l'opinion.
Publié le 31/10/2013
Extrait du document
«
Français
etles Espagnols, lebut estatteint.
Restent lesItaliens etles Allemands.
D'oùl'idée d'une fédération
italienne, d'unefédération germanique, peut-êtremême,unjour, d'une confédération européenne,avecdes
codes identiques, unsystème judiciaire unifié,unemonnaie commune.
Il s'agit dedonner auxpeuples «leurs nationalités etles institutions qu'ellesréclament [...].Alors, tousles
peuples serontfrèresetils s'embrasseront àla face delatyrannie détrônée, delaterre consolée etde
l'Humanité satisfaite».
La perspective estdouble: mettreunterme auxguerres civileseuropéennes etgarantir unepaix durable; offrirà
la France unrôle demédiateur européendontonvoit mal, dans untelcontexte, comment ilpourrait lui
échapper...
Onaurait tortdenégliger laportée etl'audace d'untelengagement, dontonmesurera bientôtles
effets.
Comme l'écritJacques Rougerie, «la question desnationalités, auXIX e
siècle, c'estl'équivalent, àpeu
près, encharge explosive commeenpoids sentimental etpolitique, deceque sera, auXXe
siècle, la
décolonisation.
Touteslesgauches européennes endéfendent d'enthousiasme lacause, touteslesdroites y
font durement obstacle.C'estunRubicon quepasse là[Louis Napoléon] ».
***
Si lapensée estclaire, lastratégie censéelaservir n'estprobablement pasàla hauteur desproblèmes à
résoudre.
Elleestsommaire etse résume endeux verbes: apparaître etentraîner...
Une foispour toutes, LouisNapoléon adécidé qu'ilaune mission àaccomplir: «Dans toutes mesaventures,
explique-t-il, jesuis dirigé parunprincipe.
Jecrois que,detemps entemps, deshommes sontcréés, que
j'appellerais volontiersprovidentiels, danslesmains desquels sontremises lesdestinées deleur pays.
Jecrois
être moi-même l'undeces hommes.
Sijeme trompe, jepeux péririnutilement.
Sij'ai raison, laProvidence me
mettra enétat deremplir mamission.
»
Les circonstances del'époque, cellesdel'adolescence etde lajeunesse deLouis Napoléon expliquent cette
approche romantique deschoses.
Apesé aussi l'exil,quiouvre unechance etexpose àun risque.
La chance, c'estl'amour sincèrequevouent àleur solnatal tousceux queledestin enaéloignés.
Làoùilsse
trouvent, lapatrie estlepremier élément deleur identité; leurcaractéristique essentielleauxyeux desautres et
à leurs propres yeux.L'éloignement permetaussi,paradoxalement, demieux apprécier laplace etlerôle desa
patrie entant que puissance, doncdemieux laconnaître.
Le risque, c'estévidemment deperdre lesens desréalités etd'entretenir desillusions surlacapacité d'écoute
et de mobilisation dupays dontonest éloigné.
Lors desavisite àArenenberg, AlexandreDumasavaittrèsloyalement ettrès courageusement misengarde la
reine Hortense contrecedanger:
« Prenez gardedevous égarer, Madame, j'aibien peur quevous neviviez danscetteatmosphère trompeuseet
enivrante qu'emportent aveceuxlesexilés.
Letemps quicontinue demarcher pourlereste dumonde, semble
s'arrêter pourlesproscrits.
Ilsvoient toujours leshommes etles choses comme ilsles ont quittés etcependant
les hommes changent deface etles choses d'aspect.
« La génération quiavu passer Napoléon revenantdel'île d'Elbe s'éteint touslesjours, Madame, etcette
marche miraculeuse n'estdéjàplusunsouvenir: c'estunfait historique.
»
Sans doute LouisNapoléon s'illusionne-t-il quelquepeusurl'état réeldel'opinion.
Marquéparlesouvenir des
manifestations bonapartistesautourdelacolonne Vendôme, ilpeut aussi selaisser impressionner parcequ'il
sait durenouveau deferveur qu'inspire alorsenFrance lamémoire del'empereur.
Mais entre leculte dumartyr deSainte-Hélène etl'adhésion éventuelle àla cause duneveu, ily a un abîme.
Louis-Philippe lesait et,même s'ilexiste unepart desincérité danslessentiments qu'ilaffiche, sapensée
consiste sansdoute àadmettre qu'ilvaut toujours mieuxorganiser soi-même cequ'on nepeut empêcher etque
cette «napoléomania »est peut-être bienlemeilleur desremparts contrelesassauts desbonapartistes.
D'ailleurs, plusNapoléon —mort —sera grand, plusparaîtront petitslesépigones.
La foule peutdonc biensepresser danslesthéâtres oudevant lediorama de1831, s'arracher lesmédailles
commémoratives, seprécipiter surlesoeuvres d'EdgarQuinetsepâmer àla lecture despoèmes deBéranger
(« Iln'est pasmort, iln'est pasmort.
Deson sommeil legéant vasortir, plusgrand àson réveil »),cela neveut
nullement direqu'à laseule vued'un prétendant —au demeurant inconnu—lepeuple estprêt àse lever...
Quoi qu'ilensoit, àla veille delapremière tentativedeLouis Napoléon pourarracher leflambeau desmains de
l'usurpateur, lesbuts ontété clairement définisetlaméthode, paravance, justifiée: dèslorsque lesuffrage
universel n'estpasoun'est plusprisencompte, touslescoups, sansexception, sontpermis.
Ilya alors
dissociation entrelalégalité etlalégitimité: touteinitiative estlouable, souslaréserve absolue qu'elleaitpour
objectif derendre laparole aupeuple etd'accepter paravance sonverdict.
C'est unprincipe debase qu'ilfautgarder présent àl'esprit pourcomprendre nonseulement lescoups de.
»
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