Aucassin et Nicolette
Publié le 22/02/2013
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Deux genres importants dominent la production littéraire au Moyen Age : la chanson de geste (dont la célèbre Chanson de Roland), qui constitue l'épopée médiévale, et le roman courtois, à l'origine de la tradition romanesque occidentale. C'est à ce dernier qu 'appartientAucassin et Nicolette. Aucassin et Nicolette a été conçu pour être dit, chanté et probablement mimé. Au Moyen Age, un récit suppose toujours la mise en scène d'un spectacle.
«
~------- EXTRAITS ------- -
ICI, ON CHANTE
Qui veut ouïr de bons vers, -sur la joie [et
la douleur] -de deux beaux petits enfants,
- Nicolette
et Aucassin, -les grandes
peines qu'il souffrit -et les prouesses qu'il
fit -pour sa mie au clair visage
? - Doux
est le chant, beau le conte, -courtois
et
bien raconté .
- Nul homme n'est si marri,
- si indolent, si mal en point, -malade .
de
si grand mal, -
qu'à l'ouïr, il ne soit guéri
- et ragaillardi de joie : - tant
la fable est
douce!
ICI, ON PARLE
-« Père,fait Aucassin, que dites-vous là ?
Que jamais Dieu ne m'accorde chose que
je lui demande, si je deviens chevalier, si je
monte à cheval, si je vais au combat ou à la
bataille frapper les chevaliers et recevoir
leurs coups,
avant que vous ne m'aye z
donné N icoleite , ma douce amie, que j'aime
tant! »
-« Fils, fait le père,
cela ne pourrait être.
Laisse là Nicolette ;
car c'est une captive
qui
fut amenée de
terre étrangère:
le vi
comte de cette ville l'a
achetée aux Sarrasins
et amenée ici ;
il /'a
levée sur les fonts,
baptisée et
faite sa
filleule, et il lui don-
« ...
aussi la fêtèrent ils avec éclat et la
conduisirent-ils au
palais .
au milieu des
plus grands
honneur s, comme
il convient à une fille
de roi.
»
nera, un de ces jours, un bachelier qui lui
gagnera son pain honorablement.
De cela,
tu n'as que faire ; et, si tu
veux prendre
femme,
je te donnerai la fille d'un roi ou
d'un comte :
il n'y a si
puissant homme en
France dont tu
n'aies
la fille, si tu la veux
avoir.
»
-«laissez, père ! fait
Aucassin.
Où est au
jourd'hui sur terre si
haut titre d'honneur,
que, donné à Nicolette,
ma très douce amie, il
ne soit bien
placé en
elle
? Si elle était impé
ratrice de Constanti
nople ou d'Allemagne
ou reine de France ou
d'Angleterre, ce serait
encore bien
peu pour
elle, tant elle est noble
et courtoise et de franc
cœur et douée de toutes
bonnes qualités !
»
ICI, ON PARLE
Aucassin était au castel
de Ture/ure, à grande
aise
et grand déduit ,
car il avait avec lui Nicolette, sa douce
amie, qu'il aimait tant.
Et, tandis qu'il était
en telle aise
et tel déduit, une flotte de
Sarrasins vint
par mer, assaillit le château
et
le prit par force.
Ils pillèrent les biens et
emmenèrent captifs et captives.
Ils firent
prisonniers Aucassin et Nicolette, lièrent
Aucassin par les mains et
par les pieds, et
le jetèrent en une
nef et Nicolette en une
autre.
Sur mer,
ils' éleva une tourmente qui
les sépara .
« Il trouva les
petits bergers ( ...
) sur l'herbe et
mangeant leur pain
dan s la joie et la gaieté.»
NOTES DE L'ÉDITEUR
Une chantefable ironique
«L'inspiration de cette" chantefable "est à
peu près continuellement ironique, voire
parodique.
L'épisode de Turelure , le monde
à l'envers, avec sa bouffonnerie
qu'on a
parfois trouvée excessive,
n'est que
l'expression la plus voyante
d'un tour
d'esprit qui se manifeste dès le
début.( ...
)
Ainsi, tandis
qu'il est de l'essence même de
la littérature courtoise que
l'amour y soit source
de prouesse et de toute vertu,
Aucassin, parce
qu'il aime, renie ses
devoirs et refuse de se battre ; et quand,
dans la suite, la pensée
d'amour le sais it,
elle ne produit en lui qu'inertie, distraction,
maladresse.
Son aventure de guerre est une
évidente parodie des exploits
chevaleresques.
» Albert Pauphile t,
introduction, Gallimard, 1952.
XIIe et XIIIe siècles pose un problème.
Faut-il
admettre que ceux qui appréciaient la finesse
et l'élégance de
l'univers
chevaleresque aient
pu aussi se réjouir de la grossièreté d'un
uruvers réel encore très rude? Oui, si l'on voit
bien que le rire médiéval
naît avant tout de la
franche observation du monde comme
il va,
qu'il est acquiescement à la
réalité- donc aux
turpitudes qui n'excluent pas les plus purs
élans
-et non profanation d'une image
1, 2, 3 g rav.
de Lo uis Bousq ue t, H.
Jo nqui ères éd ., P a ris, 1946
« Au lecteur enthousiaste des épopées et des
romans courtois, la littérature comique des idéale.
»Histoire de la littératur e, Bordas
,
1972.
ANONYME0 7.
»
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