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nouveau roman.

Publié le 16/11/2013

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nouveau roman. courant littéraire qui se développa en France entre 1950 et 1970, et qui tenta de renouveler la pratique romanesque. D'abord simple étiquette journalistique, le terme fut ensuite revendiqué par certains jeunes écrivains (Alain Robbe-Grillet, Jean Ricardou). Sans jamais faire partie d'une école, ni même d'un groupe cohérent, nombre d'auteurs gravitèrent autour de l'idée d'un « nouveau roman ». Le fait que nombre d'entre eux furent publiés par Jérôme Lindon aux Éditions de Minuit leur assura une cohésion supplémentaire. Une autre vision du réel. Symbole de l'Ère du soupçon (Nathalie Sarraute, 1950), le nouveau roman, qui déconstruit la relation habituelle entre l'auteur et le lecteur, passe par le rejet du roman dit « traditionnel » centré sur l'évolution psychologique de personnages selon un ordre strictement chronologique. C'est ainsi que Michel Butor s'attache à saisir au contraire plusieurs trames temporelles dans le seul mouvement de l'écriture (Passage de Milan, 1954), ou Claude Simon à marquer tout le travail de la mémoire sur les faits (le Vent, 1957 ; la Route des Flandres, 1960), cependant qu'Alain Robbe-Grillet promène son lecteur dans des labyrinthes narratifs sur lesquels ce dernier n'a plus de prise (les Gommes, 1953 ; la Jalousie, 1957). Il ne faut pourtant pas se méprendre : si le nouveau roman condamne l'illusion réaliste ou psychologique du roman traditionnel, c'est au profit d'une autre conception du réel et de la psyché. Dans une société régie par une consommation démultipliée et devant la perte de la maîtrise du monde par la conscience d'un sujet, l'individu ne domine plus l'ensemble des perceptions et des objets produits. L'écrivain ne peut donc plus décrire la trajectoire sentimentale d'un individu, mais seulement donner à lire les aventures de la psyché jetée dans un monde de choses (les Choses, Georges Perec, 1965 ; Histoire, Claude Simon, 1967 ; Dans le labyrinthe, Alain Robbe-Grillet, 1959). Tantôt le romancier cherche, par un style le plus neutre possible, pour ainsi dire « objectal », à donner le point de vue des objets (le Voyeur, 1955, Alain Robbe-Grillet) ; tantôt, par une écriture qui se rapproche au mieux des perceptions immédiates et du flux de conscience, il tente d'octroyer à l'univers la puissance de l'immaîtrisable (Molloy, Samuel Beckett, 1951). Le roman de l'écriture. C'est aussi ce qui pousse les nouveaux romanciers à se soucier particulièrement de l'écriture elle-même pour la mettre en scène au-delà des jeux sur les structures narratives ou énonciatives (la Modification, Michel Butor, 1957 ; la Mise en scène, Claude Ollier, 1959) : l'écriture romanesque devient le roman de l'écriture. Le réel n'est pas seulement pris dans les rets de la subjectivité, du point de vue et de la mémoire, mais aussi dans ceux du langage. Les jeux de l'écriture figurent ainsi comme les objets privilégiés du travail romanesque. On voit ainsi que le nouveau roman ne fait guère que souligner l'évolution du rapport au réel et à l'écriture mis en jeu depuis Mallarmé, Woolf, Proust, Joyce et Faulkner, et ce n'est donc pas un hasard si l'oeuvre de Beckett ou celle de Sarraute figurent à leur voisinage. Marguerite Duras, Claude Ollier, Jean Cayrol, Claude Mauriac et Robert Pinget se sont inscrits, surtout dans leurs premières oeuvres, dans la mouvance du nouveau roman, tandis qu'Alain Robbe-Grillet (Pour un nouveau roman, 1963) et Jean Ricardou (Pour une théorie du nouveau roman, 1971 ; le Nouveau Roman, 1973) en fournirent la théorie. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Beckett Samuel Butor Michel Duras (Marguerite Donnadieu, dite Marguerite) France - Arts - Littérature - Le XXe siècle Minuit (Éditions de) Ollier Claude personnage Pinget Robert Robbe-Grillet Alain roman - La quête d'une identité Sarraute Nathalie Simon Claude Les livres Robbe-Grillet Alain, page 4406, volume 8

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