Devoir de Philosophie

Guêpes et abeilles

Publié le 09/01/2019

Extrait du document

UN PSYCHISME ETONNANT

Les guêpes et les abeilles constituent avec les fourmis l'ordre des hyménoptères. C'est l'ordre d'insectes le plus diversifié après celui des coléoptères. Il est remarquable par l'apparition, dans trois lignées différentes, d'une vie sociale souvent très complexe. Néanmoins, fourmis, guêpes et abeilles sociales ne représentent qu'un peu plus de 15000 espèces sur 140000 à 150000 que comprend l'ordre entier. En effet, 90 % des hyménoptères ont des mœurs solitaires, ce qui n'empêche pas les groupes les plus évolués de développer des comportements très complexes, qui annoncent par certains côtés les mœurs et les performances de leurs cousins sociaux.

plus développées que chez les autres insectes. Ce caractère évolué n'est visible qu'à la dissection. Dans leur aspect extérieur, les hyménoptères ont conservé une allure plutôt primitive.

 

La division du corps en trois parties, tête, thorax et abdomen, est bien marquée. Chez les tenthrèdes, les hyménoptères les plus primitifs, l'abdomen fait suite directement au thorax sans rupture. La grande majorité des espèces, au contraire, présente un étranglement plus ou moins marqué passé dans le langage populaire sous le nom de « taille de guêpe ». Le premier segment de

ORIGINE

L'origine des hyménoptères remonte à près de 300 millions d’années, à l'ère Primaire. Au Secondaire, durant le Jurassique, à l'époque où les dinosaures dominaient le monde, ils connaissent un épanouissement important, autour de deux lignées distinctes : les tenthrèdes et les guêpes parasites.

 

Le groupe des hyménoptères à aiguillon n’apparaît qu'au Crétacé, période qui s'achève avec la disparition des dinosaures, au moment où les plantes à fleurs se diversifient. Les deux faits sont liés : guêpes et abeilles adultes ne se nourrissent pratiquement que du nectar et du pollen des fleurs, participant en retour à leur pollinisation. Les hyménoptères de l'ère Tertiaire nous sont bien

l’abdomen est normal et se fond avec le thorax. C'est le second segment qui est rétréci.

 

Les espèces les plus primitives, ou dont la progéniture est nourrie de proies, ont gardé les pièces buccales broyeuses de leurs ancêtres. Chez les espèces se nourrissant du nectar des fleurs, en particulier dans le vaste groupe des abeilles, certaines pièces de la bouche se sont transformées pour constituer une langue lécheuse plus ou moins longue.

 

Les ailes ont également gardé le type primitif, fin et transparent, avec quelques évolutions. La nervation est très sim-

PORTRAITS DE FAMILLE

Les tenthrèdes

 

Ces guêpes très primitives ont conservé le régime alimentaire végétarien de leurs ancêtres. Adultes comme larves dévorent les tissus

des plantes pour se nourrir. Très actives et ressemblant à des chenilles, les larves consomment surtout le feuillage, mais s'attaquent parfois aux tiges et aux rameaux, aux fruits, et même au bois des troncs comme les sirex. Certaines tenthrèdes peuvent pulluler et poser des problèmes aux agriculteurs.

Les porte-tarière ou térébrants

 

Ces guêpes, souvent de taille modeste, se distinguent par un ovipositeur fin et très développé. Les cynips sont bien connus de tous par les galles qu'ils provoquent La boule chevelue sur les tiges d'églantiers est une galle due au cynips de l'églantier.

 

• Les ichneumons ont une allure

connus grâce aux fossiles inclus dans \\'ambre.

MORPHOLOGIE

Le psychisme particulièrement développé pour des insectes se traduit par des masses nerveuses

plifiée, les ailes antérieures sont toujours plus grandes que les ailes postérieures, et elles sont attachées deux à deux par un système de crochet augmentant l'efficacité du vol.

 

Les femelles portent au bout de l'abdomen un organe destiné à la ponte, l'ovipositeur. Chez les tenthrèdes, il prend un aspect denté caractéristique, qui leur a valu le nom de « mouches à scie ». Encore fonctionnel chez les guêpes parasites, il s'effile et devient un

aiguillon pour inoculer le venin chez les guêpes chasseresses, les fourmis et les abeilles.

« U NE LARVE CHOYÉE L'instinct reproducteur des hyménoptères est très développé, pour aboutir chez les familles les plus évoluées aux espèces sociales dont l'organisation est remarquable.

Mais aucune espèce solitaire ne laisse sa progéniture livrée à elle-même.

la larve n'a jamais à chercher sa nourriture.

Chez les tenthrèdes primitives et les térébrants végétariens, le maternage se réduit souvent à la seule recherche de la plante-hôte.

la femelle pond ses œufs directement sur le garde-manger.

À sa naissance, la larve peut immédiatement commencer à s'alimenter.

Chez les espèces parasites et certaines guêpes chasseresses, la mère se contente également de déposer ses œufs sur les futures proies.

Mais elle doit faire preuve de persévérance, et même d'opiniâtreté, pour trouver l'insecte qui convient à sa larve.

Ainsi certains ichneumons parviennent à détecter leur proie grâce à leurs fines antennes, au travers de plusieurs centimètres de bois.

D'autres doivent percer des nids de mortier épais et très résistant, pour inoculer leurs œufs grâce à leur ovipositeur très fin.

les scolies repèrent les grosses larves de coléoptères vivant dans le sol, avant de creuser pour les paralyser et pondre leur œuf dessus.

Chez la plupart des guêpes chasseresses et des abeilles, la femelle construit un nid qu'elle approvisionne ensuite.

les guêpes, dont les larves sont carnivores, capturent de petites proies, insectes ou araignées.

Pour assurer fraîcheur des vivres et sécurité de la larve, les proies sont paralysées.

Ces chirurgiens au geste d'une grande précision savent par instinct exactement où piquer pour paralyser leurs proies.

L'organisation du système nerveux des insectes varie selon les groupes et les espèces.

Mais chaque guêpe connaît l'anatomie de ses proies.

Celles qui chasse les araignées ne frappent pas au même endroit que celles qui chassent les chenilles, les mantes ou les buprestes.

les abeilles nourrissent leurs larves avec une pâtée de miel et de pollen.

Elles accumulent le plus souvent les provisions dans une cellule avant de pondre et de la clore.

Chez certaines espèces, comme les osmies, la femelle aménage plusieurs cellules à la file dans un conduit.

Comme les mâles éclosent avant les femelles, elle met les cellules des femelles au fond, et celles des mâles près de la sortie.

Ces instincts remarquables ont été étudiés notamment par Jean-Henri Fabre qui fut l'un des premiers à attirer l'attention sur ces faits.

DES BATISSEURS HORS PAIR Pour mettre leurs larves à l'abri des dangers du monde extérieur, la plupart des hyménoptères, solitaires ou sociaux, les isolent dans un nid où se concentre la nourriture.

Ces nids prennent des formes très diverses et sont construits avec une large palette de matériaux.

MINEURS DE FOND la plupart des guêpes et des abeilles solitaires creusent un terrier.

les halictes sont capables d'attaquer un sol très dur, et même de la pierre tendre comme la craie.

les bembex, au contraire, sont passés maîtres dans l'art de fouir dans du sable sec qui s'éboule aussitôt.

Certains préfèrent le sol horizontal.

d'autre les parois verticales des talus.

Certains odynères, des guêpes, et certaines andrènes, des abeilles, n'évacuent pas les déblais de creusement de leur nid.

Ils les agglomèrent en petites boulettes maçonnées à son entrée en une cheminée élégante et ajourée, souvent coudée.

Quand le moment est venu de boucher une cellule ou de clore définitivement le nid, ils ont les matériaux nécessaires à leur disposition.

SQUATTERS DE GALERIES Beaucoup d'espèces sont opportunistes et se contentent de réutiliser des galeries existantes.

Si certaines creusent le bois mort, comme les xylocopes, ou la moelle tendre de certaines tiges coupées, beaucoup récupèrent une galerie de sortie d'un insecte ou d'un ver, dans le bois comme dans la terre, ou une tige creuse de graminée ou d'ombellifère.

L'osmie est parfois appelée l'« abeille des fenêtres » car elle aménage souvent son nid dans le trou d'écoulement des eaux des fenêtres, mais certaines espèces se contentent des coquilles d'escargot ou des coquilles d'œuf.

MAÇONS DIVERSEMENT QUALIFIÉS Pour fermer les cellules installées dans des galeries, ou pour construire la totalité du nid, beaucoup d'hyménoptères travaillent la terre.

Mais tous ne sont pas aussi doués.

la plupart se contentent de travailler une terre humide et argileuse, qui ne résiste qu'à l'abri des intempéries, comme celui des pélopées.

Ces guêpes construisent un nid de terre friable placé à l'abri d'un rebord de rocher ou dans un bâtiment.

Mais d'autres fabriquent, grâce à leur salive, un mortier aussi dur que notre meilleur béton armé.

Ainsi travaille le chalichodome des murailles.

Il monte ses cellules cylindriques avec des petits cailloux liés au mortier, avant de recouvrir le tout d'un ciment très fin, difficile à attaquer sinon avec de bons outils.

les eumènes, ou guêpes potières, sont remarquables par la beauté de leurs cellules qui ressemblent à un pot au col évasé.

MATÉRIAUX VÉGÉTAUX DE TOUTE NATURE Certaines abeilles travaillent divers matériaux végétaux pour construire leurs cellules, généralement abritées dans le sol ou dans un trou quelconque.

les mégachiles et certaines osmies découpent des feuilles ou des pétales de fleurs.

Elles en tapissent leurs cellules, réalisant ainsi une paroi souple et lisse qui ne blesse pas le délicat épiderme de leurs larves.

Des anthidies mettent en œuvre la résine récoltée sur diverses plantes, alors que d'autres rasent les tiges poilues pour en carder le duvet.

UN PSYCHISME TRÈS ÉVOLUÉ Cet instinct reproducteur hypertrophié, qui conduit les femelles des guêpes et des abeilles solitaires à investir beaucoup de temps et d'effort pour assurer l'approvisionnement.

la sécurité et le confort de leurs larves, s'accompagne d'un psychisme très développé pour des insectes.

Traditionnellement, on oppose l'instinct des insectes, qui réagiraient presque mécaniquement aux sollicitations du monde extérieur, aux comportements appris des vertébrés supérieurs, et notamment de l'homme qui se distingue par son intelligence.

Si l'instinct joue un rôle très important dans le comportement des hyménoptères, d'autres qualités entrent en jeu, comme la mémoire ou l'anticipation.

P AS 51 BlTES Pour chasser ou pour butiner, ces insectes doivent souvent s'éloigner du nid.

L'entrée en est parfois soigneusement camouflée.

Pourtant, ils le retrouvent avec une facilité étonnante.

Cela ne peut s'expliquer que par une reconnais­ sance des lieux, _�..-......a •• donc un apprentis­ sage, une mémorisation et un bon sens de l'orientation.

les expériences classiques de Jean-Henri Fabre sur les abeilles ou du prix Nobel N.

Tinbergen sur les guêpes ont mis en évidence la plupart de ces processus, aussi bien le repérage à courte distance de l'entrée d'un nid camouflé, que le retour au nid après un éloignement forcé d'un kilomètre ou plus, distance considérable pour d'aussi petits animaux.

Ces performances sont encore plus remarquables dans le cas de guêpes chasseresses qui ne reviennent pas au nid en volant, mais en tirant leur proie trop lourde au sol.

Autre signe de ces facultés psychiques étonnantes, l'utilisation d'un outil.

Certaines guêpes chasseresses du genre ammophile construisent un terrier en terrain meuble.

Quand elles rebouchent l'entrée, la ponte terminée, elles recherchent dans les environs un petit caillou qu'elles prennent entre les mandibules.

Puis elles reviennent damer par des hochements de tête la terre bouchant l'entrée du terrier.

ILS PRÉVOIENT L'AVENIR la faculté de choisir le sexe de l'œuf pondu implique également chez les femelles des capacités d'anticipation.

le mâle étant en général plus petit que la femelle, il a besoin de moins de nourriture.

Quand le pompile chasse l'araignée unique qui nourrira la larve, il adapte sa taille au sexe de l'œuf qu'il pond dessus.

Il est donc capable d'évaluer cette taille en fonction de la ponte qui ne s'est pas encore produite, ce qui implique la capacité d'anticiper.

Par le même processus, l'osmie construit au fond d'une galerie les grosses cellules des femelles, et au bord les petites cellules des mâles destinés à sortir les premiers.

DES AUXILIAIRES PRECIEUX Of r A. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles