Nicolas Poussin

Dans cet Autoportait exécuté en 1650 pour son ami et admirateur Chantelou, Nicolas Poussin représente avec une grande sobriété son caractère, son rôle, ses références idéales. La pose en pied, solennelle, le regard ferme et direct, traduisent un tempérament austère. Les tableaux et les cadres figurant en toile de fond évoquent le décor de l'atelier et sa profession de peintre. Son vêtement, semblable à la toge des Romains, révèle sa prédilection pour le monde de l'Antiquité classique. L'inscription latine en lettres dorées qui figure à droite sur la toile précise le nom, le lieu de naissance et l'âge de l'artiste, ainsi que la date et le lieu d'exécution de la toile. La main droite du peintre, posée sur un porte-documents, est ornée d'une bague sertie d'un diamant, symbole de pureté, de perfection et de constance. Parmi les châssis et les cadres à l'arrière-plan, on distingue, à droite, un fragment de tableau représentant un buste de femme vue de profil, portant sur sa tête un diadème orné d'un oeil; vers la femme se tendent deux bras, comme pour la protéger. On a voulu voir dans cette image une allégorie de la Peinture qui est affectueusement entourée par les bras de l'Amitié, comme référence probable aux liens d'amitié existant entre Poussin et le destinataire de l'autoportait.

Nicolas Poussin situe l'histoire d'Orphée et Eurydice, peinte entre 1649 et 1651, dans une ample vue de la campagne romaine, en se référant au modèle de "paysage idéal" créé par Annibal Carrache dans la Fuite en Égypte. Les éléments du paysage, les arbres et les riches prairies, les eaux limpides et calmes, les architectures romaines et les collines à l'arrière-plan, et les embarcations et les silhouettes de marins et de baigneurs, semblent vivre dans un équilibre parfait, une idylle baignant dans l'harmonie de la musique d'Orphée qui joue de la lyre entouré par les nymphes. Mais le drame éclate dans ce paysage idyllique, évoqué par l'incendie et par les nuages de fumée qui se dégagent du château Saint-Ange: tandis qu'Orphée, ignare, continue de chanter, Eurydice est mordue par un serpent.