, se solda par la disparition de 30 à 40 % de la population. La sous-alimentation, l'insécurité entraînèrent le déclin commercial et économique et firent passer le pays du régime économique urbain du Moyen Âge au régime territorial, qui répartit l'espace économique allemand en vastes ensembles. Symbole du temps, la Vie de l'aventurier Simplicius Simplicissimus, roman picaresque pessimiste de Grimmelshausen (1621-1676), est une expression baroque de la vanité de toute chose. Les corrélats Augsbourg Autriche - Histoire - L'Autriche des Habsbourg Charles - EMPIRE D'OCCIDENT et SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE Charles V de Habsbourg, dit Charles Quint Contre-Réforme cujus regio, ejus religio Électeur Empire romain germanique (Saint) François - FRANCE - François Ier Fugger Grimmelshausen (Hans Jakob Christoffel von) Luther Martin Paysans (guerre des) Réforme Rodolphe - Rodolphe II Trente Ans (guerre de) Westphalie Le Saint Empire de 1648 à sa dissolution en 1806. L'Empire était constitué de 350 États représentés par la Diète. Il comptait 900 000 km 2 en incluant Autriche et Bohême, mais 500 000 pour la seule Allemagne et la Prusse. L'empereur, un Habsbourg (sauf Charles VII de Bavière, de 1742 à 1745), était élu par huit Électeurs (depuis 1648), laïcs et ecclésiastiques, protestants et catholiques. En dehors de ses États personnels, son pouvoir était devenu purement théorique depuis les traités de Westphalie (1648). L'occupation du sol restait faible : épaisses forêts, fleuves sauvages, mais montagnes riches en minerai qu'exploitaient des mineurs recherchés dans toute l'Europe (la première École des mines fut fondée en 1765 à Freiberg) ; la population, peu nombreuse (20 millions en 1620, 27 en 1650, 28 à la fin du XVIIIe siècle), était inégalement répartie. Les corrélats Autriche - Histoire - L'Autriche des Habsbourg Bohême Charles - EMPIRE D'OCCIDENT et SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE Charles VII Albert de Wittelsbach Électeur Empire romain germanique (Saint) Habsbourg Prusse recez Westphalie Les livres Lumières (philosophie des) - Voltaire en visite au palais de Potsdam, auprès de Frédéric II, roi de Prusse, page 2939, volume 6 Lumières (philosophie des) - l'empereur Joseph II labourant dans un village de Moravie, page 2939, volume 6 La société allemande. Les princes-évêques se montrèrent soucieux de l'exploitation rationnelle de leurs États, qui devinrent souvent des modèles économiques. La noblesse d'Empire, survivance médiévale, s'effaça devant la noblesse de cour qui, imitant par snobisme l'exemple français, créa des villes nouvelles de résidences princières (Karlsruhe, Stuttgart, Berlin, Munich) et méprisa la bourgeoisie. Celle-ci, nombreuse et active, vivait surtout dans les cités impériales, restées très attachées à leurs droits et à leurs libertés. Les paysans (80 % de la population) étaient fermiers dans l'ouest et le sud, corvéables dans le nord et l'est, serfs dans les grandes propriétés orientales. On cultivait surtout les céréales (seigle plus que froment dans le nord et l'est), puis la pomme de terre au XVIIIe siècle avec des rendements faibles. L'activité industrielle, artisanale, restait à base corporative. En revanche, la métallurgie était réputée, et filatures et tissage du coton se développèrent. Le commerce était actif malgré les nombreuses barrières douanières : Hambourg distribuait les produits d'Amérique, Francfort (patrie de Rothschild) rassemblait les capitaux, Leipzig était la première ville de foire. Ces villes avaient déjà acquis une importance internationale. L'Allemand moyen, le Deutscher Michel , nous est mal connu, sinon par sa foi sincère mais tolérante. Une langue commune se répandit dans les universités, suscitant l'émergence d'un sentiment national diffus et l'apparition d'une littérature centrée sur deux courants essentiels, le Sturm und Drang (« Tempête et passion «) préromantique et l'Aufklärung (« les Lumières «). Parallèlement, avec les guerres du XVIIIe s iècle, se fit jour un patriotisme orienté contre la France, devenue l'ennemi héréditaire. Les invasions de la Révolution et de l'Empire renforcèrent puissamment ce sentiment. Le démantèlement du Saint Empire par Napoléon, en 1806, mit fin à la puissance autrichienne en Allemagne, et la politique centralisatrice napoléonienne prépara la future unité allemande. Les gains territoriaux qu'elle obtint sur la rive gauche du Rhin, lors du congrès de Vienne de 1815, firent de la Prusse le véritable maître de la Confédération germanique qui fut alors créée, structure très lâche où l'Autriche ne jouait qu'un rôle secondaire. Les corrélats Autriche - Histoire - L'Autriche des Habsbourg Berlin - L'histoire de Berlin Empire romain germanique (Saint) Francfort-sur-le-Main Hambourg Karlsruhe Leipzig Munich Napoléon Ier (Napoléon Bonaparte) Prusse Sturm und Drang Stuttgart Tugendbund Vienne (congrès de) L'entrée dans l'ère industrielle. Deux fois plus nombreux que les Allemands sous Louis XIV, les Français, en 1816, étaient seulement un peu plus nombreux qu'eux. De cette date à 1855, la population allemande passa de 23,5 à 34,5 millions d'habitants. Cette explosion démographique fut à la base de l'essor du pays au XIXe siècle. Malgré le doublement de la production agricole entre 1800 et 1870, une grande partie de la population, demeurant misérable, migra vers les villes et la Ruhr, où elle constitua l'amorce du prolétariat que réclamait l'industrialisation. L'extraction du charbon passa en vingt ans de 2 à 12 millions de tonnes. L'industrie textile se mécanisa. La BASF, fondée en 1865, préfigura l'hégémonie allemande en chimie. En parallèle se développèrent voies ferrées, canaux et transports maritimes. La Révolution française ayant eu entre autres conséquences de considérer différemment la misère du peuple, les progrès du commerce et de l'industrie rendirent plus scandaleux et plus redoutable le contraste avec l'opulence des privilégiés. Woyzeck, le personnage de Büchner, est l'emblème de ce peuple inconscient. Dans la révolution de 1848, les ouvriers d'usine ne jouèrent qu'un rôle secondaire : le mouvement ouvrier allemand naquit plutôt parmi les compagnons, qui voyageaient à l'étranger. La fin du Saint Empire avait donné naissance à un romantisme politique qui prônait une liberté garantie par la traditionnelle « Constitution des ordres « d'un Moyen Âge idéalisé, tandis que les libéraux-nationaux réclamaient Constitutions et libertés et critiquaient le morcellement de l'Allemagne. Les révolutions de 1848 marquèrent l'apogée de ce courant avec l'élection d'un parlement à Francfort. Malgré son échec, le mouvement survécut et, s'opposant à l'autoritarisme de Bismarck (chancelier de 1862 à 1890), il devait donner naissance au Zentrum. Ce parti du centre catholique représenta une force considérable après le Kulturkampf ( voir ce nom ) par lequel Bismarck tenta de lutter contre ces opinions jugées dangereuses pour l'unité allemande (1871-1878). Le thaler d'union de 1857 avait instauré entre les États allemands (sauf l'Autriche) une unité monétaire qui conclut l'évolution rapide vers l'union économique qu'avait inaugurée, dès 1853, le Zollverein (union douanière, voir ce nom). Une fois l'Autriche totalement exclue d'Allemagne par la guerre des duchés (1864-1866) et la France vaincue après Sedan (2 septembre 1870), la voie était libre pour l'union politique voulue par Bismarck : le roi de Prusse fut couronné empereur sous le nom de Guillaume Ier (1871-1888). Le IIe Reich était fondé. Les idées socialistes s'étaient répandues dans le prolétariat industriel après 1850. La fondation du Parti ouvrier social-démocrate, en 1869, marqua la victoire du marxisme internationaliste, sous l'égide de Liebknecht et de Bebel. Les progrès du socialisme furent constants malgré la répression menée par Bismarck. En 1914, il représentait une force imposante, à vocabulaire révolutionnaire mais à positions révisionnistes : les socialistes luttèrent mollement contre l'impérialisme de Guillaume II (politique d'expansion coloniale, tensions internationales), votèrent les crédits militaires et jouèrent l'union sacrée en 1914. Les corrélats BASF (Badische Anilin und Sodafabrik) Bebel August Bismarck (Otto, prince von) Büchner Georg Duchés (guerre des) Francfort-sur-le-Main franco-allemande (guerre) Guillaume - ALLEMAGNE - Guillaume Ier de Hohenzollern Guillaume - ALLEMAGNE - Guillaume II Kulturkampf Liebknecht Wilhelm révolutions européennes de 1848 Ruhr Sedan social-démocratie Zollverein (Deutscher) Les livres Allemagne - Martin Luther s'adressant aux princes germaniques en 1554, page 155, volume 1 Allemagne - la situation politique au lendemain des traités de Westphalie (1648), page 156, volume 1 Allemagne - combats de rue à Francfort le 3 avril 1833 (musée de l'Imagerie, Épinal), page 156, volume 1 Allemagne - la fonderie des aciéries Krupp à Essen, en 1873 (tableau d'Otto Bohlagen), page 157, volume 1 Allemagne - l'unification allemande, page 157, volume 1 L'Allemagne de 1914 à 1945 1914-1918 et la fin du IIe Reich. Les premiers revers de l'Allemagne (1916, avant même l'entrée en guerre des ÉtatsUnis) entraînèrent une scission chez les socialistes, et la formation du groupe spartakiste, d'obédience communiste, qui devait être renforcé par la révolution russe de 1917. Cependant, l'Allemagne, démoralisée, en plein bouillonnement révolutionnaire (abdication de Guillaume II et chute de toutes les monarchies), qui demanda l'armistice en novembre 1918, ne semblait pas réellement vaincue : ainsi se répandit dans l'opinion l'idée que la défaite était due à la trahison de l'intérieur (voir le dossier Guerres mondiales). Le traité de Versailles (28 juin 1919) priva l'Allemagne de son empire colonial (Togo, Sud-Ouest africain, Cameroun, Nouvelle-Guinée, Pacifique) et de 13 % de son sol (création du corridor de Dantzig, attribué à la Pologne), et la condamna à de lourdes réparations de guerre dont le versement devait empoisonner le climat international et miner la fragile République de Weimar. Les corrélats Bade (prince Maximilien ou Max de) Bethmann Hollweg (Theobald von) expressionnisme - La guerre et ses suites guerres mondiales - La Première Guerre mondiale Guillaume - ALLEMAGNE - Guillaume II réparations Spartakus Les livres guerres mondiales - couverture d'une revue allemande d'août 1914, page 2266, volume 4 guerres mondiales - scène de combat sur l'Yser, page 2267, volume 4 guerres mondiales - les opérations dans l'Europe du Sud-Est, page 2268, volume 4 guerres mondiales - les opérations en Europe occidentale, page 2268, volume 4 guerres mondiales - la crête des Éparges sur les Côtes de Meuse (Argonne), page 2269, volume 4 guerres mondiales - combattants munis de masques à gaz, page 2269, volume 4 guerres mondiales - signature du traité de Versailles dans la galerie des Glaces, le 28 juin 1919, page 2271, volume 4 La République de Weimar (1919-1933). Fils de la défaite, le nouveau régime fut mal accepté. Malgré l'amélioration de la condition ouvrière, il ne put empêcher ni la ruine des épargnants dans l'inflation cauchemar de 1922-1923 ni la montée du chômage après la crise de 1929 (6 millions de chômeurs en 1933). Les communistes du KPD, pour ne pas cautionner la social-démocratie bourgeoise au pouvoir, pratiquèrent alors la politique du pire en favorisant le parti nazi (NSDAP), que Hitler avait reconstitué en 1925 après son putsch manqué de 1923 à Munich. La République de Weimar s'acheva, sur fond de crise économique et de violence politique, par la victoire des nazis aux élections de 1933. Les corrélats Hitler Adolf Munich national-socialisme Schleicher (Kurt von) Thälmann Ernst Weimar (République de) Les livres guerres mondiales - signature du traité de Versailles dans la galerie des Glaces, le 28 juin 1919, page 2271, volume 4 Le IIIe Reich (1933-1945). Les douze ans du régime nazi furent marqués par une forte expansion territoriale (théorie de l'espace vital), le redressement économique et une idéologie raciste qui aboutit au plus grand génocide de l'histoire. Ils culminèrent dans une guerre totale et meurtrière. L'expansion territoriale (Sarre, 1935 ; Autriche et en partie Bohême, 1938 ; Memel, Dantzig, 1939, puis Alsace-Lorraine et Luxembourg, 1940, en tout 30 % de superficie en plus) visait à effacer le diktat de Versailles en profitant de la faiblesse des vainqueurs de 1918, France et Grande-Bretagne, où le souvenir de la guerre et la crainte du communisme justifiaient tous les abandons. Le nazisme bouleversa les rapports entre les différents milieux sociaux : dissolution de tous les appareils syndicaux, socialistes, chrétiens, constitution d'une classe paysanne organisée pour nourrir l'empire, encadrement totalitaire de la population. Par une politique de grands travaux et son alliance avec le capitalisme industriel et financier, Hitler réduisit fortement le chômage et prépara le pays à une autarcie quasi complète en prévision d'une guerre, tandis que s'opérait une extrême concentration industrielle. Il souda enfin la population autour d'une idéologie raciste à prétention scientifique, avec extermination systématique (par millions) en camps de concentration des catégories dites inférieures : juifs, Tziganes, homosexuels, handicapés et opposants politiques. La guerre mondiale, conséquence de l'invasion de la Pologne en septembre 1939, devait entraîner la chute du régime nazi et de ses alliés italien et japonais. L'Allemagne fut occupée et partagée par les vainqueurs, son territoire réduit, son industrie confisquée. Les corrélats Anschluss Beck Ludwig concentration (camps de) guerres mondiales - La Seconde Guerre mondiale Hitler Adolf national-socialisme Tchécoslovaquie - Histoire - Le démembrement Les livres guerres mondiales - la France en 1940, page 2272, volume 4 guerres mondiales - la situation en Afrique, page 2272, volume 4 guerres mondiales - les offensives alliées en Occident entre 1942 et 1945, page 2272, volume 4 guerres mondiales - Hitler inspectant le front de Pologne en septembre 1939, page 2273, volume 4 guerres mondiales - le rembarquement des troupes alliées à Dunkerque, page 2273, volume 4 guerres mondiales - la ligne de démarcation à Moulins, page 2274, volume 4 guerres mondiales - la « corvée de cadavres « dans un camp de concentration, page 2274, volume 4 guerres mondiales - la vallée de Cassino après la terrible bataille du mont Cassin, page 2275, volume 4 guerres mondiales - le débarquement de Normandie, page 2275, volume 4 guerres mondiales - les offensives alliées dans le Pacifique entre 1942 et 1945, page 2276, volume 4 Hitler Adolf, page 2370, volume 5 national-socialisme - Adolf Hitler, page 3384, volume 6 national-socialisme - Hermann Goering, page 3384, volume 6 national-socialisme - Rudolf Hess, page 3384, volume 6 national-socialisme - Joseph Goebbels, page 3384, volume 6 national-socialisme - Joachim von Ribbentrop, page 3384, volume 6 national-socialisme - Heinrich Himmler, page 3384, volume 6 national-socialisme - Martin Bormann, page 3384, volume 6 Nuit de cristal, page 3496, volume 7 Nuremberg - le procès de Nuremberg, page 3499, volume 7 Rommel Erwin, page 4442, volume 8 Les livres Allemagne - congrès du parti national-socialiste à Nuremberg en septembre 1935, page 158, volume 1 Après 1945 : de la partition à l'unification 1945 fut l'année zéro de l'histoire allemande. Après la défaite, tout était à reconstruire, les bâtiments comme les esprits. C'était aussi le procès d'un pays en ruines, et le retour sur soi, sur fond d'occupation : les puissances victorieuses, États-Unis, URSS, France, Grande-Bretagne, voulaient d'abord anéantir la puissance industrielle de l'Allemagne et en faire un État agraire. La guerre froide transforma l'objectif : elle rendit son honorabilité à l'Allemagne, partagée en deux États dont la réussite devait témoigner de la supériorité du système auquel chacun d'eux appartenait. Les corrélats Yalta Le développement séparé. La République démocratique allemande, État centralisé, fondé sur la prééminence du Parti socialiste unifié (SED), ne connut comme types de propriété que les biens populaires, coopératifs et collectifs. L'idéologie et l'appartenance au Comecon constituaient la base de son développement économique. La RDA absorba d'abord plus de 3 millions d'expulsés des territoires à l'est de l'Oder, attribués à la Pologne, mais se vida, jusqu'à la construction du mur de Berlin (1961), d'une partie de sa population fuyant vers l'Ouest. La grande propriété agricole traditionnelle y fut collectivisée, mais on mit surtout l'accent sur l'industrie, malgré une infrastructure déplorable. Fondée sur le lignite, seule énergie nationale, elle s'inscrivit dans la tradition allemande : sidérurgie, métallurgie, chimie, construction mécanique, textile, agro-alimentaire... Élève modèle du camp socialiste, la RDA avait en fait, dans les années quatrevingt, une économie fragile, peu performante et vieillissante. État totalitaire hanté par l'omniprésence de la police politique (la Stasi) et par la corruption, malgré une vie culturelle active, la RDA, abandonnée de l'URSS, menacée par la contestation des intellectuels et la fuite de ses forces vives vers l'Occident, dut finalement se libéraliser en 1989, et disparut presque aussitôt. La République fédérale d'Allemagne, fondée en 1949 après la création du deutschmark sur les trois zones d'occupation occidentale, adopta pour capitale Bonn et pour Constitution la Loi fondamentale qui en faisait un État de droit. Accueillant près de 10 millions d'expulsés de Pologne et de Tchécoslovaquie et 4 millions d'émigrés de RDA, elle assuma très tôt la totalité de l'héritage allemand. Son redressement économique fut si spectaculaire, grâce au plan Marshall, qu'on put parler de « miracle allemand « : démocratie urbaine, haut niveau de formation, fédéralisme réel, vie culturelle intense, agriculture dynamique, industrie modèle fondée sur un système bancaire décentralisé et une infrastructure de transports remarquable. La RFA connut cependant, dès les années soixante, un déclin démographique symptomatique d'un malaise latent. Ne se reconnaissant ni dans la démocratie chrétienne (CDU) ni dans les sociaux-démocrates, tour à tour au pouvoir, les mouvements alternatifs s'exprimèrent par la contestation des années soixante-dix et le terrorisme (bande à Baader). Après s'être incarnée dans des chanceliers charismatiques, Konrad Adenauer (1949-1963), homme du rapprochement francoallemand, et Willy Brandt (1969-1974), qui normalisa les rapports avec la RDA en 1972, la RFA a été gouvernée par des gestionnaires avisés, le social-démocrate Helmut Schmidt (1974-1982), puis le chrétien-démocrate Helmut Kohl. D'une fidélité atlantique inconditionnelle, pôle de réussite économique (le pays était alors le premier exportateur mondial) et de stabilité monétaire, la RFA devint dès son commencement l'un des piliers de la construction européenne. C'est dans la CEE que s'effectua l'unification de l'Allemagne après la décomposition du bloc de l'Est en 1989. La RDA devint ainsi, le 3 octobre 1990, partie intégrante de la RFA, et Helmut Kohl, le premier chancelier de l'Allemagne réunie. Les corrélats Adenauer Konrad Baader Andreas Berlin - L'histoire de Berlin Bonn Brandt (Karl Herbert Frahm, dit Willy) Brentano (Heinrich von) CDU (Christlich-Demokratische Union) CEE deutschemark Est (pays de l') Heinemann Gustav Heuss Theodor Honecker Erich Kohl Helmut Londres - L'histoire de la ville - Un haut lieu de la diplomatie Lübke Heinrich Marshall George Catlett Oder Ostpolitik Pieck Wilhelm rideau de fer Scheel Walter Schmidt Helmut Stoph Willi Ulbricht Walter URSS - Histoire - Du pacte germano-soviétique à la guerre froide Weizsäcker (Richard, baron von) L'Allemagne unie. Si la réunification de l'Allemagne, événement majeur de l'après-guerre parachevé par l'adoption, dès 1991, de Berlin comme capitale d'État, a couronné l'opiniâtreté du chancelier Kohl et, en repoussant vers l'est les frontières de la CEE, a placé son pays dans une position susceptible de favoriser l'intégration d'autres États de l'Europe orientale, elle a aussi eu un coût. Dans les Länder de l'ex-RDA, de larges pans de l'économie étaient à restructurer, et les entreprises, tant industrielles qu'agricoles, étaient à adapter à la fois aux lois du marché et à la réglementation communautaire. En outre, la généralisation à tous les habitants de l'Est des prestations sociales versées aux Allemands de l'Ouest, alors même que, parmi les premiers, un salarié sur trois était sans emploi, a ébranlé les structures de l'État-providence allemand et provoqué une montée des mécontentements. La coalition gouvernementale menée par Helmut Kohl n'en a pas moins été reconduite au lendemain des élections législatives de 1994, et le chancelier a pu entamer un quatrième mandat. À la veille de l'adoption de la monnaie unique européenne, la puissance économique de l'Allemagne s'avère déterminante. Les corrélats Berlin - L'histoire de Berlin CEE - Du Marché commun au Marché unique De Maizière Lothar Kohl Helmut Weizsäcker (Richard, baron von) Les livres Kohl Helmut, page 2755, volume 5 syndicalisme - grève d'avertissement d'IG Metall en Allemagne, en 1992, page 4995, volume 9 Les livres Allemagne Allemagne Allemagne volume 1 Allemagne - Walter Ulbricht et Leonid Brejnev en 1969, page 158, volume 1 - défilé des Verts en RFA, page 159, volume 1 - ouverture du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, page 159, - Helmut Kohl au congrès de la CDU de 1995, page 159, volume 1 Les corrélats Arminius Électeur espace vital Hambourg Hanovre Palatinat Prusse Reich Rhin social-démocratie Les médias Allemagne - souverains et chefs d'État Arts Architecture Si l'architecture allemande fut influencée par les modèles étrangers jusqu'au début du XXe siècle, une spécificité germanique s'est cependant dégagée. À l'époque carolingienne (VIIIe -Xe siècle), on remarque l'influence très nette de l'Antiquité et de Byzance. Les empereurs de l'époque construisirent, outre les édifices religieux, des palais et des résidences, renouant ainsi avec la tradition antique. La disposition de ces palais obéissait à leur fonction d'habitation, de représentation, d'administration ou de culte. Parmi les nombreux palais que fit construire Charlemagne, les plus remarquables sont ceux d'Ingelheim, de Nimègue et surtout d'Aix-la-Chapelle (chapelle Palatine). Mêlant l'héritage carolingien et l'influence byzantine, l'art ottonien (Xe -XIe siècle) manifeste une grande originalité dans le jeu des volumes intérieurs et extérieurs : Saint-Michel de Hildesheim en Basse-Saxe (1033), église Saint-Barthélemy de Paderborn (1017). Les corrélats Aix-la-Chapelle Nimègue Les livres Aix-la-Chapelle - vue en coupe de la cathédrale, page 112, volume 1 Les influences française et italienne. L'architecture romane germanique s'est surtout développée dans la région rhénomosane, du XIe au XIIIe siècle. Elle se caractérise par la persistance des traditions carolingiennes (cathédrales de Worms, Mayence, Spire, Bonn, abbatiale de MariaLaach). Le gothique allemand intégra également l'influence française, tout en s'en distinguant par de nombreuses originalités, parmi lesquelles la construction des églises-halles (cathédrales de Paderborn, Münster, Minden et Osnabrück). L'architecture baroque fleurit à partir du milieu du XVIIe siècle. Andreas Schlüter reconstruisit le château de Berlin dans le style sévère des palais romains. À la fin de cette période, la décoration devint plus riche sous l'influence des architectes italiens Borromini et Guarini. Les plus grands architectes allemands furent alors Balthasar Neumann (résidence des ducs-évêques à Würzburg, abbaye du Pèlerinage de Vierzehnheiligen) et les frères Asam (église de Saint-Jean-Népomucène à Munich). En réalisant le Zwinger et le palais japonais de Dresde, Daniel Pöppelmann anticipa hardiment sur le rococo français. C'est au milieu du XVIIIe siècle que le rococo s'imposa à la cour des princes allemands, surtout dans la décoration intérieure ; en architecture, on conserva les façades richement décorées de la fin du baroque. Le principal monument de cette période est le château de Sans-Souci, construit par Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff pour Frédéric II. Les corrélats Bonn Borromini (Francesco Castelli, dit Francesco) Dresde Guarini Guarino Knobelsdorff (Georg Wenzeslaus von) Mayence Munich Münster Osnabrück Pöppelmann Matthäus Daniel Sans-Souci (château de) Schlüter Andreas Spire W orms Würzburg Zimmermann Dominikus Zwinger Les livres Stuttgart, page 4912, volume 9 XIXe et XXe siècles. Le plus éminent représentant du néoclassicisme en architecture, au XIXe siècle, est Karl Friedrich Schinkel, auteur du Schauspielhaus et de l'Altes Museum de Berlin (1822). Entre 1890 et 1910 apparut le Jugendstil, ou « Art nouveau «. Vers 1920, Walter Gropius et le Bauhaus, dont il était directeur, introduisirent en Allemagne l'art fonctionnel, qui se manifesta, en particulier, dans de vastes immeubles d'habitation à Dessau, à Stuttgart, à Karlsruhe et à Berlin. Parmi les grandes figures du Bauhaus et du fonctionnalisme, il faut citer Mies van der Rohe et Peter Behrens. La reconstruction, entreprise à partir de 1950, s'efforça de conserver aux centres des vieilles villes leur plan primitif et d'adapter les immeubles modernes à leur cadre ancien. Cependant, des villes comme Hanovre, Francfort-sur-le-Main, certains quartiers de Berlin et de Hambourg ont été reconstruits sur des données purement fonctionnelles. Beaucoup de monuments de grande valeur historique ou esthétique, comme le Zwinger de Dresde, ont été habilement restaurés ou reconstitués. Les corrélats Bauhaus Behrens Peter Berlin - Une ville prestigieuse - Introduction Dessau Eiermann Egon Francfort-sur-le-Main Gropius Walter Hambourg Hanovre Jugendstil Karlsruhe Mendelsohn Erich Mies van der Rohe Ludwig Otto Frei Scharoun Hans Schinkel Karl Friedrich Speer Albert Stuttgart Taut Bruno Tessenow Heinrich Werkbund (Deutscher) Les livres Trèves, page 5273, volume 10 Beaux-arts Déjà, au VIIIe siècle, des miniatures représentant des scènes de l'Écriture sainte ornaient les parchemins. Du IXe au XIe siècle, ces enluminures subirent l'influence de l'art byzantin. Par ailleurs, une peinture de fresques se développa dans les églises des bords du Rhin aux XIIIe et XIVe siècles. L'art allemand acquit alors des traits spécifiques, en dépit des influences successives qui s'exercèrent sur lui. Moyen Âge et Renaissance. Cologne, déjà capitale religieuse, devint, de 1350 à 1400, une capitale artistique. Les moyens d'expression évoluèrent : les fresques furent remplacées par des tableaux, et des triptyques décorèrent les autels. La gravure sur bois supplanta l'enluminure. Dans la première moitié du XV e siècle, l'influence de l'art flamand fit perdre de son prestige à l'école de Cologne, au profit d'Augsbourg avec Holbein le Vieux, de Colmar avec le remarquable graveur Schongauer, et de Nuremberg avec Wolgemut. Chacun de ces artistes s'inspira du réalisme flamand tout en lui insufflant sa ferveur et ses propres passions. Ce mélange de précision dans la représentation du monde extérieur et d'émotion intérieure dans l'utilisation des coloris peut être considéré comme l'un des traits les plus distinctifs de l'art allemand à partir de cette époque. C'est grâce à Dürer, l'un des élèves de Wolgemut, que Nuremberg devint un centre artistique hors pair : Albrecht Dürer est en Allemagne le génie de la Renaissance. Au début du XVIe siècle, après avoir voyagé en Italie et s'être pénétré de l'art italien, il fut reconnu comme l'un des plus grands artistes européens. Il a marqué la génération des artistes allemands qui lui étaient contemporains, notamment Mathias Grünewald, Hans Baldung Grien, Albrecht Altdorfer et Holbein le Jeune, par la perfection technique de ses gravures sur bois et sur cuivre, de ses dessins à la plume, de ses eaux-fortes. Ses études théoriques ont joué aussi un rôle considérable : l'Instruction sur la manière de mesurer ( 1525), manuel posant en principe que la géométrie est le fondement de toute peinture, premier ouvrage dans les pays du Nord à aborder de manière scientifique la représentation graphique, et les Quatre Livres des proportions du corps humain (1528). Les corrélats Altdorfer Albrecht Augsbourg Baldung Hans, surnommé Grien Colmar Cologne Cranach Lucas Dürer Albrecht Elsheimer Adam Erhart Gregor Francke (Maître) Grünewald (Mathis Gothart ou Nithart, dit Matthias) Holbein - Holbein (Hans, dit l'Ancien) Holbein - Holbein (Hans, dit le Jeune) Notke Bernt Nuremberg Riemenschneider Tilman Schongauer Martin Vischer Peter Du classicisme au romantisme. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce furent les imitations académiques de l'Italie et de la France qui prédominèrent. Un néoclassicisme trouva ses fondements dans les écrits de Winckelmann, qui proposa en 1755 une esthétique fondée sur « l'imitation des oeuvres grecques en peinture et en sculpture «. Quelques paysagistes (Daniel Chodowiecki, Jakob Philipp Hackert) et portraitistes (Friedrich August Tischbein) trouvèrent néanmoins dans ce retour au classicisme la possibilité d'exprimer avec talent leur souci de naturel et leur rejet de rapports artificiels avec la nature. Le naturel et le sentiment vrai contre les règles furent ensuite défendus à travers un mouvement essentiellement littéraire et influencé par Jean-Jacques Rousseau, le Sturm und Drang (« Tempête et passion «). Ses principaux représentants, qui s'exprimaient par des dessins, des aquarelles, des eaux-fortes, sont Friedrich Müller et Ferdinand Kobell. À partir de 1805, l'art allemand (peinture et dessin avant tout) revint en force sur le devant de la scène européenne. Plusieurs peintres s'établirent pour quelques années à Rome et renouèrent avec la fresque murale d'inspiration religieuse : comme ils portaient des cheveux longs et ressemblaient au Christ, les Italiens leur donnèrent par dérision le nom de Nazaréens (Friedrich Overbeck, Peter Cornelius). D'autre part, toute une peinture de paysage s'épanouit grâce à de puissantes individualités, qui, sans en avoir revendiqué l'appartenance, ont été rattachées au romantisme. Pour ces peintres, la nature est l'occasion de retrouver le souffle de la création divine ou de projeter sur elle leurs tourments intérieurs. Les plus célèbres d'entre eux sont Philipp Otto Runge, Caspar David Friedrich, Carl Blechen. Les corrélats Cornelius Peter Dannecker (Johann Heinrich von) Friedrich Caspar David Mengs Anton Raphael nazaréens - 2.BEAUX-ARTS Overbeck Johann Friedrich Permoser Balthasar romantisme - Peinture - En Allemagne Runge Philipp Otto Sturm und Drang Winckelmann Johann Joachim Winterhalter Franz Xaver Un art intégré aux mouvements européens. Désormais, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Hitler en 1933, l'art allemand s'intégra avec régularité à la succession des courants qui traversaient l'Europe, tout en conservant des formes spécifiques. Ainsi, jusqu'au tournant du siècle et un peu audelà, il exista un réalisme (Adolf Menzel), un impressionnisme (Max Liebermann), un Art nouveau (le Jugendstil) en l'occurrence allemands. Puis, avec le groupe Die Brücke (le Pont) à Dresde en 1905, autour d'Ernst Ludwig Kirchner, et Der Blaue Reiter (le Cavalier bleu) à Munich en 1912, autour de Wassili Kandinsky et Franz Marc, c'est la peinture moderne qui apparut, au sens où elle n'eut plus pour but de copier le réel. Réaction contre l'impressionnisme, le mouvement qui résulta de cette position de principe a été appelé expressionnisme. En dehors de la prépondérance de la subjectivité se mêlent en lui des éléments qui proviennent du fauvisme, du futurisme italien et du cubisme. Au lendemain de la Première Guerre mondiale se manifesta, comme en France, le dadaïsme avec Georg Grosz et John Heartfield, inventeur du photomontage. À partir de 1925 environ, un retour à l'ordre fut perceptible en Allemagne comme dans toute l'Europe. Mais en Allemagne, il prit, sous les appellations vagues de « nouvelle objectivité «, de Vérisme, de Réalisme magique, la voie d'une mise à nu extrêmement violente, caustique, grotesque, de la réalité sociale (Max Beckmann, Otto Dix, Karl Hubbuch). Le constructivisme et l'art géométrique furent aussi très présents dans l'art allemand de l'époque (Willi Baumeister). C'est seulement sous le III e Reich que cette intégration des artistes allemands dans l'évolution de l'art moderne européen fut brisée. Les nazis procédèrent à la mise à l'écart, voire à la destruction, des oeuvres qu'ils qualifiaient de « juives «, « enjuivées « ou « bolcheviques «, et qui, tout simplement, comme les tableaux de Paul Klee, n'étaient pas fidèles à une plate reproduction de la réalité. Ils préconisaient un art facile à comprendre et adapté à leur « vision du monde «, notamment à leurs conceptions racistes. Les corrélats Barlach Ernst Baumeister Willi Beckmann Max Bissier Julius Blaue Reiter (Der) Breker Arno Brücke (Die) Corinth Lovis dada Dix Otto Dresde Freundlich Otto Grosz Georg Heartfield (Helmut Herzfelde, dit John) Hildebrand (Adolf von) Jawlensky Alexeï von Jugendstil Kandinsky Wassili Kirchner Ernst Ludwig Klee Paul Liebermann Max Macke August Marc Franz Menzel (Adolf von) Munich Nolde (Emil Hansen, dit Emil) nouvelle objectivité Schlemmer Oskar Schmidt-Rottluff (Karl Schmidt, dit Karl) Schwitters Kurt Stuck (Franz von) Wols (Otto Alfred Schultze-Battmann, dit) Les livres expressionnisme - Oskar Kokoschka, affiche la Pietà (1908), page 1851, volume 4 expressionnisme - Ludwig Meidner, Moi et la ville (1913), page 1851, volume 4 expressionnisme - Max Beckmann, la Nuit (1919), détail, page 1850, volume 4 expressionnisme - Max Beckmann, la Nuit (1919), page 1852, volume 4 expressionnisme - George Grosz, les Piliers de la société (1926), page 1852, volume 4 Deux Allemagnes et deux creusets artistiques de 1949 à 1990. Après 1945, l'art allemand, tout en renouant avec les tendances des années vingt et trente, participa aux courants internationaux les plus actuels. Mais les deux Allemagnes ayant existé de 1949 à 1990 ont manifesté chacune leur spécificité. En RFA, ce sont plutôt l'abstraction, l'anticonformisme et la remise en cause des critères esthétiques traditionnels, avec Beuys, Vostell et Kiefer, qui ont très vite dominé. Si un courant de réalisme critique est apparu autour de Wolfgang Petrick, Peter Sorge et Klaus Staeck, il s'est trouvé plus ou moins marginalisé. En RDA, à l'inverse, l'art de recherche pure a été isolé et censuré jusqu'à la fin des années soixante au moins, au profit d'un art d'abord platement réaliste, rendant compte de la vie ouvrière, puis diversement figuratif. Un développement assez original de l'illustration, de la gravure sur bois et, en peinture, du portrait (Bernhard Heisig, Willi Sitte) s'en est d'ailleurs trouvé favorisé. Toutefois, l'émergence d'un néoexpressionnisme autour de 1980 a permis des échanges et un rapprochement entre certains artistes des deux Allemagnes, peu avant la réunification. Les corrélats Baselitz (Georg Kern, dit Georg) Beuys Joseph Documenta Kiefer Anselm Les livres Allemagne - la princesse Uta, détail, page 146, volume 1 Allemagne - Matthias Grünewald, la Tentation de saint Antoine, volet droit du troisième côté du retable d'Issenheim, page 160, volume 1 Allemagne - Albrecht Dürer (1471-1528), le Chevalier et le lansquenet, page 160, volume 1 Allemagne - le retable de sainte Barbe (début du XVe siècle), attribué à Maître Nicolas Francke de Zupten, page 160, volume 1 Allemagne - Caspar David Friedrich, Falaises crayeuses de l'île de Rügen (1818), page 161, volume 1 Allemagne - Emil Nolde (1867-1956), Slovènes, page 162, volume 1 Allemagne - Georg Grosz (1893-1959), Le Cas G, page 162, volume 1 Allemagne - Joseph Beuys (1921-1986), lors de sa rétrospective au musée Guggenheim à New York, page 162, volume 1 Littérature La littérature allemande reflète l'histoire politique du pays qui, morcelé jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle, a subi des influences diverses (françaises notamment) et connu différents centres intellectuels. Elle est donc caractérisée à la fois par une unité linguistique et par la discontinuité des mouvements qui la traversent. Des origines à l'époque baroque. Dès le IVe siècle, une traduction de la Bible parut en langue gothique. Sous le règne de Charlemagne, des récits bibliques ou de grands textes comme les Charmes de Mersebourg ou Heliand virent le jour. Mais ce n'est que vers le XIIIe siècle que la littérature allemande prit vraiment son essor avec les grandes épopées nationales comme Kudrun ou la Chanson des Nibelungen, dont les thèmes exercèrent une influence considérable sur toute la littérature et la pensée allemandes. C'est aussi l'époque de l'épopée courtoise et du lyrisme courtois, ou Minnesang. Les oeuvres de Hartmann von Aue (Erec), de Wolfram von Eschenbach (Parzifal) ou du chantre Walther von der Vogelweide sont parmi les plus connues. À la fin du Moyen Âge, le nouveau contexte social favorisa le développement des chansons populaires. Apparurent également un lyrisme plus formel, le Meistersang, et des écrits mystiques comme ceux de Maître Eckhart. La Renaissance imposa de nouvelles valeurs, les humanistes se tournèrent vers les sources antiques ; mais c'est la Réforme qui resta l'événement majeur. Luther traduisit la Bible en allemand pour la rendre accessible au plus grand nombre, grâce aux progrès de l'imprimerie. Fixant l'allemand moderne, il jeta les bases d'une véritable littérature allemande, alors même que le latin restait le moyen d'expression privilégié de la science et de la pensée. Des textes polémiques et didactiques connurent à cette époque une grande diffusion : parmi les auteurs les plus célèbres figurent Hans Sachs et Sebastian Brant. Pendant la période troublée du XVIIe siècle (guerre de Trente Ans), la nécessité de doter l'Allemagne d'une grande littérature de langue allemande se fit sentir. Opitz, théoricien de la poésie, publia son Livre de la poésie allemande, et, surtout, Grimmelshausen, avec son roman picaresque la Vie de l'aventurier Simplicius Simplicissimus (1669), offrit une peinture saisissante de l'époque baroque. Les corrélats allemand Brant Sebastian Eckhart Johannes Grimmelshausen (Hans Jakob Christoffel von) Hartmann von Aue Heinrich von Morungen Luther Martin minnesänger Nibelungen (Chant des) Opitz Martin Sachs Hans Walther von der Vogelweide Wolfram von Eschenbach Classicisme et romantisme. La philosophie des Lumières toucha l'Allemagne et, au XVIIIe siècle, le classicisme triompha, avec Goethe et Schiller. Les oeuvres de Gottsched, sans spontanéité, voulurent imiter les modèles français. Mais c'est Lessing, rationaliste convaincu, qui incarna le mieux l'esprit des Lumières en se faisant l'apôtre de la tolérance et en exprimant sa foi en l'homme. Winckelmann, en se référant à un esthétisme néohellénique, exerça une grande influence dans les domaines littéraire et artistique. Klopstock sut trouver un langage nouveau et son lyrisme suscita l'enthousiasme de ses contemporains. Il influença la génération du Sturm und Drang. Ce mouvement, que l'on situe entre 1770 et 1785, est caractérisé par la violence des passions, et prône la supériorité de la sensibilité sur la raison ; il est parfois assimilé au préromantisme. Les oeuvres de jeunesse de Goethe (les Souffrances du jeune Werther) et de Schiller (les Brigands) en sont tout à fait représentatives. Cependant, quelques années plus tard, ces deux auteurs et amis commencèrent à faire figure de grands classiques et, dans leurs oeuvres de maturité, le sentiment et la raison devaient se réconcilier. La notion de classicisme paraît d'ailleurs trop réductrice pour rendre compte d'une oeuvre aussi vaste et aussi variée que celle de ces deux auteurs. Très inspiré par le classicisme, Hölderlin célébra la Grèce antique. Mais, déjà, le mouvement romantique se manifestait sous diverses formes. Un premier cénacle se constitua à Iéna avec Novalis, Schlegel, Tieck, Schelling et Fichte, tandis que Arnim, Brentano, les frères Grimm avaient leur point d'attache à Heidelberg. Berlin était le troisième centre avec Kleist, Hoffmann, Chamisso. Plus théoriciens, les romantiques d'Iéna se préoccupèrent de reconstruire le monde pendant que ceux de Heidelberg et de Berlin, plus créateurs, apportaient à la littérature allemande des oeuvres très populaires, inspirées de la tradition ou du folklore. Loin d'être coupés de la réalité, les romantiques commencèrent à valoriser la culture germanique. Un peu en marge des centres intellectuels, mais dans le courant romantique, il faut citer Jean-Paul, dont les oeuvres évoquent un univers de rêve et de magie. Les corrélats Arnim (Ludwig Joachim, dit Achim von) Berlin - L'histoire de Berlin Brentano Clemens Chamisso (Louis Charles Adélaïde de Chamisso de Boncourt, dit Adelbert von) Fichte Johann Gottlieb Goethe (Johann Wolfgang von) Grimm (frères) Heidelberg Hoffmann Ernst Theodor Wilhelm Hölderlin Friedrich Iéna Jean-Paul (Johann Paul Friedrich Richter, dit) Kleist (Heinrich von) Klopstock Friedrich Gottlieb Lessing Gotthold Ephraim Novalis (Friedrich Leopold von Hardenberg, dit) romantisme - Littérature - En Allemagne Schelling (Friedrich Wilhelm Joseph von) Schiller (Friedrich von) Schlegel (von) - Schlegel (August Wilhelm von) Schlegel (von) - Schlegel (Friedrich von) Sturm und Drang Tieck Ludwig Voss Johann Heinrich Werther Winckelmann Johann Joachim XIXe et XXe siècles. Avec le Biedermeier, courant littéraire qui précède la révolution de 1848, et en réaction contre les années perturbées du début du XIXe siècle, un romantisme idyllique et petit-bourgeois s'imposa en Allemagne avec notamment Mörike et Annette von Droste-Hülshoff. Mais, en réponse à certaines tendances conservatrices de cette époque, des écrivains engagés se retrouvèrent, entre 1830 et 1848, dans le mouvement politique et littéraire de la « Jeune Allemagne «. Ses plus célèbres représentants sont Ludwig Börne et Heinrich Heine. Celui-ci laissa une oeuvre originale, parfois provocatrice, pleine de nostalgie et d'ironie. Il fait figure de révolté comme Büchner dont l'oeuvre, surtout dramatique, exprime son pessimisme à l'égard de la condition humaine. La fin de siècle fut surtout marquée par l'apport important de la littérature autrichienne et par la philosophie de Nietzsche. Influencé par les symbolistes français, Stefan George insuffla une vigueur nouvelle à la poésie. La littérature allemande prit un tournant moderniste avec les romans réalistes de Fontane. Mais c'est dans la première moitié du XXe siècle que le roman allemand connut son âge d'or, notamment avec Heinrich et Thomas Mann. Leurs oeuvres, profondément enracinées dans la tradition allemande, sont aussi une réflexion sur l'homme et sa destinée. Hermann Hesse, Jakob Wassermann se situent dans cette même tradition humaniste. Le théâtre, dominé par l'école naturaliste, connut un grand succès avec Hauptmann alors que les pièces de Wedekind annonçaient déjà l'expressionnisme. Ce sont Johannes Becher, Georg Heym, Alfred Döblin mais aussi Ernst Toller, Carl Sternheim, Georg Kaiser qui, parmi d'autres, portèrent l'expressionnisme à sa perfection. Le IIIe Reich n'épargna pas les écrivains et beaucoup furent contraints à l'exil. La littérature officielle d'alors ne laissa pas de chefs-d'oeuvre. Ceux qui ne quittèrent pas l'Allemagne se réfugièrent dans une « émigration intérieure «, comme Ernst Jünger ou Ernst Wiechert. Les corrélats Becher Johannes Robert Büchner Georg Döblin Alfred Fontane Theodor George Stefan Hauptmann Gerhart Heine Heinrich Hesse Hermann Jahnn Hans Henny Jünger Ernst Kaiser Georg Mann Heinrich Mann Thomas Mörike Eduard Nietzsche Friedrich Raabe Wilhelm Sieburg Friedrich Sternheim Carl Storm Theodor Toller Ernst Valentin (Fey Valentin Ludwig, dit Karl) Wassermann Jakob Wedekind Frank Wiechert Ernst Zweig Arnold Les livres expressionnisme - Der Sturm, page 1850, volume 4 expressionnisme - Die Aktion, page 1850, volume 4 Après l'année zéro. Après 1945, les douleurs de la guerre et le désarroi général s'exprimèrent en RFA dans une littérature de témoignage, comme le montre l'oeuvre de Wolfgang Borchert. Nombre de romanciers affirmèrent leur refus de toute idéologie et prirent parti contre la bonne conscience ou l'apathie devant un passé à ne pas oublier. Ainsi se créa le Groupe 47, avec en particulier Alfred Andersch. Uwe Johnson, Heinrich Böll, Martin Walser, Marie Luise Kaschnitz, Arno Schmidt, Günter Grass s'imposèrent avec leurs oeuvres romanesques. Les travaux de Helmuth Heissenbüttel sur la langue rappellent ceux de l'Oulipo, tandis que la veine de Gabriele Wohmann reste plus classique. Le théâtre, très souvent militant et engagé, connut un grand essor avec Carl Zuckmayer, Rolf Hochhuth, Martin Walser, Peter Weiss. La fin des années soixante coïncida avec la montée du terrorisme et des révoltes. Les thèmes de la recherche du père, les problèmes de conscience devant un passé difficile à assumer ou encore le mal-être dominent les oeuvres de Peter Schneider, Christoph Meckel, Horst Bienek, Botho Strauss. La RFA s'appropria également les auteurs autrichiens (Peter Handke, Thomas Bernhard) et ceux de la RDA (Christa Wolf, Stephan Hermlin). En RDA, la littérature fut marquée par le réalisme socialiste. Les oeuvres de Johannes Becher, de Bertolt Brecht et d'Anna Seghers se distinguent par leur engagement pour la cause révolutionnaire. Les théories théâtrales de Bertolt Brecht et son engagement influencèrent toute une génération de jeunes écrivains et metteurs en scène en Allemagne et dans les autres pays. Johannes Bobrowski pose le problème de la conscience allemande et de son passé. La première conférence de Bitterfeld, en 1959, assigna aux écrivains la tâche de décrire le monde ouvrier et paysan et ses conflits. Certains romans d'Erwin Strittmatter, d'Erik Neutsch illustrent bien cette démarche. Très populaires, Hermann Kant, Günter de Bruyn tournent en dérision les travers de leurs concitoyens. À la fin des années soixante, une tendance nouvelle, tournée vers l'introspection, se développa. Ainsi, les derniers romans de Christa Wolf, Christoph Hein, Helga Königsdorf privilégient la mémoire individuelle et l'interprétation subjective des événements. La prose et la poésie de Volker Braun ou de Reiner Kunze ont suivi la même voie, cependant que Heiner Müller (mort en 1995) a conquis les scènes allemandes et étrangères avec un théâtre beaucoup plus audacieux qui s'écarte de tout cadre idéologique. Il en est de même de Thomas Brasch, passé à l'Ouest. Une évolution différente a donc caractérisé les littératures des deux Allemagnes. Mais, déjà, avec la réunification, on peut pressentir que, dans le domaine de la création littéraire aussi, une ère nouvelle commence. Les corrélats Andersch Alfred Becher Johannes Robert Bernhard Thomas Bobrowski Johannes Böll Heinrich Borchert Wolfgang Brecht Bertolt Grass Günter Handke Peter Hein Christoph Johnson Uwe Müller Heiner Rinser Luise Walser Martin Les livres Allemagne - Thomas Mann en 1929, année où il reçut le prix Nobel, page 163, volume 1 Allemagne - Goethe, page 163, volume 1 Musique Les pays allemands, avant le siècle de la Réforme, participèrent, sans originalité fondamentale, aux mouvements littéraires et musicaux de la poésie courtoise. Les Minnesänger (entre les XIIe et XIVe siècles), tels Walther von der Vogelweide (11701230) ou Wolfram von Eschenbach (1170-1216), subirent l'influence des troubadours. Le seul domaine spécifiquement allemand, qu'illustra la corporation des Meistersinger (XIVe -XVIe siècle), est celui, monodique, du lied, devenu vers le milieu du XVIe siècle le Tenorlied polyphonique (avec la mélodie placée au ténor), dont les principaux auteurs sont Adam von Fulda, Hofhaimer et Greiter. La structure simple et la mélodie très apparente rendent l'exécution à plusieurs voix relativement aisée ; la Réforme reprit ce genre pour créer le choral. La mélodie passa alors au soprano (les 50 Lieder und Psalmen de Lucas Osiander, les chorals de Calvisius, Hassler...). Vers la fin du XVIe siècle apparut aussi une musique pour orgue avec prélude et variations de choral : Ammerbach à Leipzig, Bernard Schmid le Vieux à Strasbourg, Jacob Paix à Lauingen sont les précurseurs des organistes du XVIIe siècle et de Bach. Les corrélats Hassler Hans Leo Hofhaimer (Paul von) minnesänger Osiander (Andreas Hosemann, dit Andreas) Walther von der Vogelweide Wolfram von Eschenbach Baroque et classicisme. Le XVIIe siècle valut à l'Allemagne sa première période de gloire. La musique pour orgue et la musique vocale se développèrent, tandis que la musique instrumentale prenait une dimension considérable avec l'introduction du style concertant d'origine italienne. Cependant apparurent des motets, cantates, passions et oratorios où brillèrent Praetorius, Schütz (1585-1672), fortement influencé par la musique italienne, et Buxtehude (1637-1707), qui fascina J.-S. Bach. La musique de chambre et la musique d'orchestre n'acquirent une réelle autonomie qu'aux environs de 1680. C'est alors, en effet, qu'on employa plusieurs instruments par partie (en particulier dans les compositions à cinq voix). Cette transformation s'accomplit principalement dans la suite de danses, création spécifiquement allemande (Schein, Rosenmüller). Quant à la musique de chambre, elle fut surtout cultivée dans la sonate en trio pour deux instruments solistes et basse continue. Cette période, parfois dite baroque, se paracheva dans les deux génies de la musique allemande du XVIIIe siècle, Bach et Haendel. Un siècle après son équivalent en littérature, le classicisme prit forme à Mannheim mais surtout à Vienne ( voir le dossier Autriche) avec Haydn et Mozart. Le style classique musical allemand s'illustra avec Stamitz (symphonies) et Gluck (théâtre lyrique). Les corrélats Autriche - Arts - Musique Bach Johann Sebastian (ou Jean-Sébastien) Buxtehude Dietrich Gluck (Christoph Willibald, chevalier von) Haendel Georg Friedrich Haydn Mozart Wolfgang Amadeus Praetorius Michael Schein Johann Hermann Schütz Heinrich Stamitz - Stamitz Johann Anton Préromantisme et romantisme. Les fils de J.-S. Bach occupent une situation charnière avec ce qu'on a appelé l'Empfindsamkeit (« sensibilité, primauté du sentiment «). Le phénomène marqua ailleurs, aussi, le préromantisme, mais c'est dans les pays germaniques qu'il se manifesta avec le plus d'éclat. Carl Philipp Emanuel Bach est le représentant le plus exact de cet état d'esprit qui, avant les années proprement romantiques du Sturm und Drang, pratiqua la fusion des genres, l'exaltation des musiques populaires et folkloriques, l'expression des obscurités de l'âme. Avec Ludwig van Beethoven, on est à l'orée du romantisme. Avec lui, ce n'est plus « la musique qui parle par un homme, c'est un homme qui parle par la musique « (Claude Rostand). Dans cette période d'une fécondité exceptionnelle, tous les genres éclatèrent. La musique de chambre et la musique symphonique atteignirent leurs sommets avec Mendelssohn, Schumann et Brahms. Le lied romantique, de 1820 à 1890, tenta tous les compositeurs : Schumann, Brahms et Hugo Wolf. L'opéra qui, pendant le XVIIIe siècle, était italien, devint allemand avec Weber, Spohr, E.T.A. Hoffmann et, plus tard, Wagner. Les corrélats Bach Johann Sebastian (ou Jean-Sébastien) - Les fils de Bach Beethoven (Ludwig van) Brahms Johannes Hoffmann Ernst Theodor Wilhelm lied Mendelssohn-Bartholdy Felix romantisme - Musique - Esthétique Schumann Robert Alexander Spohr Louis Steibelt Daniel Gottlieb Sturm und Drang Vogel Johann Christoph Wagner Richard Wilhelm Weber (Carl Maria von) Wolf Hugo La période moderne. Hindemith est à l'origine du mouvement moderne en Allemagne. Il reprit la tradition de la musique instrumentale de Brahms, mais essaya des formules harmoniques nouvelles. Parmi ses contemporains, Kurt Weill, associé à Bertolt Brecht, connut la gloire dans un genre nouveau, le théâtre lyrique : Mahagonny (1927), l'Opéra de quat'sous (1928). Franz Schreker, Ernst Krenek et Bernd Alois Zimmermann furent marqués par le dodécaphonisme, notamment dans le domaine lyrique. Quant à Richard Strauss (dont la carrière fut longtemps autrichienne), l'avant-gardisme de ses débuts fit bientôt place à un néoclassicisme qui le situe hors des écoles. La vie musicale, anéantie par la guerre, refit son apparition dans les années cinquante en RFA, grâce à l'activité des stations de radio : Munich, Baden-Baden, Hambourg et surtout Cologne qui, avec Milan, devint le centre de la création électroacoustique, attirant les musiciens allemands et étrangers (Boulez, Nono, Ligeti, Kagel). Elle reprit aussi autour des principales scènes lyriques (Rolf Liebermann dirigea celle de Hambourg pendant quatorze ans) et renouvela la tradition allemande de l'opéra avec Bernd Alois Zimmermann (Die Soldaten , 1958-1960) ou Giselher Klebe, et surtout Hans Werner Henze, qui opéra la synthèse de tous les styles du XX e siècle. Après une prépondérance quasi hégémonique du dodécaphonisme et du sérialisme, les années soixante furent marquées par le développement des techniques aléatoires et expérimentales (Dieter Schnebel, dans le domaine de l'exploration des ressources vocales), puis par un retour à l'expressionnisme ( neue Emotionalität ) et aux aspects corporels et émotionnels de la production du son. Stockhausen a parcouru l'ensemble de cet itinéraire de la musique allemande ; H.F. Lachenmann, Aribert Reimann ou Rolf Gehlhaar la caractérisent depuis. Cependant, en RDA, Hanns Eisler et Paul Dessau insufflaient à l'art lyrique la conception brechtienne, tandis qu'une jeune génération manifestait son désir de modernité (Tilo Medek ou Hans-Karsten Raecke). Les corrélats Boulez Pierre Brecht Bertolt Cologne Eisler Hanns électroacoustique - 2.MUSIQUE Henze Hans Werner Hindemith Paul Kagel Mauricio Krenek Ernst Liebermann Rolf Ligeti György Nono Luigi Opéra de quat'sous (l') [Die Dreigroschenoper] Sauer (Emil von) Schillings (Max von) Schreker Franz Stockhausen Karlheinz Strauss Richard Georg Weill Kurt Zimmermann Bernd Alois Les livres Allemagne - Ludwig van Beethoven, page 164, volume 1 Allemagne - Johann Sebastian Bach, page 164, volume 1 Cinéma C'est le Cabinet du docteur Caligari qui révéla, en 1919, le cinéma allemand. Ce film de Robert Wiene, à grand renfort de déformations stylistiques et de surcharges décoratives, charriait toutes les obsessions du romantisme germanique. Il lança la vogue de l'expressionnisme, courant venu de la peinture et dont les plus illustres représentants à l'écran furent Murnau et Fritz Lang ; tandis que le premier visait une transposition poétique de la réalité, le second édifiait d'amples reconstitutions allégoriques ou symboliques. En marge de cette école se trouvaient les Kammerspielfilme, sorte de « cinéma de chambre « à vocation psychologique et intimiste (la Nuit de la Saint-Sylvestre, 1924, de Lupu-Pick ; Variétés, 1925, de E.A. Dupont). À partir de 1925, une réaction se dessina en faveur d'une « nouvelle objectivité «, soucieuse de réalisme social : son chef de file fut Georg Wilhelm Pabst, avec la Rue sans joie (1925), Loulou (1928) et le fameux Opéra de quat'sous (1930). Cette tendance alla jusqu'au tableau documentaire (Berlin, symphonie d'une grande ville, 1927, de Walter Ruttmann) et au pamphlet politique (Telle est la vie, 1929, de Carl Junghans ; Ventres glacés, 1932, de Slatan Dudow). Le climat social s'alourdit ; avec l'érotisme sulfureux de l'Ange bleu (Josef von Sternberg, 1930), une époque s'achevait. L'avènement du national-socialisme tarit cette inspiration et provoqua l'exil de nombreux créateurs. Le régime nazi trouva pourtant son chantre officiel en la personne de Leni Riefenstahl (le T riomphe de la volonté , 1935). On peut également citer Hans Steinhoff (le Jeune Hitlérien, 1933) et Veit Harlan, auteur du Juif Süss (1940), violemment antisémite. Après la guerre, l'art allemand a été englouti, paradoxalement, dans la richesse économique. Il faut attendre le « manifeste d'Oberhausen « (1962) pour que de nouveaux talents voient le jour : Peter Fleischmann, Alexander Kluge... Dans les deux dernières décennies se sont affirmés Werner Herzog ( Aguirre, la colère de Dieu, 1972), Hans Jurgen Syberberg (Hitler, un film d'Allemagne, 1977), Volker Schlöndorff (le Tambour, 1979), Rainer Werner Fassbinder ( le Mariage de Maria Braun, 1978), Margarethe von Trotta ( les Années de plomb , 1981), Edgar Reitz ( Heimat, 1984) et Wim Wenders ( les Ailes du désir , 1987). Mais, faute d'une infrastructure économique à leur mesure - salles et spectateurs, en nombre insuffisant, n'offrant qu'un médiocre débouché à la production locale -, ces authentiques créateurs ont dû, pour la plupart, rechercher des capitaux étrangers et poursuivre leur oeuvre hors des frontières allemandes. Les corrélats Ailes du désir (les) Ange bleu (l') Dupont Ewald Andre Fassbinder Rainer Werner Herzog (Werner Stipetic, dit Werner) Kammerspiel Lang Fritz Murnau (Friedrich Wilhelm Plumpe, dit Friedrich) Pabst Georg Wilhelm Riefenstahl (Helene Berta Amalie, dite Leni) Schlöndorff Volker Sternberg (Jonas, dit Josef von) Syberberg Hans Jürgen Wenders (Wilhelm, dit Wim) Wiene Robert Les livres Allemagne - Nosferatu le Vampire, page 165, volume 1 Allemagne - le Mariage de Maria Braun, page 165, volume 1 Allemagne - les Ailes du désir, page 165, volume 1 expressionnisme - Robert Wiene, le Cabinet du docteur Caligari (1919), page 1853, volume 4 Les corrélats fantastique Fassbinder Rainer Werner Les corrélats Europe Les médias Allemagne - tableau en bref Allemagne - carte physique Allemagne - carte politique Allemagne - tableau en chiffres Europe - carte politique Les indications bibliographiques S. Berstein et P. Milza, l'Allemagne (1870-1991), Masson, Paris, 1992. A.-M. Le Gloannec (sous la direction de), l'État de l'Allemagne, La Découverte, Paris, 1995. T. Nipperdey, Réflexions sur l'histoire allemande, Gallimard, Paris, 1992. J. Rovan, Histoire de l'Allemagne, des origines à nos jours, Seuil, Paris, 1994. R. Schneider, Histoire du cinéma allemand, Le Cerf, Paris, 1990. D. Vernet, la Renaissance allemande, Flammarion, Paris, 1992.
allemagne

« Les corrélats Bavière Berlin Danube Elbe Erzgebirge Hambourg Harz Hunsrück Lüneburg Munich Oder rhénan (Massif schisteux) Rhin Thuringe Weser Les livres Sarre, page 4633, volume 9 Allemagne - paysage des Alpes bavaroises, page 146, volume 1 Allemagne - les landes de Lüneburg, en Basse-Saxe, page 147, volume 1 Allemagne - la Moselle à hauteur de Bremm, en Rhénanie-Palatinat, page 147, volume 1 Allemagne - la forêt de Thuringe, dans le Land du même nom, page 147, volume 1 Allemagne - le Rhin aux environs de Bacharach, page 147, volume 1 Europe - le Rhin en Allemagne, dans la région de Coblence, page 1799, volume 4 Les aspects humains Le peuplement de l'Allemagne a connu une forte empreinte romaine à l'ouest du Rhin et jusqu'au Main, avant la germanisation du pays au V e siècle par diverses ethnies (Alamans, Francs, Bajuvares, Goths).

À partir du IX e siècle et jusqu'au XV e siècle, la pression démographique a favorisé la colonisation agraire et urbaine (fondation de Königsberg) de territoires de l'Europe centrale et orientale.

De forts noyaux de populations germaniques y firent souche.

Au XIX e siècle, l'essor industriel de l'Allemagne (Ruhr, Silésie) suscita un afflux de travailleurs étrangers, notamment polonais.

Après 1945, l'Allemagne occidentale a enregistré une forte poussée démographique (50 millions d'habitants en 1951 contre 42 millions en 1939) en raison de l'arrivée massive de ressortissants des territoires perdus par l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale (soit 9 millions d'expulsés) et de l'exode des réfugiés d'Allemagne de l'Est (4 millions).

L'intégration réussie de ces masses dans la société allemande est une des composantes du « miracle » de l'après-guerre.

La RDA, en revanche, a connu une chute démographique après-guerre, la population tombant de 19 millions en 1947 à 17 en 1970, par suite de la dénatalité et de l'exode touchant surtout la main-d'œuvre qualifiée.

Pour enrayer les départs qui s'accélérèrent après le soulèvement de Berlin (1953), la RDA érigea le mur de Berlin (13 août 1961) et ferma ses frontières.

Jugulée momentanément, la fuite vers l'Ouest reprit en 1984, puis s'enfla à partir de 1988 ( via la Hongrie) à mesure que l'effondrement économique de la RDA, les difficultés de l'URSS et le renouveau du mouvement démocratique minaient le pouvoir communiste.

Il s'y ajouta un flot montant d'expatriés de souche allemande, originaires de Pologne, Roumanie, URSS.

Au total, plus de 1,2 million d'immigrants et d'expatriés se sont installés en Allemagne occidentale de 1986 à 1990, et près de 2 millions sont attendus d'ici à l'an 2000.

Cet afflux compense, en partie, la dénatalité et le vieillissement qui sévissent à l'Ouest, où le taux de fécondité atteint le niveau le plus bas du monde (1,28 enfant par femme), et où, depuis 1972, l'accroissement naturel demeure négatif. Souffrant des mêmes problèmes, la RDA avait mené à partir de 1976 une politique nataliste vigoureuse, efficace (rétablissement de l'excédent naturel, taux de fécondité de 1,74).

L'harmonisation des politiques familiales, dans l'Allemagne unifiée, s'avère une tâche complexe mais indispensable.

Depuis 1961, l'essor économique de la RFA avait suscité un appel à l'immigration étrangère (surtout d'origine turque : 1,5 million), qui se ralentit après 1973 ; environ 4,6 millions d'étrangers vivent en Allemagne.

Le pays est. »

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