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Britannicus de Racine

Publié le 30/05/2012

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1° Les sources. Tacite fournit à Racine les faits historiques et les principaux personnages, avec leur caractère largement esquissé; c'est l'histoire des premières années du règne de Néron. 2° Transformation de l'histoire. Racine jette dans ce drame historique un drame d'amour en créant le personnage de Junie qui est aimée par Britannicus et par Néron, et un drame de conscience en mettant Néron entre Burrhus et Narcisse, entre le vice et la vertu. Il est obligé de modifier légèrement les faits de l'histoire : il vieillit Britannicus de deux ans et il suppose que Junie se réfugie chez les Vestales où, en réalité, on n'admettait personne après dix ans. 3° Le sujet. Néron, sollicité par de monstrueuses passions, se débarrasse de tout ce qui le retient dans le droit chemin de sa femme Octavie en se décidant à épouser Junie, de son rival Britannicus en l'empoisonnant, de son ambitieuse mère, Agrippine, en bravant sa puissance, de son vertueux précepteur Burrhus en reprenant la parole qu'il lui a donnée. 4° Histoire de la pièce. Elle fut accueillie froidement. Corneille fut hostile de parti pris. Boursault et Saint-Evremond critiquèrent le sujet qu'ils trouvaient peu dramatique et le dénouement où ils voyaient une contrefaçon de l'histoire. Racine se vengea dans une préface mordante et méchante où il attaqua le théâtre de Corneille. Peu à peu la Cour lui revint. 5° Principales scènes. Le quatrième acte est un des plus beaux qui soient au théâtre : il contient l'entrevue de Néron et d'Agrippine, le plaidoyer de Burrhus qui arrive à convaincre Néron et à le reprendre, le plaidoyer de Narcisse, qui flatte les passions de Néron et le précipite dans le crime.



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« 62 RACINE 1 Britannicus relies et aux guerres pour assurer la cohésion de l'État.

Pourtant le rôle du sou­ verain jusqu'à Louis XIV est plutôt, comme l'a remarqué Jacques Ellul, celui d'un arbitre sacré, d'un héros de référence qui se superpose aux grands pouvoirs féodaux pour contrebalancer leur influence à l'aide du sceptre et des lois.

Ces rapports de forces entre roi et grands induisent les valeurs héroïques récurrentes dans 1' œuvre de Corneille, par exemple, qui représente à ses débuts des héros toujours généreux et des rois souvent bienveillants ou cléments comme l'Auguste de Cinna ou la reine Isabelle dans Don Sanche d'Aragon affirmant : «Je n'abuserai point du pouvoir absolu».

L'idée d'un pouvoir autoritaire fondé sur lui-même dans un souci d'efficacité, véhiculée par Machiavel qui laïcise le politique, par Jean Bodin qui formalise le concept de souveraineté, et dont la nécessité apparaît dans le Léviathan de Hobbes, est assez répandue pour influen­ cer fortement 1' action gouvernementale dans la France de Richelieu.

Dès lors que la puissance devient la seule chose nécessaire à l'État, le pou­ voir politique agit sans contrôle, sans que les sujets puissent demander de comptes au roi qui progressivement concentre entre ses mains tous les moyens de gouvernement : armée, finances, prestige.

La raison d'État, devenue le moteur de son action, en justifie 1 'arbitraire.

Sous Louis XIII, la brutalité de l'affirmation absolutiste était atténuée par la distance établie entre la puissance toujours sacrale du roi et l'acte exécuté par Richelieu, occultant le crépuscule de la féodalité.

Quand Mazarin, sous la régence d'Anne d'Autriche, mère de Louis XIV, tente de reproduire le modèle, il se heurte à l'orgueil des grands.

On a souvent vu dans les soubresauts de la Fronde et ses menaces sur l'autorité de « l'Enfant-Roi » les germes du despotisme louis-quatorzien.

Quelle qu'en soit l'origine, l'ambition absolutiste du Roi-Soleil est indissociable de ces rivalités et les spectateurs du temps face au problème de la légitimité du pouvoir dans Britannicus ne pouvaient faire abstractions des conflits passés entre le roi et les princes du sang.

Incarnation et mythe, Louis XIV a poussé jusqu'au vertige l'identification entre le monarque et l'État d'une part, entre sa personne et l'essence divine du pouvoir d'autre part.

Fondée sur un mystère dont le roi est le seul détenteur, la monarchie dispense le souverain de toute concertation et de toute consultation d'une autre instance que lui-même ; elle s'exerce sans limites dans un ordre immuable d'où sont exclus toute contestation et même tout débat puisque l'État est le bien tandis que le prince détient la vérité.

Le climat politique de la première décennie du règne est bien celui d'un régime autoritaire : les tractations secrètes de la politique congédient 1 'éclat de l'action publique sans susciter immédiatement de révolte ou d'opposition dans la mesure où le roi invite superbement les grands à participer au rituel d'auto­ célébration de sa personne après les avoir dépouillés des parcelles de pouvoir qu'ils se disputaient encore.

La représentation sur scène d'un empereur despote dans Britannicus, hési­ tant entre l'influence d'un affranchi et celle de deux représentants de la noblesse sénatoriale, faisait inéluctablement écho à l'humiliation des cardinaux et des princes du sang écartés progressivement du conseil du roi, à la suppression des. »

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