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volonté de puissance.

Publié le 31/10/2013

Extrait du document

volonté de puissance. Il y a tout lieu de croire qu'Eugénie n'avait pas d'autre objectif que d'assurer, dans l'intérêt supposé de la France, la pérennité de la dynastie. Ainsi peut-on le mieux expliquer sa conduite au cours de cette période et le soin qu'elle apporte à magnifier le comportement militaire du prince impérial. Le rôle qu'elle a ainsi imposé à Louis Napoléon, celui-ci va le payer de tortures sans nombre. Arrivé à Metz le soir du 28, complètement épuisé, il constate aussitôt que tout va très mal: la mobilisation laisse beaucoup à désirer et les approvisionnements font défaut. Quelques jours plus tard, sa première impression confirmée, il écrira : « Tout n'est que désordre, incohérence, retards, dispute et confusion: l'armée est privée de tout, les magasins sont vides, et le chaos est devenu un spectacle coutumier. « Sur le terrain, les constatations d'un jeune officier rejoignent, en les illustrant, celles de l'empereur. Il s'agit du commandant Vidal qui, le 17 août, trois jours après son arrivée au camp de Châlons, placé à la tête de quatre compagnies au lieu des six annoncées, prévient son père: « Nous sommes foutus! « « Ces paroles m'étaient dictées, écrit-il, par la froide appréciation de tout ce que je voyais : absence de commandement ; allées et venues incessantes.de troupes débandées, d'hommes isolés, de fricoteurs; ordres donnés à tort et à travers; distributions irrégulières, incomplètes ou nulles; composition plus qu'hétérogène des troupes réunies au camp de Châlons et qui en faisait un troupeau plutôt qu'une troupe et surtout une inquiétude générale qui donnait aux physionomies un air morne, abattu [...]. Lorsque le général Lacretelle prit le commandement de la division, le 27 août, il réunit les Chefs de Corps, s'informa de la position des régiments, de leurs besoins, donna ses instructions, en un mot, fit ce qui n'avait jamais été fait par personne, et cette sollicitude jeta un rayon d'espoir au milieu de l'accablement général au double point de vue physique et moral. « Du côté des choix stratégiques, cela ne va guère mieux. Au Conseil de guerre que Louis Napoléon a immédiatement réuni, Mac-Mahon déclare vouloir attaquer. Bazaine préconise la défensive et Leboeuf ne sait que recommander. Finalement, il est décidé de donner la priorité à la Lorraine et de laisser l'initiative à l'ennemi, alors qu'on aurait pu utilement s'avancer sur le Rhin et la Moselle. On s'en tiendra à un coup de main sur Sarrebruck, qui sera d'ailleurs bien mené, mais non exploité. Dès les premiers jours, Louis Napoléon a du mal à dissimuler à ses soldats l'état de délabrement physique dans lequel il se trouve. Il passe de longues heures à cheval, une sonde dans la vessie, le corps garni de serviettes pour éponger des pertes qu'il ne peut maîtriser. La façon dont il supporte son calvaire relève de l'héroïsme, s'accordent à dire encore aujourd'hui les médecins. Lorsque la souffrance est trop forte, son fils l'aide à descendre de cheval, il enlace de ses longs bras un tronc d'arbre, inclinant le front sur l'écorce dans laquelle il enfonce ses ongles pour tenter d'oublier sa douleur. Que de temps perdu! Or voilà que les Prussiens passent à l'attaque. En deux jours à peine, ils s'assurent le contrôle de l'Alsace. Le 4 août, Moltke -- il en est le premier étonné -- s'empare de Wissembourg. Le 5, Strasbourg tombe. Frossard qui a attendu en vain l'aide de Bazaine est battu à Forbach. C'est un double désastre. La guerre a pris en peu de temps un cours dramatique. Louis Napoléon, qui souffre toujours le même martyre et sent bien que son prestige est entamé, n'a plus qu'une pensée: protéger Paris. Mais comment? En résistant dans Metz, en prenant position entre Nancy et Frouard, ou en rassemblant toute l'armée à Châlons? Le prince Napoléon Jérôme, Lebrun et Castelnau le poussent à envisager son retour à Paris. Bien que l'idée de quitter ses soldats lui répugne et le fasse hésiter, il finit par s'y résoudre, comprenant qu'il sera plus utile dans la apitale, et que sa présence y devient même indispensable. ugénie, informée du projet, s'y oppose en des termes d'une grande vivacité : « Avez-vous réfléchi à toutes les conséquences qu'amènerait votre rentrée à Paris sous le coup de deux revers? Pour moi, je n'ose prendre la responsabilité d'un conseil. Si vous vous y décidez, il faudrait au moins que la mesure fût présentée au pays comme provisoire. « Il est clair que le retour de Louis Napoléon contrarie les plans de l'impératrice, qui souhaite par ailleurs que Bazaine prenne le commandement. Sa façon de voir semble partagée par les dignitaires du régime. Ollivier déclare: « L'Empereur est un obstacle à la victoire. Il ne peut pas commander et empêche qu'un autre commande à sa place «; voilà pour Bazaine. De leur côté, Persigny, Rouher et Baroche expriment ensemble le voeu que l'empereur reste au front pour partager la victoire finale; voilà pour empêcher son retour. « Donc, conclut l'impératrice, qu'il reste aux Armées puisque c'est son devoir et que son retour inquiéterait plus qu'il ne réconforterait. Mais qu'il n'exerce plus aucun commandement ! « C'est ce qui va se passer. Un bonheur n'arrive jamais seul. Elle a convoqué les Chambres le 9. Le jour même, le Corps législatif renverse Émile Ollivier. Acte doublement dérisoire : si le Corps législatif croit ainsi prendre sa part au redressement nécessaire, il se berce d'illusions; et s'il entend désigner un premier bouc émissaire, il commet une bien piètre injustice. Car près un semestre à peine d'activité, le gouvernement Ollivier ne peut être raisonnablement tenu pour esponsable de l'état de l'armée. Au pire, on peut reprocher à son chef, en tant qu'homme politique, d'avoir eu a part dans une responsabilité collective dont le Corps législatif ne peut lui-même s'affranchir; d'ailleurs, n'este pas celui-ci, bien plus que le président du Conseil, qui a entraîné le pays dans la guerre? Au mépris des lettres patentes qui définissaient ses pouvoirs de régente, Eugénie dévoile alors son jeu en constituant un nouveau gouvernement très marqué à droite, où l'on retrouve, revenu en force, tout le personnel politique de l'empire autoritaire et que dirige Cousin-Montauban. Peu après, sur proposition de Thiers et de Gambetta, Bazaine est promu par acclamations. Dans la foulée, Jules Favre propose la déchéance de l'Empereur, mais, bien qu'elle se situe dans la logique des décisions précédentes, sa proposition n'est pas etenue. ouis Napoléon, lui, ne se fait guère d'illusions sur le sens de tout ce qui vient de se produire. A Leboeuf il onfie, avec un reste d'humour: « Nous sommes destitués tous les deux. « Le 13, il remet son commandement Bazaine. ès lors, il ne sait plus que faire. Commence pour lui un long chemin de croix au cours duquel aucune ouffrance, aucune humiliation ne lui sera épargnée. pectacle pitoyable que celui d'un empereur rongé par la souffrance et errant comme une âme en peine ; d'un mpereur qui encombre, qui dérange et n'a plus de prise sur rien; d'un empereur abandonné, qu'on observe urtivement avec quelque pitié et parfois même avec une pointe de mépris. Que peut-il faire, entre un ouvernement qui veut qu'on le sache aux armées et des chefs militaires qui ont d'autant moins envie de 'entendre que, s'il parle, c'est pour constater leurs erreurs... C'est en vain que son secrétaire particulier, ranceschini Pietri, adresse à Eugénie une dépêche confidentielle, implorant son rapatriement sanitaire. e 14, il quitte Metz. L'impératrice lui a fait dire à nouveau que « s'il revenait à Paris, on lui jetterait à la face lus que de la boue «. e 17, bagage inutile et encombrant, il est à Mourmelon. Napoléon Jérôme est là, qui lui lancera avec une ertaine cruauté, et peut-être le secret espoir de le voir se ressaisir, car la régence n'a rien pour lui plaire: Vous ne commandez plus l'armée, vous ne gouvernez plus, que faites-vous ici? (...) « C'est vrai, lui répond Louis Napoléon, j'ai l'air d'avoir abdiqué. « e voilà qui, brusquement, semble prendre des résolutions : Trochu est à Châlons. Louis Napoléon veut lui onfier Paris et y faire retour avec lui. Plutôt que ne penser qu'à Metz, il faut couvrir la capitale : telle est sa onviction. ugénie ne veut pas en entendre parler ; elle ne craint pas seulement la fin de sa régence, mais une nsurrection : « L'Empereur ne doit pas rentrer, il ne rentrera pas... en tout cas pas vivant. « Et elle le lui fait avoir, cette fois, sans aucun ménagement : « Ne pensez pas à revenir à Paris si vous ne voulez pas déchaîner ne épouvantable révolution... On dirait que vous quittez l'armée parce que vous fuyez le danger. « t Cousin-Montauban de doubler cet avertissement par une dépêche plus officielle : « L'Impératrice me ommunique la lettre par laquelle l'Empereur annonce qu'il veut ramener l'armée de Châlons sur Paris. Je upplie l'Empereur de renoncer à cette idée qui paraîtrait l'abandon de l'Armée de Metz. « eurtri et découragé, Louis Napoléon télégraphie en retour: « Je me rends à votre opinion. « Autour de lui, il onfie : « La vérité, c'est qu'on me chasse. On ne veut plus de moi à l'Armée, on ne veut plus de moi à Paris. « ependant, Mac-Mahon est assez bon pour accepter sa présence. Alors, il reste auprès de lui, et tente, une ernière fois, d'éviter le pire. e toute évidence, le gouvernement veut lancer Mac-Mahon et l'armée de Châlons au secours de Bazaine dont n feint de croire qu'il déborde d'activité et qu'il attire ainsi à lui le maximum de forces ennemies. En fait, la osition que, par paresse, a choisie Bazaine est rien moins que favorable. Stratégiquement, c'est une erreur. ui porter secours présente désormais beaucoup trop de risques. uand Mac-Mahon commence à faire mouvement, Louis Napoléon obtient que Reims soit sa première étape : e là, on peut aller tout aussi bien vers Metz que vers Paris. Et quand Rouher vient auprès d'eux plaider la olution gouvernementale, Louis Napoléon retrouve assez de force pour argumenter et le convaincre de la écessité du retour de l'armée sur Paris. Mais, bien que gagné à cette idée, Rouher ne réussira pas à imposer on nouveau point de vue. azaine ayant fait connaître qu'il a l'intention de faire mouvement vers Montmédy, Mac-Mahon décide de s'y endre. Le mot d'ordre est simple: « Sauver Bazaine «. ouis Napoléon continue de suivre, et se traîne, sans conviction, sans espoir, harcelé par la douleur, abruti par 'opium : « Je suis à bout, dit-il, ah! si je pouvais mourir! « Il a cependant la force d'écrire au maréchal: « Pour moi, qu'aucune préoccupation politique ne domine autre que celle du salut de notre patrie, je veux être votre premier soldat, combattre et vaincre ou mourir à côté de vous, au milieu de mes soldats. « Et le voici à Sedan, où Mac-Mahon se retrouve bientôt enfermé. Louis Napoléon ne veut pas en partir. Il va chercher la mort à défaut de la victoire. Au plus fort de l'affrontement, il se déplace d'un endroit à l'autre, sans but, au pas de son cheval. Spectacle cruel, shakespearien. Encore Richard III, quand il erre sur le champ de bataille a-t-il pu se battre et ourir sa chance. Louis Napoléon ne s'est pas vu offrir la moindre opportunité. Il est hors du jeu, vaincu sans oute avant même que le sort de la bataille ne soit définitivement dessiné... e docteur Auger a raconté ces moments : « De huit heures à midi, je n'ai pas quitté l'Empereur. Les obus et les oulets sifflaient [...] à nos oreilles ou éclataient sous nos pas [...]. Un moment, l'Empereur met pied à terre errière une petite haie. Un obus vient à éclater à dix pas de lui. Si cet homme n'était pas venu là pour se faire tuer, je ne sais en vérité ce qu'il venait y faire. Je ne l'ai pas vu donner un seul ordre pendant toute la matinée. « mile Zola a compris toute la densité dramatique de ces instants. Il en rend compte : « Les balles sifflent, comme un vent d'équinoxe; un obus avait éclaté en le couvrant de terre. Il continua d'attendre. Les crins de son cheval se hérissaient, toute sa peau tremblait dans un instinctif recul devant la mort qui, à chaque seconde, passait sans vouloir ni de la bête, ni de l'homme. Alors, après cette attente infinie, l'Empereur, comprenant que son destin n'était pas là, revint tranquillement. « Plus tard, dans son exil, Louis Napoléon a décrit les sentiments qui l'habitaient, expliquant comment, « témoin impuissant d'une lutte désespérée, convaincu que, dans cette fatale journée, sa vie comme sa mort était inutile au salut commun, il s'avançait sur le champ de bataille avec cette froide résignation qui affronte le danger sans faiblesse, mais aussi sans enthousiasme «. Peu après le drame, il a confié à Eugénie: « Il ne m'est pas possible de te dire ce que j'ai souffert et ce que je souffre [...] j'aurais préféré la mort à une capitulation désastreuse [...]. « Pourtant, la capitulation, c'est lui qui va la décider, dans un sursaut d'autorité. La bataille est perdue et il est devenu inutile d'aggraver encore des pertes terribles. « Assez de sang perdu «, soupire-t-il. On retrouve là l'homme de Solferino, de Montebello, celui qu'a dépeint Canrobert: « Il était presque muet tant la douleur le terrassait: c'était la vue du carnage et non sa propre douleur physique. Les Généraux Ducrot et Verge se demandèrent s'il ne fallait pas regretter d'avoir montré le champ de bataille à l'Empereur. « Louis Napoléon fait hisser le drapeau blanc au sommet de la citadelle. Au roi de Prusse, stupéfait d'apprendre qu'il se trouve là, il adresse un simple billet: « Monsieur mon frère, « N'ayant pu mourir à la tête de mes troupes, il ne me reste plus qu'à remettre mon épée entre les mains de Votre Majesté. « Je suis de Votre Majesté le bon frère. Napoléon « Ambert décrit ainsi la terrible scène finale : « Seul dans un fauteuil de la Sous-Préfecture de Sedan, sous un toit brisé par les obus, entouré de morts et de mourants, il remit son épée à un Aide de Camp chargé de la déposer aux mains du Roi de Prusse. « Il lui reste à prendre une dernière grande décision, une décision dont les motivations, les implications, les conséquences vont passer inaperçues dans la dramatique confusion du moment et la cadence échevelée des événements ultérieurs. Une décision dont le mérite, depuis l'heure de l'interminable hallali, n'a jamais été reconnu. Bismarck, qui n'a rien d'un sot, pose immédiatement la vraie question, la question fondamentale : cette épée que remet Louis Napoléon, quelle est-elle? Celle de l'empereur ou celle de la France? C'est, avec sept décennies d'avance, le choix de 1940 entre l'armistice et la capitulation. Est-ce la France qui se rend ou tout ou partie de son armée? La reddition est-elle un acte politique qui engage la nation toute entière, ou simplement un acte militaire imposé à une fraction de l'armée du fait de sa défaite sur une partie du champ de bataille? ismarck accourt donc en personne auprès de l'illustre prisonnier, pour recueillir de sa bouche la réponse à ette question fatidique. Leur tête-à-tête a lieu le 2 septembre. ismarck propose à Louis Napoléon de négocier. Lui-même y a tout intérêt. Il a gagné. D'ores et déjà, il sait que es buts de guerre sont atteints. A l'intérieur de ce qui va devenir l'Allemagne, la victoire remportée en commun onne un coup d'accélérateur puissant et décisif au processus d'unification. Et le succès prussien ne peut que

« berce d'illusions; ets'il entend désigner unpremier boucémissaire, ilcommet unebien piètre injustice.

Car après unsemestre àpeine d'activité, legouvernement Olliviernepeut êtreraisonnablement tenupour responsable del'état del'armée.

Aupire, onpeut reprocher àson chef, entant qu'homme politique,d'avoireu sa part dans uneresponsabilité collectivedontleCorps législatif nepeut lui-même s'affranchir; d'ailleurs,n'est- ce pas celui-ci, bienplusqueleprésident duConseil, quiaentraîné lepays dans laguerre? Au mépris deslettres patentes quidéfinissaient sespouvoirs derégente, Eugénie dévoilealorssonjeuen constituant unnouveau gouvernement trèsmarqué àdroite, oùl'on retrouve, revenuenforce, toutlepersonnel politique del'empire autoritaire etque dirige Cousin-Montauban.

Peuaprès, surproposition deThiers etde Gambetta, Bazaineestpromu paracclamations.

Danslafoulée, JulesFavre propose ladéchéance de l'Empereur, mais,bienqu'elle sesitue dans lalogique desdécisions précédentes, saproposition n'estpas retenue. Louis Napoléon, lui,nesefait guère d'illusions surlesens detout cequi vient deseproduire.

ALeboeuf il confie, avecunreste d'humour: «Nous sommes destitués touslesdeux.

»Le 13, ilremet soncommandement à Bazaine. Dès lors, ilne sait plus quefaire.

Commence pourluiun long chemin decroix aucours duquel aucune souffrance, aucunehumiliation neluisera épargnée. Spectacle pitoyablequecelui d'unempereur rongéparlasouffrance eterrant comme uneâme enpeine ;d'un empereur quiencombre, quidérange etn'a plus deprise surrien; d'unempereur abandonné, qu'onobserve furtivement avecquelque pitiéetparfois mêmeavecunepointe demépris.

Quepeut-il faire,entre un gouvernement quiveut qu'on lesache auxarmées etdes chefs militaires quiont d'autant moinsenviede l'entendre que,s'ilparle, c'estpourconstater leurserreurs...

C'estenvain quesonsecrétaire particulier, Franceschini Pietri,adresse àEugénie unedépêche confidentielle, implorantsonrapatriement sanitaire. Le 14, ilquitte Metz.L'impératrice luiafait dire ànouveau que«s'il revenait àParis, onluijetterait àla face plus quedelaboue ». Le 17, bagage inutileetencombrant, ilest àMourmelon.

NapoléonJérômeestlà,qui luilancera avecune certaine cruauté, etpeut-être lesecret espoir delevoir seressaisir, carlarégence n'arien pour luiplaire: « Vous necommandez plusl'armée, vousnegouvernez plus,quefaites-vous ici?(...)» — C'est vrai,luirépond LouisNapoléon, j'ail'air d'avoir abdiqué.

» Le voilà qui,brusquement, sembleprendre desrésolutions :Trochu estàChâlons.

LouisNapoléon veutlui confier Parisetyfaire retour aveclui.Plutôt quenepenser qu'àMetz, ilfaut couvrir lacapitale :telle estsa conviction. Eugénie neveut pasenentendre parler;elle necraint passeulement lafin de sarégence, maisune insurrection :« L'Empereur nedoit pasrentrer, ilne rentrera pas...entout caspas vivant.

»Et elle lelui fait savoir, cettefois,sans aucun ménagement :« Ne pensez pasàrevenir àParis sivous nevoulez pasdéchaîner une épouvantable révolution...Ondirait quevous quittez l'armée parcequevous fuyez ledanger.

» Et Cousin-Montauban dedoubler cetavertissement parune dépêche plusofficielle :« L'Impératrice me communique lalettre parlaquelle l'Empereur annoncequ'ilveut ramener l'arméedeChâlons surParis.

Je supplie l'Empereur derenoncer àcette idéequiparaîtrait l'abandon del'Armée deMetz.

» Meurtri etdécouragé, LouisNapoléon télégraphie enretour: «Je me rends àvotre opinion.

»Autour delui, il confie :« La vérité, c'estqu'on mechasse.

Onneveut plusdemoi àl'Armée, onneveut plusdemoi àParis.

» Cependant, Mac-Mahon estassez bonpour accepter saprésence.

Alors,ilreste auprès delui, ettente, une dernière fois,d'éviter lepire. De toute évidence, legouvernement veutlancer Mac-Mahon etl'armée deChâlons ausecours deBazaine dont on feint decroire qu'ildéborde d'activité etqu'il attire ainsiàlui lemaximum deforces ennemies.

Enfait, la position que,parparesse, achoisie Bazaine estrien moins quefavorable.

Stratégiquement, c'estuneerreur. Lui porter secours présente désormais beaucouptropderisques. Quand Mac-Mahon commenceàfaire mouvement, LouisNapoléon obtientqueReims soitsapremière étape: de là,on peut allertoutaussi bienversMetz quevers Paris.

Etquand Rouher vientauprès d'euxplaider la solution gouvernementale, LouisNapoléon retrouveassezdeforce pourargumenter etleconvaincre dela nécessité duretour del'armée surParis.

Mais,bienquegagné àcette idée, Rouher neréussira pasàimposer son nouveau pointdevue. Bazaine ayantfaitconnaître qu'ilal'intention defaire mouvement versMontmédy, Mac-Mahon décidedes'y rendre.

Lemot d'ordre estsimple: «Sauver Bazaine ». Louis Napoléon continuedesuivre, etse traîne, sansconviction, sansespoir, harcelé parladouleur, abrutipar l'opium :« Je suis àbout, dit-il,ah!sije pouvais mourir!». »

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