Devoir de Philosophie

Cahiers de prison

Publié le 12/04/2013

Extrait du document

prison

« Pour vingt ans, nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner «, déclare le 4 juin 1928 le procureur chargé du procès du dirigeant communiste. Avant d'être condamné à ces vingt ans de réclusion, Gramsci (1891-1937), qui avait été arrêté en novembre 1926, avait d'abord été assigné à cinq ans de confina ou relégation dans l'île d'Ustica, au large de la Sicile, loin de la Sardaigne, sa terre natale. Très éclectiques, ses notes de lecture et projets de livres portent sur toutes sortes de thèmes, !'Histoire et la politique certes, mais aussi la littérature, l' art et la philosophie en général.

prison

« ...

Machiavel ...

EXTRAITS Le complexe de supériorité du Babbitt européen Le petit-bourgeois européen rit de Babbitt et par conséquent rit de l'Amérique ...

Le petit-bourgeois ne peut sortir de lui-même, se comprendre lui-même, comme l'imbécile ne peut comprendre qu'il est un imbécile ...

Le petit-bour­ geois européen rit du phi­ listinisme particulier aux Américains, mais ne se rend pas compte du sien, il ne sait pas qu'il est le Babbitt européen, infé­ rieur au Babbitt du roman de Lewis dans la mesure où celui-ci cherche à sor­ tir, à ne plus être Babbitt; le Babbitt européen ne lutte pas contre son phi­ listinisme, mais il s'y complaît, et croit que ses grognements et ses coas­ sements de grenouille en­ foncée dans le marécage sont le chant d'un rossignol.

Malgré tout le Babbitt est le phi­ listin d'un pays en mouvement ; le petit­ bourgeois européen est le philistin de pays conservateurs ...

Éthique et politique Le matérialisme historique détruit toute une série de préjugés et de conventions, de faux devoirs, d'obligations hypocrites: mais il ne justifie pas pour autant quel' on tombe dans le scepticisme snob.

Le machiavélisme avait eu le même résultat, par une extension ar­ bitraire ou une confusion entre la « morale » politique et la « morale » privée, c'est­ à-dire entre la politique et l'éthique, confu­ sion qui n'existait certes pas chez Machia­ vel, bien au contraire : la grandeur de Machiavel c'est précisément d'avoir su dis­ tinguer la politique et l'éthique.

Il ne peut exister d'association permanente et capable d e se développer qui ne soit soutenue par des principes éthiques déterminés que l'as­ sociation elle-même impose à ses membres individuels, afin de réaliser la solidarité in­ terne et l'homogénéité nécessaires pou r at­ teindre son but.

Ces princip es ne sont p o urtant pas dépourvus d'un caractère uni­ versel.

Il en serait ainsi sil' association avait sa fin en elle-même, si elle était une secte ou une association de malfaiteurs . ..

La colle c­ tivité doit être entendue comme le produit d 'une élaboration de la volonté et comme pensée collective atteinte par l'effort indi­ viduel concret, et non par un pro cessus fatal étranger aux individus : d'où l'obligation de la discipline intérieure, et pas seulement de la discipline extérieure et machinale ...

La masse et les intellectuels dans le catholicisme La force des religions et en particulier du catholicisme est qu'elles sentent fortement la nécessité d'une unité de toute la masse religieuse et qu'elles luttent pour ne jamais diviser les couches supérieures et les cou­ ches inférieures.

L 'Ég lise romaine est la plus tenace dans cette lutte pour empêcher qu' « officiellement » ne se forment deux religions, celle des in­ tellectuels et celle des «simples » ...

C'est seule­ ment par ces contacts ...

qu'une philosophie de­ vient historique ...

qu 'elle devient« vie ».

Traduction de Monique Aymard et Paolo Fulchinoni, Gallimard, 1975 ...

et Dante Le se ns de l'humain et l 'éclectisme de Gramsci s'ex prim ent dan s la lettre qu 'il écrit de sa prison à son fils Delio avant de mourir : «Je pen se que l ' His toir e te plaît comme elle m e plaisait à moi quand j'avais ton âge, parce qu 'elle concerne les homme s vivants et tout ce qui regarde les hommes ...

tous les hommes du monde , dans la mesure où ils créent des liens entre eux et constituent un e soc iété, travaillent, luttent et s'améliorent , e lle ne peut pas ne pas te plaire plus que toute a utr e chose .

» Gramsci, Lettres de prison , Gallimard NOTES DE L'ÉDITEUR Les Cahiers s'achèvent en 1935, deux ans avant la fin du leader communiste, qui mourut en 1937 dans une clinique pénitentiaire, après de longues so uffrance s en partie dues à sa captivité.

Pour son travail de recherche, Antonio Gramsci ne dispose, à cause de sa condition de prisonnier , que d'un nombre limité de documents -journaux ou livre s qui lui sont distribu és avec parcimonie, comme le montre la requête solennelle figurant à la fin du cahier IX et adressée à « Son Excellence le chef de gouvernement » pour demander l'autorisation de lire quatre ouvrages, dont l 'autobiographie de Gandhi.

Il lui manque toujours , comme il le regrette lui-même dans une de ses lettres à sa famille, «l'impression directe de la vie du monde que les livres et les revues ne peuvent lui donner».

Lettres de prison, Gallimard.

Peu de passages de ces cahiers font allusion à la vie privée et à la situation personnelle de l'auteur.

A quelques exceptions près, comme cet émouvant projet de lettre à envoyer à son fils Delio, dans laquelle il énumère des animaux connus -du héri sson à la corneille et évoque« l'histoire de Rikki-Tikki Tawi le mangeur de serpents 1 Edimédia 2, 3, 4 D.R.

-l'histoire du phoque blanc -la pie, le chien et le chat...

» GRAMSC I 02. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles