CENT BALLADES : Fiche de lecture

CENT BALLADES (1388-1389). Cette œuvre collective, rédigée par Jean le Séneschal (le narrateur) et récitée lors du passage de Charles VI en Avignon (1389), met en scène quatre chevaliers, Jean de Saint-Pierre, Boucicaut, Philippe d’Artois et Jean de Crésecque, prisonniers du sultan d’Égypte, qui se consolent de la captivité en discutant d’un point de casuistique courtoise : faut-il être fidèle à une seule dame? Cela nous donne une succession de cent ballades groupées par quatre, sur sept modèles différents, et organisées selon un schéma romanesque : chevauchant au bord de la Loire, le narrateur est abordé par le vieux chevalier Hutin, qui décèle le mal d’amour et qui lui indique le remède (il faut suivre Loyauté); mais, peu après, il entend médire de la fidélité par une dame baptisée la Guignarde. Rentrés, les seigneurs appellent des réponses au débat : treize contributions de chevaliers-poètes s’y ajoutent. La fidélité triomphe devant le juge. Nous avons là un exemple du souci de juridisme qui envahit alors la vie : l’amour passe par la loi, la règle — qu’on peut et doit édicter et suivre. La poésie manifeste un écart pour nous incompréhensible entre la situation de fait (les misères de la guerre : deux des poètes meurent dix ans plus tard à Nicopolis)