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préciosité, n.

Publié le 29/11/2013

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préciosité, n.f., raffinement extrême des expressions et des sentiments. LITTÉRATURE : le terme est d'un emploi ambigu. Pris de manière vague et anhistorique, il désigne toute production langagière, littéraire ou non, qui use d'un vocabulaire recherché, préférant la périphrase au mot le plus simple, et qui témoigne d'un désir d'épuration ou d'élévation des échanges linguistiques ou sentimentaux (c'est ainsi que Jean Giraudoux, Stéphane Mallarmé, la poésie baroque de Gongora ou courtoise de Marcabrun peuvent passer pour précieux) ; envisagée de manière strictement historique, la préciosité désigne un mouvement qui connut son plein essor dans les années 1650-1660 et qui fut lié au développement des salons mondains (depuis celui de MMe de Rambouillet, le plus illustre, jusqu'à ceux de MLLe de Scudéry ou de MMe de Sablé). Précieuses et préciosité. Le paradoxe de la préciosité tient au fait qu'aucune femme ne s'en est jamais réclamée - au contraire, la plupart de celles qui semblaient visées (à commencer par MLLe de Scudéry) s'en démarquèrent explicitement -, et qu'en même temps le Dictionnaire des précieuses (1660) de Somaize, en donnant la liste des prétendues précieuses, recensait en fait toutes les dames importantes de la société mondaine : entre ce rien et ce tout, la préciosité n'apparaissait en réalité que comme « figure de rhétorique ». La préciosité existait bien comme « corps des précieuses » (comme on parle au sens figuré d'un corps d'armée), mais sans qu'aucun corps réel vienne en revendiquer l'appellation, ainsi que le souligne Michel de Pure (la Précieuse ou le Mystère des ruelles, 1656-1658). Or cette situation correspond aussi à l'essentiel du discours « précieux » qui donnait à tout ce qui approchait d'un peu trop près la matérialité des corps le tour d'une figure de style. Préciosité et culture mondaine. On connaît ordinairement la préciosité par la caricature qu'en fit Molière, saisissant le sujet à la mode lorsqu'il arriva à Paris (les Précieuses ridicules, 1659) ; il semble bien qu'il n'existait de précieuse que ridicule. Chaque fois que le nom apparaissait, il était utilisé pour dénigrer ou disqualifier une personne ou une conduite. Il n'y avait pas de « modèle précieux » qui fût exempt de caricature, pour la simple raison que le terme servit dès le début à critiquer les positions jugées excessives des tenants de la galanterie ou du tendre. Plus encore, c'était la nouvelle prééminence des salons mondains, et particulièrement des femmes qui y paraissaient, qui était visée. La préciosité désignait donc moins un mouvement autonome que les excès et les risques de la société mondaine. C'est ce qui a fait longtemps confondre les usages des salons et la préciosité. Préciosité, galanterie ou tendre partageaient en effet le goût de la conversation mondaine, de la discussion infinie sur l'amour, des petits genres poétiques comme l'impromptu ou les bouts-rimés (poèmes improvisés où l'on impose des rimes), des lettres (mises à la mode par Guez de Balzac) lues en public, des portraits, bref tout le savant exercice des jeux mondains qui prenaient place souvent dans les « ruelles » des dames. En ce sens, la préciosité concernait autant les auteurs à la mode dans les salons (Voiture, Pellisson, Chapelain, Benserade, Gombault, MLLe de Scudéry) que les nobles qui les recevaient. Le raffinement précieux indiquait les limites et les ridicules potentiels de tels nouveaux usages parmi les gens de la « bonne société ». Car le danger social de ces salons tenait à ce qu'ils redistribuaient les rôles sociaux : non seulement des roturiers, pour peu qu'ils fussent d'élégants poètes ou de galants écrivains, participaient désormais à la vie quotidienne des salons nobles, mais encore la société mondaine aspirait à devenir l'arbitre à la fois des élégances et du bon usage du savoir, autrement dit elle prétendait récupérer à son profit le domaine des érudits. Si les précieuses apparurent comme des femmes savantes, ce fut à la fois pour figurer le danger d'une « féminisation » des courtisans (devenir un galant de salon plutôt qu'un vaillant soldat) et l'abus d'une récupération de l'autorité des savants. Préciosité et histoire littéraire. Si la préciosité a longtemps été considérée comme un moment important, quoique négatif, de l'évolution historique, c'est que l'histoire littéraire qui, au XIXe siècle, inventa la notion de « classique » avait trouvé dans son opposition à la préciosité une manière de résumer le mouvement du XVIIe siècle : depuis les excès baroques et le préclassicisme de Malherbe jusqu'à la parodie précieuse, puis enfin la venue de la raison et de la pureté authentique avec les « classiques ». Mais si l'on veut bien admettre que la préciosité ne représente jamais que l'image réfractée de la vie et de la culture mondaines, alors on comprend que des auteurs comme Corneille, Racine, La Fontaine ou Molière lui-même aient pu en subir l'influence manifeste. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats classicisme - Littérature Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Angennes (Julie-Lucine d') Astrée (l') classicisme - Littérature - Classiques et classes Desmarets de Saint-Sorlin Jean Guirlande de Julie (la) Jodelet (Julien Bedeau, dit) Marino Giambattista Rambouillet (hôtel de) ruelle Sablé (Madeleine de Souvré, marquise de) Somaize (Antoine Baudeau de) Tendre (carte du) Viau (Théophile de) Voiture Vincent Les livres préciosité, page 4094, volume 8

« érudits.

Si les précieuses apparurent comme des femmes savantes, ce fut à la fois pour figurer le danger d'une « féminisation » des courtisans (devenir un galant de salon plutôt qu'un vaillant soldat) et l'abus d'une récupération de l'autorité des savants. Préciosité et histoire littéraire. Si la préciosité a longtemps été considérée comme un moment important, quoique négatif, de l'évolution historique, c'est que l'histoire littéraire qui, au XIX e siècle, inventa la notion de « classique » avait trouvé dans son opposition à la préciosité une manière de résumer le mouvement du XVII e siècle : depuis les excès baroques et le préclassicisme de Malherbe jusqu'à la parodie précieuse, puis enfin la venue de la raison et de la pureté authentique avec les « classiques ».

Mais si l'on veut bien admettre que la préciosité ne représente jamais que l'image réfractée de la vie et de la culture mondaines, alors on comprend que des auteurs comme Corneille, Racine, La Fontaine ou Molière lui-même aient pu en subir l'influence manifeste. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats classicisme - Littérature Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Angennes (Julie-Lucine d') Astrée (l') classicisme - Littérature - Classiques et classes Desmarets de Saint-Sorlin Jean Guirlande de Julie (la) Jodelet (Julien Bedeau, dit) Marino Giambattista Rambouillet (hôtel de) ruelle Sablé (Madeleine de Souvré, marquise de) Somaize (Antoine Baudeau de) Tendre (carte du) Viau (Théophile de) Voiture Vincent Les livres préciosité, page 4094, volume 8. »

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