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Le masque dérobe le visage, dissimule les traits humains.

Publié le 09/11/2013

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Le masque dérobe le visage, dissimule les traits humains. Celui qui le porte s'évade de l'univers raisonnable et quotidien. Le masque est lié aux rituels qui ouvrent sur d'autres mondes : ceux de l'illusion comme le théâtre, ceux de la transgression comme la fête, ceux du sacré comme une cérémonie initiatique... Il semble que l'homme ne puisse aborder les puissances de l'ombre sans s'en revêtir ; le masque protège contre les forces irrationnelles dont il est aussi le signe. C'est ce qui lui procure son étrange pouvoir de fascination, auquel aucune forme de civilisation n'a échappé. L'usage du masque est sans doute presque aussi vieux que l'humanité. On en trouve, en effet, la trace dans les peintures rupestres préhistoriques et en particulier dans l'art pariétal saharien. On a pu associer son apparition à la sédentarisation des premières activités agricoles. Le masque semble présenter dès l'origine une dimension spirituelle. Les représentations néolithiques reflètent déjà, sous un aspect animal ou humain, des intentions rituelles ou symboliques très diverses, liées sans doute à la chasse, à la mythologie et à la sexualité. Si l'apparence du masque, qui ne se limite pas toujours à la seule dissimulation du visage, varie beaucoup selon les civilisations et les époques, son emploi répond généralement à une triple fonction : cacher, protéger, afficher, et se rapporte à des pratiques universelles. Quelle que soit la société considérée, le masque correspond toujours à un comportement fortement centré sur le groupe social auquel il se rattache. Sa manifestation suggère la personne ou l'esprit qu'il représente. Ses modes de fabrication sont très variés, et sa production fait appel à des matières aussi diverses que le bois, l'argile, le tissu, la vannerie, l'écorce, la peau, le métal, le feuillage, les plumes, les coquillages, le crin, le papier mâché..., rassemblées dans une structure plus ou moins complexe. Formé d'un frontal de cervidé, la coiffe de Star Carr (Grande-Bretagne), qui aurait servi aux chamans à s'assimiler à la divinité, est le plus ancien exemple de masque connu (vers 7500 avant J.-C.). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats rites - Introduction Des origines à l'époque moderne On sait que les Phéniciens faisaient usage de masques aux motifs en terre cuite. L'Égypte pharaonique réservait aux masques un rôle à la fois sacré et funéraire : les masques animaux portés par les prêtres durant les cérémonies religieuses coexistaient avec les masques mortuaires qui reproduisaient fidèlement les traits du visage, et dont les portraits romano-égyptiens perpétuèrent la tradition. À Mycènes, un masque en or martelé recouvrait la face du souverain défunt. De même, les Étrusques utilisaient le masque à des fins funéraires ; les Romains conservèrent cet héritage et vouèrent aux ancêtres, par cet intermédiaire, un culte particulier, tant domestique que public. Ce sont les représentations théâtrales qui ont favorisé le plus largement, dans le temps comme dans l'espace, le développement du masque. Le théâtre grec, dont la naissance est liée au culte de Dionysos (le dieu au masque), suscita une grande variété de formes, dont certaines expressions terrifiantes s'inspiraient de la représentation de la Gorgone, souvent reproduite sur les boucliers. Doté à l'origine d'un sens religieux, le masque grec, imité ensuite par les Romains, se caractérise par une bouche démesurée qui servait à renforcer l'identification du personnage et, sans doute aussi, à amplifier le son de la voix sur les scènes à ciel ouvert. Étant la marque distinctive des acteurs, il personnalisa tous les rôles de la tragédie ou de la comédie antique. Au Moyen Âge, la tradition théâtrale maintint l'emploi du masque pour la célébration des mystères de la foi lors de représentations populaires sur les parvis des églises. La Renaissance raviva en Italie le goût des comédies latines. La mode gagna la France et les pays voisins. Sous l'influence de la commedia dell'arte, le masque théâtral d'aspect burlesque occupa une place essentielle. En Angleterre, aux XVIe et XVIIe siècles, le masque était utilisé dans les divertissements de cour, qui combinaient les ressources de la poésie, du drame et de la danse. En Extrême-Orient, la tradition théâtrale est également à la source d'une production diversifiée de masques. Au Japon, selon un système codé, les masques en bois laqué servent à exprimer les passions mises en scène dans le théâtre n? . Au Tibet ou à Bali, leur polychromie accentue le caractère grotesque ou effrayant des représentations destinées à exorciser les démons. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats commedia dell'arte danse - Introduction Dionysos Mycènes mystères - 2.THÉÂTRE no Phrynichos théâtre - L'Orient : d'autres théâtres théâtre - La Renaissance : renouveau en Angleterre et en Italie théâtre - Un art né en Grèce Les livres Gaule - masque en bronze repoussé, page 2128, volume 4 masque grec tragique datant du IIe siècle, page 3084, volume 6 Mycènes - masque en or dit d'Agamemnon, page 3354, volume 6 Le carnaval En Europe, alors que l'usage du masque dans le théâtre tendait à disparaître à partir du XVIIIe siècle, le plaisir du déguisement perpétua la pratique du masque. Les fêtes joyeuses ont toujours été l'occasion de changer d'apparence pour se libérer de certains interdits. L'Église chrétienne tolérait ces amusements et cherchait à en régulariser le cours pendant le carnaval. La Renaissance italienne appréciait les mascarades publiques, dont la vogue se répandit en France. Au XVIIIe siècle, les bals masqués de l'Opéra, institués par le Régent, connurent un vif succès. C'est à Venise que la magie du carnaval triompha : dès le XVIe siècle, son rayonnement culturel encouragea la multiplication des fêtes publiques ; au XVIIIe siècle, la cité des Doges était la ville la plus gaie d'Europe ; le carnaval la transforma en un gigantesque bal costumé jusqu'à son occupation par Bonaparte, qui y mit fin. L'art du masque n'en resta pas moins une tradition italienne bien vivante, comme l'atteste de nos jours le succès du carnaval de Venise organisé après l'Épiphanie. De même, le carnaval de Nice garde un attrait persistant. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arlequin bal carnaval casino - Un plaisir des élites européennes commedia dell'arte maquillage Nice Opéra de Paris Venise - La Venise moderne Venise - Venise dans l'histoire - De l'apogée de la Renaissance au déclin Les livres masque - la commedia dell'arte, page 3085, volume 6 masque - le masque à Venise, page 3086, volume 6 La tradition du masque hors d'Europe Si, dans le passé, un rôle important fut dévolu au masque en Europe, c'est dans le reste du monde qu'on en découvre aujourd'hui la plus grande variété et qu'il est toujours employé dans les représentations rituelles. On a l'habitude d'associer à l'Afrique le thème du masque. En dépit d'un riche répertoire, sa diffusion à travers le continent n'est pas aussi large que celle de la statuaire. Alors qu'on le rencontre rarement en Afrique australe et orientale (à l'exception des masques-casques makondés), le masque est répandu en Afrique occidentale et centrale, tout en étant moins présent dans les régions fortement islamisées comme le Sénégal. Il est utilisé lors des rites de passage associés à deux cycles traditionnels : le cycle de la vie et le cycle des saisons. Des cérémonies masquées peuvent encore marquer l'investiture d'un roi ou d'un chef. Au cycle de la vie correspondent les moments de l'initiation et de la mort. À l'occasion de l'initiation des adolescents, les danses masquées évoquent les grands événements de la société de nature à renforcer la communauté. Chez les Bagas de Guinée, le masque hybride du type banda, composé des traits du crocodile, de l'antilope et du caméléon, figure un animal mythique originel appartenant aux trois éléments primordiaux : terre, feu et eau ; il représente les mondes opposés et complémentaires d'où sont issus les modes d'organisation sociale. Dès que la cohésion du groupe est menacée, le masque apparaît pour favoriser le retour à l'ordre. Le masque, investi d'une puissance sacrée, renvoie au monde invisible des forces surnaturelles qui détermine le destin de l'homme et qu'il a pour mission de relier au monde réel des vivants. Il est ainsi naturel qu'il exploite toutes les ressources du monde animal. Le culte rendu aux ancêtres vise à apaiser les âmes des défunts, et à permettre à la vie quotidienne de poursuivre son cours. Lors du rituel funéraire mettant en scène les masques géométriques kanaga qui symbolisent la création du monde, les Dogons revivent pleinement leurs croyances. Au Mali, les masques à cimier des danseurs tyiwara développent le thème de l'antilope, symbole de la fertilité agricole. Le masque se présente toujours avec de nombreux accessoires, et ne se conçoit pas sans accompagnement de danse et de musique rythmées, dans une ambiance théâtrale. L'usage du masque n'est pas inconnu en Amérique. Chez les Aztèques, on animait les statues des dieux en y plaçant des masques richement décorés, tels que celui de Quetzalcóatl, sculpté dans un bois incrusté d'une mosaïque de turquoise et de nacre. En Amérique du Nord, les Indiens Tlingits réalisent des masques polychromes, incrustés d'opercules, servant à entrer en contact avec les esprits ou à accomplir les rites de guérison. En Océanie, le masque est souvent stylisé et rehaussé de couleurs. À peu près inexistant en Polynésie, il se rencontre plus spécialement en Mélanésie. Selon les cas et les régions, il apparaît dans la communauté comme l'insigne d'une position sociale, l'instrument des échanges à l'intérieur du groupe et le support des cérémonies funéraires. D'une construction ingénieuse, il peut recouvrir tout le corps du danseur. Dans l'île de Malekula (Vanuatu), les coiffures-masques surmodelées et peintes reflètent, dans leur variété, la position économique et sociale du propriétaire dans une société très hiérarchisée. Au Moyen-Sepik (Papouasie-Nouvelle-Guinée), de grands masques en vannerie, terminés par une jupe de fibres et formés parfois de visages superposés, constituent de véritables costumes. En Nouvelle-Calédonie, caractérisé par un nez développé et une chevelure bombée, il est la marque de la chefferie et l'insigne du pouvoir du chef. En Nouvelle-Irlande, lors des cérémonies funéraires, le masque à crinière tatanua cherche à honorer le défunt tout en servant le prestige de son propriétaire. Le masque peut encore être directement dessiné sur le visage, à même la peau. Cette peinture faciale qui transforme la personne rejoint, dans une certaine mesure, le goût du maquillage, même si sa signification diffère et s'il s'y attache une valeur rituelle. L'art moderne, sensible à la dépersonnalisation des figures, affectionne le thème du masque : par exemple, James Ensor lui a consacré un tableau célèbre, l'Intrigue (1890), tandis que le sculpteur Antoine Pevsner y a puisé une part de son inspiration ( Masque, 1923). Enfin, dans sa série des Masques ( 1911), Emil Nolde a enrichi son oeuvre au contact des arts africains et océaniens, où les artistes du XXe siècle, en particulier les cubistes et les surréalistes, allaient trouver les sources d'un renouvellement de leur inspiration. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aztèques - La religion aztèque et la guerre sacrée Bénin (royaume de) danse - Danses rituelles Dogons Ensor James maquillage Mélanésie Nolde (Emil Hansen, dit Emil) Pevsner Antoine ou Anton primitifs (arts) - Les arts africains - Les arts des sociétés décentralisées primitifs (arts) - Les arts d'Amérique du Nord - La sculpture sur bois primitifs (arts) - Les arts océaniens rites - Rites d'élévation et rites d'inversion vannerie Les livres Achantis - masque en or, page 27, volume 1 bijou - pendentif africain, page 647, volume 2 Chimú, page 1045, volume 2 cubisme - masque sassandra (Côte-d'Ivoire), page 1341, volume 3 Dogons - danse des funérailles en pays dogon, page 1494, volume 3 masque dogon (Mali), page 3084, volume 6 masque égyptien datant du Moyen Empire, page 3084, volume 6 masque - théâtre no japonais, page 3085, volume 6 masque - théâtre masqué à Anshan, en Chine, page 3085, volume 6 masque - levée de deuil, rituel du peuple dogon, au Mali, page 3086, volume 6 masque amérindien kwakiutl (Colombie-Britannique), page 3087, volume 6 masque esquimau, page 3087, volume 6 mythologie - masque de danse utilisé pendant la fête des Masques à Guiglo, Côte-d'Ivoire, page 3360, volume 6 Senghor Léopold Sédar, page 4733, volume 9 Aztèques - masque à décor de mosaïque en corail, turquoise, nacre et obsidienne, page 504, volume 1 Égypte - masque funéraire de Toutankhamon,, page 1593, volume 3 Complétez votre recherche en consultant : Les médias masque - les fonctions du masque Les livres masque - les Masques et la Mort (1897), peinture de James Ensor, page 3087, volume 6 Les indications bibliographiques G. Allard et P. Lefort, le Masque, PUF, « Que sais-je ? », Paris, 1984. O. Aslan et D. Bablet, le Masque : du rite au théâtre, Arts du spectacle, CNRS, Paris, 1988. J. Laude, les Arts de l'Afrique noire, le Livre de Poche, Paris, 1990 (1966). C. Lévi-Strauss, la Voie des masques, Skira, Genève, 1975 (Presses-Pocket, 1988).

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Les fêtes joyeuses ont toujours été l'occasion de changer d'apparence pour se libérer de certains interdits. L'Église chrétienne tolérait ces amusements et cherchait à en régulariser le cours pendant le carnaval.

La Renaissance italienne appréciait les mascarades publiques, dont la vogue se répandit en France.

Au XVIII e siècle, les bals masqués de l'Opéra, institués par le Régent, connurent un vif succès.

C'est à Venise que la magie du carnaval triompha : dès le XVI e siècle, son rayonnement culturel encouragea la multiplication des fêtes publiques ; au XVIII e siècle, la cité des Doges était la ville la plus gaie d'Europe ; le carnaval la transforma en un gigantesque bal costumé jusqu'à son occupation par Bonaparte, qui y mit fin.

L'art du masque n'en resta pas moins une tradition italienne bien vivante, comme l'atteste de nos jours le succès du carnaval de Venise organisé après l'Épiphanie.

De même, le carnaval de Nice garde un attrait persistant. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arlequin bal carnaval casino - Un plaisir des élites européennes commedia dell'arte maquillage Nice Opéra de Paris Venise - La Venise moderne Venise - Venise dans l'histoire - De l'apogée de la Renaissance au déclin Les livres masque - la commedia dell'arte, page 3085, volume 6 masque - le masque à Venise, page 3086, volume 6 La tradition du masque hors d'Europe Si, dans le passé, un rôle important fut dévolu au masque en Europe, c'est dans le reste du monde qu'on en découvre aujourd'hui la plus grande variété et qu'il est toujours employé dans les représentations rituelles.

On a l'habitude d'associer à l'Afrique le thème du masque.

En dépit d'un riche répertoire, sa diffusion à travers le continent n'est pas aussi large que celle de la statuaire.

Alors qu'on le rencontre rarement en Afrique australe et orientale (à l'exception des masques-casques makondés), le masque est répandu en Afrique occidentale et centrale, tout en étant moins présent dans les régions fortement islamisées comme le Sénégal.

Il est utilisé lors des rites de passage associés à deux cycles. »

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