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l'opinion.

Publié le 31/10/2013

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l'opinion. Quand la pratique de la Constitution nouvelle aurait montré que l'échelon suprême y détenait l'autorité sans qu'il y eût dictature, il serait temps de proposer au peuple la réforme définitive. « En agissant ainsi, il coupa l'herbe sous le pied des antigaullistes, lesquels avaient fort bien perçu l'intérêt politique qu'il y aurait à faire du Général un moderne Badinguet. Certains caricaturistes se lancèrent dans cette voie, mais, assez vite, l'image du Roi-Soleil l'emporta sur celle du second empereur. Quant aux politiciens qui s'aventurèrent sur ce terrain, leur argumentation ne pouvait que les conduire à une double impasse: l'assimilation du 13 Mai au coup d'État du 2 Décembre, assimilation qui se retournait contre ses auteurs, et la représentation devant le peuple des dangers de l'élection du président de la République au suffrage universel. Cela dit, que furent les sentiments profonds de Charles de Gaulle à l'égard de Louis Napoléon? A s'en tenir à ce qu'il a dit et écrit, on en est réduit à de simples suppositions. Le Général, c'est certain, n'admettait pas pour la France la défaite, et il en voulait à Louis Napoléon de ne l'avoir pas empêchée à Sedan. Mais ses appréciations sur les responsabilités du second empereur ne furent pas toutes empreintes de sévérité. Et ce serait probablement faire injure à sa lucidité que de le croire insensible aux qualités de visionnaire de Louis Napoléon et hostile à l'idée que le message de celui-ci préfigurait en quelque sorte le sien. De Gaulle n'évoquera Louis Napoléon qu'en de très rares occasions. Sur un point essentiel -- les origines du désastre de 1870 --, il lui reconnut des circonstances atténuantes: « L'Empereur, il est vrai, eut le sentiment de ce déséquilibre. Après Sadowa [...], le Souverain et plusieurs de ses conseillers se préoccupèrent sérieusement d'accroître la puissance militaire du pays [...]. Une refonte complète des institutions s'imposait et l'Empereur le comprenait fort bien... « A l'occasion de manifestations solennelles, de Gaulle rendit un hommage plus qu'implicite à certaines initiatives internationales de Louis Napoléon. Ainsi, le 24 mai 1963, au palais de Chaillot, à l'occasion de la célébration du centenaire de la Croix-Rouge internationale, il évoqua l'émotion suscitée par la triste carence des soins à donner aux soldats blessés en Italie, « notamment celle de l'empereur Napoléon III «. Surtout, le 24 juin 1959, commémorant auprès du président italien Gronchi la victoire de Solferino, il salua la décision d'intervention qui« fut d'abord la réponse à de longues obligations «. Et il alla jusqu'à citer l'empereur, dans un domaine où ses références étaient toujours soigneusement et intentionnellement choisies: « Une armée est invincible quand une grande idée la précède et quand un grand peuple la suit. « La liste des convergences ne se termine pas là. D'autres rapprochements existent, concernant notamment le rôle extérieur de la France... *** Car, comme celle de Charles de Gaulle, la pensée de Louis Napoléon ne s'arrête pas aux limites de l'Hexagone. D'abord parce que les principes auxquels il croit ont pour lui valeur universelle, et qu'il n'existe aucune raison de priver les autres nations des avantages qu'ils impliquent. Et puis il s'agit d'expliquer et de justifier la politique étrangère de Napoléon Ier; de démontrer que l'usage, apparemment immodéré, du sabre était un moyen et non une fin. En le voyant s'y employer, on comprend tout le sens de la phrase de Frédéric Bluche, qui voit dans ce nouvel élan donné aux idées napoléoniennes, dans ce véritable néo-bonapartisme, une « doctrine remise à neuf «. Là aussi, il est clair que le Napoléon Ier dont il se réclame est celui qui se présentait, depuis Sainte-Hélène, comme le « libérateur des peuples «, et qui déclarait déjà dans l'Acte additionnel de 1815: «J'avais pour but d'organiser un grand système fédéral européen que j'avais adopté comme conforme à l'esprit du siècle et avorable aux progrès de la civilisation. « as! L'action de la France a été contrecarrée et finalement anéantie par une coalition contre-révolutionnaire qui a refusait absolument... Alors Louis Napoléon va reprendre à son compte l'ambition -- réelle ou supposée -- e son oncle. Cela passe évidemment par la remise en cause des traités de 1815, qui ont créé un ordre uropéen contre nature fondé sur la répression des aspirations des peuples. insi, Waterloo n'est plus une défaite, un mauvais souvenir à effacer; c'est un point de départ, un symbole, un ri de ralliement. aterloo ! « Ici, écrit-il, toute voix française s'arrête et ne trouve plus que des larmes! Des larmes pour pleurer avec les vaincus, des larmes pour pleurer avec les vainqueurs qui regretteront tôt ou tard d'avoir renversé le seul homme qui s'était fait médiateur entre deux siècles ennemis. « Cela signifie que Louis Napoléon se fixera à son tour un objectif de grande ampleur, celui de concentrer les « peuples géographiques « -- autrement dit les nationalités -- qui ont été écartelés par l'histoire. Pour les Français et les Espagnols, le but est atteint. Restent les Italiens et les Allemands. D'où l'idée d'une fédération talienne, d'une fédération germanique, peut-être même, un jour, d'une confédération européenne, avec des codes identiques, un système judiciaire unifié, une monnaie commune. l s'agit de donner aux peuples « leurs nationalités et les institutions qu'elles réclament [...]. Alors, tous les euples seront frères et ils s'embrasseront à la face de la tyrannie détrônée, de la terre consolée et de 'Humanité satisfaite «. a perspective est double: mettre un terme aux guerres civiles européennes et garantir une paix durable; offrir à a France un rôle de médiateur européen dont on voit mal, dans un tel contexte, comment il pourrait lui chapper... On aurait tort de négliger la portée et l'audace d'un tel engagement, dont on mesurera bientôt les ffets. Comme l'écrit Jacques Rougerie, « la question des nationalités, au XIXe siècle, c'est l'équivalent, à peu rès, en charge explosive comme en poids sentimental et politique, de ce que sera, au XXe siècle, la écolonisation. Toutes les gauches européennes en défendent d'enthousiasme la cause, toutes les droites y ont durement obstacle. C'est un Rubicon que passe là [Louis Napoléon] «. *** i la pensée est claire, la stratégie censée la servir n'est probablement pas à la hauteur des problèmes à résoudre. Elle est sommaire et se résume en deux verbes: apparaître et entraîner... Une fois pour toutes, Louis Napoléon a décidé qu'il a une mission à accomplir: « Dans toutes mes aventures, explique-t-il, je suis dirigé par un principe. Je crois que, de temps en temps, des hommes sont créés, que j'appellerais volontiers providentiels, dans les mains desquels sont remises les destinées de leur pays. Je crois être moi-même l'un de ces hommes. Si je me trompe, je peux périr inutilement. Si j'ai raison, la Providence me mettra en état de remplir ma mission. « Les circonstances de l'époque, celles de l'adolescence et de la jeunesse de Louis Napoléon expliquent cette approche romantique des choses. A pesé aussi l'exil, qui ouvre une chance et expose à un risque. La chance, c'est l'amour sincère que vouent à leur sol natal tous ceux que le destin en a éloignés. Là où ils se trouvent, la patrie est le premier élément de leur identité; leur caractéristique essentielle aux yeux des autres et à leurs propres yeux. L'éloignement permet aussi, paradoxalement, de mieux apprécier la place et le rôle de sa patrie en tant que puissance, donc de mieux la connaître. Le risque, c'est évidemment de perdre le sens des réalités et d'entretenir des illusions sur la capacité d'écoute et de mobilisation du pays dont on est éloigné. Lors de sa visite à Arenenberg, Alexandre Dumas avait très loyalement et très courageusement mis en garde la reine Hortense contre ce danger: « Prenez garde de vous égarer, Madame, j'ai bien peur que vous ne viviez dans cette atmosphère trompeuse et enivrante qu'emportent avec eux les exilés. Le temps qui continue de marcher pour le reste du monde, semble s'arrêter pour les proscrits. Ils voient toujours les hommes et les choses comme ils les ont quittés et cependant les hommes changent de face et les choses d'aspect. « La génération qui a vu passer Napoléon revenant de l'île d'Elbe s'éteint tous les jours, Madame, et cette marche miraculeuse n'est déjà plus un souvenir: c'est un fait historique. « Sans doute Louis Napoléon s'illusionne-t-il quelque peu sur l'état réel de l'opinion. Marqué par le souvenir des manifestations bonapartistes autour de la colonne Vendôme, il peut aussi se laisser impressionner par ce qu'il sait du renouveau de ferveur qu'inspire alors en France la mémoire de l'empereur. Mais entre le culte du martyr de Sainte-Hélène et l'adhésion éventuelle à la cause du neveu, il y a un abîme. Louis-Philippe le sait et, même s'il existe une part de sincérité dans les sentiments qu'il affiche, sa pensée consiste sans doute à admettre qu'il vaut toujours mieux organiser soi-même ce qu'on ne peut empêcher et que cette « napoléomania « est peut-être bien le meilleur des remparts contre les assauts des bonapartistes. D'ailleurs, plus Napoléon -- mort -- sera grand, plus paraîtront petits les épigones. La foule peut donc bien se presser dans les théâtres ou devant le diorama de 1831, s'arracher les médailles commémoratives, se précipiter sur les oeuvres d'Edgar Quinet se pâmer à la lecture des poèmes de Béranger « Il n'est pas mort, il n'est pas mort. De son sommeil le géant va sortir, plus grand à son réveil «), cela ne veut ullement dire qu'à la seule vue d'un prétendant -- au demeurant inconnu -- le peuple est prêt à se lever... uoi qu'il en soit, à la veille de la première tentative de Louis Napoléon pour arracher le flambeau des mains de 'usurpateur, les buts ont été clairement définis et la méthode, par avance, justifiée: dès lors que le suffrage niversel n'est pas ou n'est plus pris en compte, tous les coups, sans exception, sont permis. Il y a alors issociation entre la légalité et la légitimité: toute initiative est louable, sous la réserve absolue qu'elle ait pour bjectif de rendre la parole au peuple et d'accepter par avance son verdict. 'est un principe de base qu'il faut garder présent à l'esprit pour comprendre non seulement les coups de Strasbourg et de Boulogne, mais aussi le coup d'État lui-même. Toute considération -- respect de la loi, respect de la parole donnée -- doit céder devant cet axiome... A l'inverse, si un autre régime que celui qu'on se propose d'établir accepte ou organise le suffrage universel, alors il faut se plier à ses règles et jouer le jeu -- c'est ce que Louis Napoléon fera sous la IIe République, face la décision des républicains de rendre la parole au peuple. *** e coup de Strasbourg est l'opération la plus raisonnée qu'ait tentée Louis Napoléon. Il avait été emarquablement préparé. Et, même s'il ne pouvait déboucher que sur un échec politique, en raison de l'état de 'opinion à l'époque, il aurait pu connaître de plus amples développements sans les fâcheux concours de irconstances auxquels il donna lieu. e choix de la capitale alsacienne n'était pas mauvais: il y avait de l'argent, des armes, des hommes. Le colonel e l'un des régiments était acquis à la cause; on avait des fonds suffisants pour susciter et maintenir tout le emps nécessaire l'enthousiasme de la foule; Louis Napoléon était venu lui-même reconnaître le terrain et rêcher la bonne parole à des officiers de la place. C'était du bon travail. videmment, une fois Strasbourg acquise, il fallait se résoudre à l'improvisation. Mais, fort du glorieux récédent des Cent-Jours, on se disait qu'en gagnant Nancy puis en prenant la route de Paris, non seulement n ne rencontrerait guère de résistance, mais on pourrait faire des adeptes en chemin. Il n'en faudrait pas plus our que le neveu de l'Aigle se retrouvât niché dans le clocher de Notre-Dame. nutile d'insister sur certains aspects de l'affaire, qui l'apparentent à un fort mauvais vaudeville. Persigny et arquin, époux de l'ex-Mlle Cochelet, lectrice de la reine Hortense, sont pleins de bonne volonté, mais peu ptes à conduire une affaire qui demande beaucoup d'esprit de décision, mais davantage encore de subtilité. uant à la manière dont a été circonvenu le colonel Vaudrey, qui commande le 4e régiment d'artillerie, elle n'a ien de bien glorieux. On lui a fait miroiter un avancement auquel il ne croyait plus guère et, pour faire bonne esure, on s'est arrangé pour le prendre dans les filets d'une charmante veuve, actrice à ses heures, scrimeuse, fille du capitaine Brault de Colmar, Éléonore Gordon, qui est toute dévouée au prince. ertes, il faut ce qu'il faut. Mais, peut-être aurait-on dû méditer davantage le refus d'Exelmans, approché pour a circonstance, qui tint à peu près ce discours: « Vous pourrez [...] dire [au prince] que, s'il croit avoir un parti n France, il se trompe... Nous avons en vénération la mémoire de l'Empereur, voilà tout, et ce serait folie que e songer à renverser le Gouvernement actuel. « ourtant, dès le 25 octobre 1836, Louis Napoléon quitte Arenenberg sous prétexte d'une partie de chasse. Le 9 il est à Strasbourg. Et le lendemain à 6 heures, le régiment de Vaudrey est rassemblé pour acclamer le rince qui va trouver les mots adaptés à la circonstance. Le ton de son appel est à la hauteur de l'événement: Au siège de Toulon, le grand Napoléon était capitaine du 4e d'Artillerie. C'est encore le 4e qui lui a ouvert les ortes de Grenoble, lors du retour de l'île d'Elbe... «On devine la suite du propos... Tout démarre donc très bien. ais, à partir de ce moment précis, tout va tourner très mal. es mutins, qui ont arrêté le préfet, arrêtent aussi le général qui commande la place et qui, malgré arguments et enaces, a fait connaître qu'il remplirait son devoir. On croit l'avoir placé sous bonne garde... Mais il réussit à iler, à retrouver quelques officiers, et à reprendre la préfecture avec l'aide d'un régiment fidèle... t tout ce beau monde se retrouve à la caserne Finkmatt pour se disputer le 16e de ligne. L'échauffourée 'achève dans la bousculade et la confusion. Louis Napoléon et ses amis sont appréhendés. izarrement, c'est au moment où tout est fini que Paris commence à s'inquiéter. Il est vrai que, si le éclenchement de l'affaire a été aussitôt annoncé par télégraphe, on met deux jours pour en faire connaître le énouement. Après la frayeur, c'est l'embarras qui prévaut: que va-t-on bien pouvoir faire de Louis Napoléon et es autres insurgés? i l'on s'en tenait au droit et à la tradition, la sanction d'une mutinerie aussi caractérisée ne ferait guère de oute: on passerait tout le monde par les armes. Mais Louis-Philippe va en décider autrement, sans qu'il soit isé ici de démêler ce qui relève de son indulgence naturelle et ce que lui inspire son sens politique. Il est robable qu'il ne se sent pas le coeur de châtier un homme dont il doit bien comprendre, d'expérience, l'état 'esprit. Il est non moins probable qu'il pense n'avoir aucun intérêt à faire de Louis Napoléon un martyr: ce erait un renfort inestimable à une cause dont tout lui indique qu'en agissant avec prudence il peut la maintenir ous le boisseau. Sa décision est prise. Il faut présenter tout cela comme une simple gaminerie. Outre le énéfice moral, la mansuétude dont il fera preuve accroîtra le ridicule dans lequel il espère bien que le prince chèvera de sombrer. Et c'est un fait que Louis Napoléon est d'autant plus humilié qu'il est bien traité.

« Français etles Espagnols, lebut estatteint.

Restent lesItaliens etles Allemands.

D'oùl'idée d'une fédération italienne, d'unefédération germanique, peut-êtremême,unjour, d'une confédération européenne,avecdes codes identiques, unsystème judiciaire unifié,unemonnaie commune. Il s'agit dedonner auxpeuples «leurs nationalités etles institutions qu'ellesréclament [...].Alors, tousles peuples serontfrèresetils s'embrasseront àla face delatyrannie détrônée, delaterre consolée etde l'Humanité satisfaite». La perspective estdouble: mettreunterme auxguerres civileseuropéennes etgarantir unepaix durable; offrirà la France unrôle demédiateur européendontonvoit mal, dans untelcontexte, comment ilpourrait lui échapper...

Onaurait tortdenégliger laportée etl'audace d'untelengagement, dontonmesurera bientôtles effets.

Comme l'écritJacques Rougerie, «la question desnationalités, auXIX e siècle, c'estl'équivalent, àpeu près, encharge explosive commeenpoids sentimental etpolitique, deceque sera, auXXe siècle, la décolonisation.

Touteslesgauches européennes endéfendent d'enthousiasme lacause, touteslesdroites y font durement obstacle.C'estunRubicon quepasse là[Louis Napoléon] ». *** Si lapensée estclaire, lastratégie censéelaservir n'estprobablement pasàla hauteur desproblèmes à résoudre.

Elleestsommaire etse résume endeux verbes: apparaître etentraîner... Une foispour toutes, LouisNapoléon adécidé qu'ilaune mission àaccomplir: «Dans toutes mesaventures, explique-t-il, jesuis dirigé parunprincipe.

Jecrois que,detemps entemps, deshommes sontcréés, que j'appellerais volontiersprovidentiels, danslesmains desquels sontremises lesdestinées deleur pays.

Jecrois être moi-même l'undeces hommes.

Sijeme trompe, jepeux péririnutilement.

Sij'ai raison, laProvidence me mettra enétat deremplir mamission.

» Les circonstances del'époque, cellesdel'adolescence etde lajeunesse deLouis Napoléon expliquent cette approche romantique deschoses.

Apesé aussi l'exil,quiouvre unechance etexpose àun risque. La chance, c'estl'amour sincèrequevouent àleur solnatal tousceux queledestin enaéloignés.

Làoùilsse trouvent, lapatrie estlepremier élément deleur identité; leurcaractéristique essentielleauxyeux desautres et à leurs propres yeux.L'éloignement permetaussi,paradoxalement, demieux apprécier laplace etlerôle desa patrie entant que puissance, doncdemieux laconnaître. Le risque, c'estévidemment deperdre lesens desréalités etd'entretenir desillusions surlacapacité d'écoute et de mobilisation dupays dontonest éloigné. Lors desavisite àArenenberg, AlexandreDumasavaittrèsloyalement ettrès courageusement misengarde la reine Hortense contrecedanger: « Prenez gardedevous égarer, Madame, j'aibien peur quevous neviviez danscetteatmosphère trompeuseet enivrante qu'emportent aveceuxlesexilés.

Letemps quicontinue demarcher pourlereste dumonde, semble s'arrêter pourlesproscrits.

Ilsvoient toujours leshommes etles choses comme ilsles ont quittés etcependant les hommes changent deface etles choses d'aspect. « La génération quiavu passer Napoléon revenantdel'île d'Elbe s'éteint touslesjours, Madame, etcette marche miraculeuse n'estdéjàplusunsouvenir: c'estunfait historique.

» Sans doute LouisNapoléon s'illusionne-t-il quelquepeusurl'état réeldel'opinion.

Marquéparlesouvenir des manifestations bonapartistesautourdelacolonne Vendôme, ilpeut aussi selaisser impressionner parcequ'il sait durenouveau deferveur qu'inspire alorsenFrance lamémoire del'empereur. Mais entre leculte dumartyr deSainte-Hélène etl'adhésion éventuelle àla cause duneveu, ily a un abîme. Louis-Philippe lesait et,même s'ilexiste unepart desincérité danslessentiments qu'ilaffiche, sapensée consiste sansdoute àadmettre qu'ilvaut toujours mieuxorganiser soi-même cequ'on nepeut empêcher etque cette «napoléomania »est peut-être bienlemeilleur desremparts contrelesassauts desbonapartistes. D'ailleurs, plusNapoléon —mort —sera grand, plusparaîtront petitslesépigones. La foule peutdonc biensepresser danslesthéâtres oudevant lediorama de1831, s'arracher lesmédailles commémoratives, seprécipiter surlesoeuvres d'EdgarQuinetsepâmer àla lecture despoèmes deBéranger (« Iln'est pasmort, iln'est pasmort.

Deson sommeil legéant vasortir, plusgrand àson réveil »),cela neveut nullement direqu'à laseule vued'un prétendant —au demeurant inconnu—lepeuple estprêt àse lever... Quoi qu'ilensoit, àla veille delapremière tentativedeLouis Napoléon pourarracher leflambeau desmains de l'usurpateur, lesbuts ontété clairement définisetlaméthode, paravance, justifiée: dèslorsque lesuffrage universel n'estpasoun'est plusprisencompte, touslescoups, sansexception, sontpermis.

Ilya alors dissociation entrelalégalité etlalégitimité: touteinitiative estlouable, souslaréserve absolue qu'elleaitpour objectif derendre laparole aupeuple etd'accepter paravance sonverdict. C'est unprincipe debase qu'ilfautgarder présent àl'esprit pourcomprendre nonseulement lescoups de. »

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