Taaffe, Edouard, comte

Homme d'Etat autrichien né à Vienne, mort à Ellischau, Bohême (1833- 1895). Taaffe était d'ascendance irlandaise. Son père, le comte Louis Patrick Taaffe (1791-1855), détint le portefeuille de la Justice dans le ministère Kolowrat en 1848 et devint plus tard président de la Cour suprême. Taaffe lui-même était l'un des compagnons de jeu de François-Joseph. Il entra en 1852 au service de l'Etat, devint administrateur de Salzbourg en 1863, gouverneur de la Haute-Autriche en 1867 et, en mars de la même année, ministre de l'Intérieur dans le cabinet du comte Frédéric-Ferdinand Beust. En avril, il devint membre du Conseil de l'Empire et fut ministre de la Défense nationale et de la Sûreté publique dans le ministère bourgeois du prince Charles Auersperg. Il fut président du Conseil de septembre 1868 à janvier 1870, ministre de l'Intérieur d'avril 1870 à février 1871, ensuite gouverneur du Tyrol. Après la démission du ministère Adolphe Auersperg, Taaffe devint à nouveau, en février 1879, ministre de l'Intérieur et président du Conseil le 12 août. Ainsi débuta un ministère qui devait durer quinze ans. Taaffe fut l'un des appuis les plus sûrs de François-Joseph dans les efforts entrepris par ce dernier en vue de maintenir l'efficience du système de gouvernement dualiste. Ce fut la période de la vie de l'empereur la plus féconde et la plus riche en succès. Taaffe se fixa comme objectif la Réconciliation des nationalités. Combattu par les libéraux, il s'appuya sur une coalition, composée de conservateurs, de Polonais et de Tchèques, qui lui permit d'exercer un rôle apaisant dans la querelle des nationalités. Ses concessions dans la question des langues et au sujet des écoles populaires déçurent les Allemands, sans satisfaire pour autant les Slaves. En 1882, Taaffe contribua à la démocratisation du droit de vote, en réduisant le cens électoral de 10 à 5 guldens, ce qui étendit le droit de vote à une partie de la paysannerie et de la petite bourgeoisie et amena au Parlement certains éléments antisémites. Sa majorité (le cercle de fer) s'effrita sous l'effet de la victoire du mouvement Jeune-Tchèque. Au début de 1891, Taaffe décréta la dissolution du Conseil de l'Empire et tenta en vain de se rapprocher de la gauche. En vue de mettre fin à l'instabilité parlementaire, il déposa en octobre 1893 un projet de loi électorale peu satisfaisant qui provoqua la chute de son gouvernement. Taaffe avait joué en virtuose de la politique consistant à accorder de petites concessions tactiques. « L'Autriche connut ensuite deux décennies de crises politiques, qui débouchèrent finalement sur la grande catastrophe mondiale. » (E. Miner.) Il se retira honorablement le 11 octobre 1893 et se cantonna dans la vie privée. Il avait épousé la comtesse Irma Csaky von Keresztszegh und Adorjan, qui lui donna cinq enfants.