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NlZAN (Paul)

Publié le 25/01/2019

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NlZAN (Paul), écrivain français (Tours 1905 - A udruicq, Pas-de-Calais, 1940). Malgré une formation des plus classiques (Henri-IV, l'École normale supérieure, l'agrégation de philosophie en 1929), un voyage à Aden brise le codes vérités abstraites : en 1932, Aden Arabie fait le bilan de cette expérience, tandis que les Chiens de garde entreprennent la démolition de l'idéalisme universitaire et de la philosophie en chambre qui jamais n'a sauvé personne. Nizan, qui a adhéré au parti communiste, devient un journaliste militant à l'Humanité (1935), où il assure la politique étrangère, puis à Ce soir en 1937. De cette activité extérieure reste Chroniques de septembre : on y voit Nizan réfléchir à la fonction du journaliste politique qui écrit l'histoire au jour le jour et qui se heurte au problème constant des sources de son information. Avant de mourir en juin 1940 dans la retraite de Dunkerque, Nizan avait eu le temps de publier trois romans [Antoine Bloyé, 1933 ; le Cheval de Troie, 1935 ; la Conspiration, 1938). Il avait eu le temps aussi de rompre bruyamment avec le P. C. F., parce qu'il n'avait pas voulu comprendre la « nécessité » du pacte germano-soviétique. Nizan paya cher, même de façon posthume, cette rupture : après la Libération, le P. C. F. l'accusa d'avoir trahi et émargé au ministère de l'intérieur. Il allait glisser dans un oubli méprisant quand Sartre lança en 1960 la petite bombe de sa préface à la réédition d’Aden Arabie.

 

Sartre, c'était le compagnon de « tume » de la rue d'Ulm. Il ne se proposait cependant ni d'égrener des souvenirs de jeunesse ni de « réhabiliter » Nizan — ce qui supposait l'adhésion préalable à la logique stalinienne. Il voulait lui donner une existence : le contraire d'une biographie. Des années de leur adolescence émerge l'image d'un jeune homme, dandy et désespéré, hanté par le besoin d'un engagement, d'une cause à défendre et pour laquelle mourir. Par-delà la guerre, Nizan, « l'homme qui a dit non jusqu'au bout », devient le contemporain des « Angry Young Men » des années 60. Cet extrémisme et ce refus de l'ordre bourgeois, l'enfance l'explique : enfant de vieux, d'un ouvrier triste d'avoir renié sa classe et d'une « vieille bourgeoise enfantine », Nizan ne vit jamais dans l'avenir que la lueur sinistre qui éclairait le passé de son père (« Des mutilations nous attendent. Après tout nous savons comment vivent nos parents »). De là était sorti Antoine Bloyé, roman du dégoût. Angoisse d'être gagné par l'ennui et l'habitude. Désir de devenir un homme nouveau, en sortant de soi : indifféremment, le marxisme servit à tout ; et, quand ses représentants trahirent à leur tour, il ne resta plus qu'à revenir à la révolte anarchique et désespérée. Tel est le Nizan de Sartre : cohérent, exemplaire et, du coup, si familier.

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