Treitschke, Heinrich von

Historien allemand né à Dresde, mort à Berlin (1834-1896). Fils d'un général saxon; études d'histoire et de droit à Bonn et Leipzig (1851-1854), priVat-docent pour les sciences politiques à Leipzig (1858-1863), professeur à Fribourg-en-Brisgau (1863- 1866), professeur d'histoire à Kiel (1867), à Heidelberg (1867-1874), à Berlin (1874-1876), historiographe de l'Etat prussien; membre de l'Académie et du Reichstag (1874 -1884). Adhérent au mouvement libéral et national dès sa jeunesse, membre de la Burschenschaft des étudiants nationaux, Treitschke regardait l'Etat comme l'expression réelle d'une communauté morale, destinée à synthétiser les caractères nationaux du peuple dans un esprit idéaliste. Pour lui, l'Etat se substituait à la religion chrétienne, à la foi des enfants, des femmes et des classes inférieures. Seul un Etat national puissant, dont la création n'était pas une question de Constitution mais de pouvoir, pouvait garantir la liberté personnelle. Treitschke répandait ses idées moins par des conférences — il était affligé d'une grave surdité — que par des livres écrits avec une grande perfection de style et pleins d'élégance, par exemple sa Deutsche Geschichte des 19. Jahrhunderts (1789 - 1894), qui est autant une peinture du développement culturel que de l'histoire politique. Dans ses essais et ses livres, Treitschke rédigea le programme du libéralisme national. Dès 1864, partisan convaincu de la politique de Bismarck, plus 'tard de la fondation du nouveau Reich, bien qu'il désapprouvât le fédéralisme de la Constitution et le principe .du suffrage universel, parce que selon lui la bourgeoisie seule avait l'éducation et la connaissance nécessaires au soutien de l'Etat. C'est pour cette même raison qu'il attaqua le marxisme et critiqua l'influence des juifs, non pour des motifs religieux ou racistes, mais culturels, et parce qu'il estimait que les juifs exerçaient une action dangereuse sur le plan des finances publiques.