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Le stade en psychanalyse

Publié le 07/04/2015

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psychanalyse

stade n.m. (angl. Stage; allem. Stufe, Phase). Chacun des degrés d'organi­sation libidinale dans le développe­ment de l'être humain, qui ont un caractère topographique (zones éro­gènes) et un caractère objectal (choix d'objet).

C'est en 1915, dans la 3' édition des Trois essais sur la sexualité, que S. Freud met en place de façon systématique la notion de stades en psychanalyse. Contrairement aux perspectives de psychologie de l'enfant qui seront celles de Wallon et de Piaget, après les premiers travaux de W. T. Preyer, É. Claparède et W. Stern, les stades freudiens sont repérés, après coup, dans les cures d'adultes.

Il ne s'agit pas d'étapes génétiques marquant un développement observé chez l'enfant. Il s'agit de degrés d'orga­nisation prenant leur sens dans une métapsychologie.

La notion de stade, de façon géné­rale, est toujours employée dans la psy­chologie contemporaine. Elle fait l'objet de discussions très vives, concept essentiel pour certains, simple artifice de recherche pour d'autres. On a l'habitude d'opposer les stades du développement de la personnalité, du domaine de l'intelligence, et ceux du domaine de l'« affectivité «. Ce n'est pas sous ce chef que Freud fait valoir les stades qu'il distingue. Mais, plutôt, il souligne que les divers stades de la sexualité de l'enfant et de l'adolescent sont régis par une migration à propre­ment parler topologique des fonctions représentées par les zones érogènes, successivement promues à une place éminente par le plaisir qui s'éveille à leur fonctionnement, que l'on repère dans les diverses dialectiques de la rela­tion d'objet.

Freud distingue deux modalités d'or­ganisation de la libido, prégénitale et génitale. La phase prégénitale compor­te le stade oral et le stade anal.

LE STADE ORAL

Il est caractérisé par une organisation sexuelle « cannibale «, au cours de laquelle l'activité sexuelle n'est pas séparée de la fonction de dévoration: ces deux activités visent à l'incorpora­tion de l'objet (prototype de l'identifi­cation ultérieure). De sorte qu'à ce stade la pulsion orale se trouve à l'évi­dence étayée par la fonction digestive. La succion apparaît dès lors comme « un vestige « de ce degré initial du stade car elle consacre la séparation des acti­vités sexuelle et alimentaire, rempla­çant l'objet extérieur par une partie du corps du sujet: dès lors, cet acte, répéti­tif, chargé de procurer du plaisir, devient autoérotique — la zone bucco-

labiale est dès lors désignée comme zone érogène. Freud attache une importance capitale à cette première partie du stade oral pour la détermina­tion de la vie sexuelle future. En parti­culier dans le choix ultérieur d'objet: le sein apparaît ainsi comme essentielle­ment perdu et «trouver l'objet sexuel n'est en somme que le retrouver«.

Une seconde phase du stade orale est caractérisée par le passage de la succion à la morsure, où apparaît combinée à la libido une pulsion agres­sive et destructrice. Cela a particu­lièrement été mis en évidence par K. Abraham et repris par M. Klein, qui situe à ce stade l'apparition du surmoi précoce. R. Spitz divise ce stade en 3 sous-stades: stade préobjectal d'in­différenciation (0 - 3 mois), stade de l'objet précurseur (3 - 8 mois) puis stade de l'objet proprement dit.

LE STADE SADIQUE-ANAL

Deuxième stade, faisant suite au stade oral, le stade sadique-anal est régi par l'érogénéité de la zone anale ; cette organisation libidinale est liée aux fonctions d'expulsion-rétention et se fait autour de la symbolisation des matières fécales, objet séparable du corps au même titre que le sein. Les pulsions érotique-anale et sadique résident dans cette phase prégénitale de la sexualité infantile. Les notions de passivité et d'activité traduisent la bipolarité de la fonction anale, qui étaye les deux pulsions partielles : d'emprise, liée à la musculature, et de passivité, liée à la muqueuse anale.

Abraham a décrit une subdivision de ce stade, par rapport au comportement vis-à-vis de l'objet: la première partie associe à l'expulsion la destruction; la deuxième associe la rétention et la pos­session. Ainsi, une dialectique s'ins­taure entre le sadisme et l'érotisme anal dans la fonction sphinctérienne elle-même : contention-maîtrise ; relâche­ment-évacuation. Par cette activité

aboutissant à la défécation viennent se symboliser les fèces dans la fonction du cadeau fait à la mère, sa rétention constituant au contraire une position agressive à son endroit.

LE STADE PHALLIQUE

Le stade phallique est la phase caracté­ristique de l'acmé et du déclin du complexe d'Œdipe, essentiellement marquée par l'angoisse de castration. Aussi bien chez la fille que chez le garçon, ce stade succède aux stades oral et anal dans une unification des pulsions partielles sur la région génitale représentée par le phallus; pour les deux sexes, en avoir ou pas caractérise ce stade: «En effet, cette phase ne connaît qu'une seule sorte d'organe génital, l'organe masculin.«

Cette mise en place assez tardive du stade phallique représente pour Freud une transition avec sa description ini­tiale: inorganisation des pulsions sexuelles prégénitales, opposée à l'or­ganisation génitale adulte. Cette phase phallique est sous le signe de la castra­tion, ce qui pose la question, dans son rapport à l'cedipe, de l'existence même de ce stade: la découverte par la fille de l'absence de pénis (l'envie du pénis venant déterminer l'asymétrie, au regard des rapports parentaux, entre le garçon et la fille) peut aussi bien être rangée dans une perspective d'inter­subjectivité que d'accession à un stade.

LE STADE GÉNITAL

C'est par la période de latence que se termine le stade phallique : elle sépare ainsi la «première poussée «, qui commence entre 2 et 5 ans, «caractéri­sée par la nature infantile des buts sexuels «, et la «deuxième poussée «, qui «commence à la puberté et déter­mine la forme définitive que prendra la vie sexuelle «. Cette poussée en deux temps est d'une importance décisive pour les troubles chez l'adulte. «Le

choix de l'enfant survit dans ses effets, soit qu'ils demeurent dans leur inten­sité première, soit que, pendant la puberté, ils connaissent un renou­veau «: c'est en effet à cette période que se place le refoulement secondaire.

 

La pulsion sexuelle autoérotique caractérisant les stades provient de diverses pulsions partielles et de diverses zones érogènes tendant cha­cune à la satisfaction. À la puberté, ces pulsions coopèrent et un but sexuel nouveau apparaît; les zones érogènes se subordonnent au «primat de la zone génitale «. Dès lors, il semblerait que puissent se conjoindre dans la vie sexuelle le courant de la tendresse et celui de la sensualité. Notons cepen­dant que cette description de l'« amour génital«` pose elle-même des pro­blèmes non négligeables.

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