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Britannicus de Racine

Publié le 09/04/2013

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« Voici celle de mes tragédies que je puis dire que j 'ai le plus travaillée «, écrit Racine en préface à Britannicus. Pour composer cette ceuvre, il aura lu et travaillé « le plus grand peintre de l'Antiquité «, Tacite. Inspirateur auquel il ne cesse de rendre hommage, au point de prétendre l'avoir « copié «, mais dont il a su s'éloigner, non pas tant par l'intrigue, que par la superbe des caractères. Ce qui est fascinant à la lecture de Britannicus, c 'est, sous le voile des passions et des déchirements moraux, l'extrême violence des événements. Celle de l'usurpation du trône par Agrippine au profit de Néron, celle du chantage fait par ce dernier aux amants, celle du meurtre fratricide. Comme si cette tragédie n'était qu'un lent acheminement vers le plus terrible des meurtres (à peine annoncé à la fin) : celui d 'Agrippine par son fils Néron.


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« La menace de Néron NÉRON EXTRAITS Je pouvais de ces lieux lui défendre l'entrée; Mais, Madame, je veux prévenir le danger Où son ressentiment le pourrait engager.

Je ne veux point le perdre.

Il vaut mieux que lui-même Entende son arrêt de la bouche qu'il aime.

JUNIE Si ses jours vous sont chers, éloignez-le de vous , Sans qu'il ait aucun lieu de me croire jaloux.

De son bannissement prenez sur vous l' offense, Et soit par vos discours, soit par votre silence , Du moins par vos froideurs,faites-lui concevoir Qu'il doit porter ailleurs ses vœux et son espoir.

Moi! que je lui prononce un arrêt si sévère? Ma bouche mille fois lui jura le contraire.

Quand même jusque-là je pourrais me trahir, Mes yeux lui défendront, Seigneur, de m'obéir.

« De nos accusateurs qu'on punisse l'audace.» NO TES DE L'É DI TEUR L'alternat ive de Néron Néro n, me ur trier de son demi-frè re BURRHUS Ce desseins' est conduit avec plus de mystère : A peine l'empereur a vu venir son frère, Il se lève, il l'embrasse, on se tait; et soudain César prend le premier une coupe à la main: «Pour achever ce jour sous de meilleurs auspices, Ma main de cette coupe épanche les prémices, Dit-il ; dieux, que}' appelle à cette effusion, Venez favoriser notre réunion.

» Par les mêmes serments Britannicus se lie.

La coupe dans ses mains par Narcisse est remplie; Mais ses lèvres à peine en ont touché les bords, Le fer ne produit point de si puissants efforts, Madame: la lumière à ses yeux est ravie; Il tombe sur son lit sans chaleur et sans vie.

Jugez combien ce coup frappe tous les esprits : La moitiés' épouvante et sort avec des cris, Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage Sur les yeux de César composent leur visage.

Cependant sur son lit il demeure penché, D'aucun étonnement il ne paraît touché: «Ce mal , dont vous craigne z, dit-il, la violence, A souvent, sans péril, attaqué son enfance.

» Narcisse veut en vain affecter quelque ennui, Et sa perfide joie éclate malgré lui.

Acte II, scène 3 «Néron est l'homme de l'alternative; deux voies s'ouvrent devant lui : se faire aimer ou se faire craindre, le Bien ou le Mal.

démiurgique : l'ombre va se distinguer de la lumière; comme un colorant tout d'un coup empourpre ou assombrit la substance­ témoin qu'il touche, dans Néron, le Mal va se fixer.

Et plus encore que sa direction, c'est ce virement même qui est ici important : Britannicus est la représentation d'un acte, non d'un effet.

( ...

)"Néron se fait", Britannicus est une naissance .

Le dilemme saisit Néron dans son entier: son temps (veut-il accepter ou rejeter son passé ?) et son espace (aura-t-il un "particulier" opposé à sa vie publique?).

On voit que la journée tragique est ici véritablement active : elle va séparer le Bien du Mal , elle a la solennité d'une expérience chimique -ou d'un acte Sans doute c'est la naissance d'un monstre; mais ce monstre va vivre et c'est peut-être pour vivre qu'il se fait monstre.

» Roland Barthes, Sur Racine , Le Seu i l, 1963.

1 déta il du po rtr ait de Rac ine par Rigaud /ERL /Si pa Jcono 2 ,3 ,4 gra vures de G .

L ero u x, La Be lle Ed ition Acte II, scène 4 « Mais ses lèvres à peine en ont touché les bords( ...

) Il tombe sur son lit sans chaleur et sans vie.» L'échec de Britannicus « L'année 1669, marquée, le 5 février, par le triomphe de Tartuffe, après la levée d'une interdiction qui durait depuis près de cinq ans, s'achève, le 13 décembre, sur ce qu'il faut bien nommer l'insuccès de Britannicus.

( ...

) L'œuvre disparaît au bout de cinq séances ou peu davantage.

Elle ne sera mise au rang qu'elle mérite qu'après une éclipse qui peut nous sembler aujourd'hui surprenante.

» J.-P.

Collinet, préface au Théâtre complet de Racine, Gallimard, Folio, 1982.

RACINE 04. »

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