Aucassin et Nicolette - fiche de lecture.

« AUCASSIN ET NICOLETTE.

Chantefa­ ble picarde du début du xme siède.

Aucassin et Nicolette est le seul écha n­ tillon du genre littéraire qu'on désigne par le mot de cha ntefabl e - ce terme n 'apparaît qu' une seu le fois, à la fin de notre texte : 21 strophes assonancées d'heptasyllabes à ve rs orp h elin s, faites p o ur être chantées (or se cante) sans être pour aut an t de simples haltes lyri­ ques, alternent avec 20 morceaux de pro se destinés à la rédtatio n annoncés par la formule «o r dient et co ntent et fablent ».

n n'existe, d'autre part, qu 'un seul ma nuscrit d'Aucassin et Nicol ette (Paris, Bibliothèque nationale, manuscri t français, 2168) : faut-il pen­ ser qu'on a fait dispa raître les copies d'un texte jugé trop subver sif? Cet te œuvre, qui est peut-être un mime à un ou deux personnages, séd uit par un mélange exquis de vers et de prose, de poésie raffinée et de scènes burlesques.

L'auteur, qui prétend s'appeler le Vieil Antif (c'est le n om du ch eval de Ro land ), repr e nd des formules épiques p our conte r les aventures et les amours de deux jouvenceaux : Nicolette, au nom bien français, est d'origine sarra-sine, et l 'autre, Aucassin, prince chré­ tien de Beaucaire, porte le nom d 'un roi maure de Cordoue.

Mais il est possi­ ble que, s ur ce premier jeu de mots, s'en greffe un seco nd , fo ndé sur le pro­ ve nçal de Beau caire : Aucassin serait l'« aucassa • (d érivé d'a u ca, "oie»}, l'oison un peu niais mais sympathiq ue, et N icole tte se ra it celle qui fait la "nica ,., la futée qui se moque d'autrui.

Le vieux comte de Beaucaire, assiégé dans sa ville par Bougars de Valence, adjure son fils Aucassin de prendre la tête des défenseurs ; celu i· d n'acceptera que s i son père lui donne en mariage Nico l ette, une jeune esclave sarrasine.

rachetée et élevée par le vicomte de la ville .

Le père refuse avec indigna'lion : il veut pour Aucas­ sin une femme de haut parage.

Recluse dans une chambre , Nicolette regarde la campagne.

pense à son ami et songe à s'enfuir, tandis que le j eune homme la cherche en vain.

Interrogé, le vicomte essaie de l'en détourner : Aucassin ne saurait faire de Nicolett e sa femme ni sa mai'tresse sans se condamner à l'enfer.

À quo i le héros riposte qu'il préfè .re au paradis des bigots et des dévotes l'enfer des chevaliers.

des clercs et des belles dames.

Son père lui ayant adressé une nouvelle exhortation, Aucassin veut bien aller se battre, à condition de pouvoir, au retour, dire quelques mots et donner un baiser à N icolett e.

Il part pour la batai lle, mais songe s i fort à son amie qu'il est capturé par les ennemis.

Il se réveille brusquement, taille en pièces son escorte, rencontre Bougars, l e fait prisonnie r et le trame aux pieds de son père, à qui il réclame son salaire; mais le vieux comte refuse d'exécu­ ter sa promesse ; aussi, de colère, Aucassin libère-t-ille captif en lu i faisant jurer de reprendre la guerre.

Le père jette son fils en prison.

dans le bas d'une vieille tour.

Nicol ette, qui s'est enfuie, entend par une cre­ vasse les lamentations de son ami et échange avec lui de tendres propos.

Avertie de l'arrivée des archers par le chan t du veilleur, elle gagne la forêt, obt ient de jeunes bergers qu'ils invitent Aucassin à y venir chasser , et construit une hutte de feui llage.

Aucassin, délivré, va, sur les conseils d'un chevalier, chasser dans les bois, où il ren­ contre les pastoureaux qui lui transmettent le message de Nicolette.

Il se désespère et se lam ente ; mais un bouvier, qui a perdu un bœuf.

lui démontre qu'il est bien plus malheureux que. »