Louis Ier

Roi de Portugal. Né à Lisbonne le 31 octobre 1838, mort à Cascais le 19 octobre 1889. Ce fut dans une ambiance de grandeur que l'infant Louis-Philippe, duc de Porto, reçut la couronne (22 décembre 1861). Les masses affolées croyaient à un empoisonnement collectif de la famille royale. L'aîné, survivant, excellent marin, était en mer, de retour d'un voyage en France. Flegmatique, très cultivé et artiste, il fit face aux émeutes qui avaient surgi un peu partout dans le nord du pays. Il épousa, le 27 septembre 1862, la princesse Maria Pia, fille de Victor-Emmanuel II d'Italie, née le 16 octobre 1847. Politiquement, son règne fut assez troublé. L'accord de Granja (7 septembre 1876), conclu entre ses adversaires, les historiques et les réformistes, en vue de créer un nouveau parti progressiste, fit naître un système de gouvernement rotatif, qui déclencha, à la longue, l'instabilité politique. Par contre, la vieille tradition africaine reprit son rythme avec Serpa Pinto, explorateur du Bié, des sources du Cuanza et du Zambèze, jusqu'aux chutes de Victoria (1878), du Transvaal et du Natal, qui rectifia beaucoup d'observations de Livingstone. Capelo et Ivens traversèrent la brousse du Benguela, étudiant en 1884 les relations du Zambèze et du Zaïre (Congo), puis sillonnèrent l'Afrique jusqu'à Tete (1885). Carvalho visita Muata-Janvo et la Lunda. Au Mozambique, Cardoso parcourut le Nyassa et le Shire et revint par le Zambèze jusqu'à Quelimane. Entre-temps, le Portugal prenait position à la Conférence de Berlin et réglait ses différends au sujet du Congo, avec la Belgique, à Bruxelles. Pendant ce règne, le réseau des chemins de fer se développa notablement, par des liaisons internationales, de même que celui des routes et des ponts, avec les deux ouvrages monumentaux de Porto (pont de Maria-Pia par Eiffel et pont Louis-Ier, par Seyrig). Au point de vue culturel, le roi, lui-même musicien et homme de lettres, s'imposa par ses excellentes traductions de Shakespeare. Sur le plan social, sensible à la misère, il fonda des asiles de nuit pour les pauvres. A son manque de préparation spéciale pour régner, il suppléa par beaucoup de bon sens et de bonhomie, faisant preuve parfois d'une belle ténacité dans la conduite des affaires de l'Etat.