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CHARMES, de Paul Valéry

Publié le 19/02/2019

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CHARMES, recueil poétique de Paul Valéry (1922) qui rassemble 22 poèmes.
 
Les deux principaux sont les Fragments du Narcisse et le Cimetière marin. Cette dernière pièce transfigure l'emploi du décasyllabe grâce à une composition en 24 strophes de six vers où se déploient, autour d'un « monologue de moi », une série de contrastes et de correspondances. L'appel, la trame et l'opposition, sur fond de mer, de lumière et d'adolescence, se retrouvent d'ailleurs dans tout le recueil, dans une liberté du sens qui rend impossible toute interprétation trop serrée. Le texte se joue ici dans l'absence même du « sens » classiquement compris : n'a de « sens » poétique que ce qui se fait, et non ce qui veut se dire. D'où l'exclusion de l'effusion et de l'éloquence, grâce à une cérébralité rigoureuse (placée sous le double signe de Mallarmé et des philosophes présocratiques), qui fait passer à l'épreuve du feu technique toutes les sensations et tous les sentiments et qui, ce faisant, les rend plus purs et les exalte.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)1 • LE CONTEXTE L'oeuvre littéraire de Paul Valéry naît d'une véritable conversion : une nuit d'octobre 1892, àGênes, il connaît une crise violente, qui le décide à répudier ses anciennes idoles — l'amour, la littérature et le « flouartistique » — et à se fier aux ressources du raisonnement abstrait plus qu'à celles de l'inspiration.

Il se détourne del'écriture poétique pendant de longues années pour se consacrer à l'étude des mathématiques, plus propres, selonlui, à exprimer les « variations » de la vie mentale.

La Jeune Parque (1917) et Charmes (1922) marquent sa lenteréconciliation avec les Muses et une poésie savante, qu'il définit comme « une fête de l'intellect ». 2 • LE TEXTE Le titre, savant et ambigu, du recueil Charmes, signifie étymologiquement à la fois « poèmes » et «incantations ».

L'ordre élaboré des vingt et une pièces, fondé sur l'alternance de pièces brèves et amples, évoque lacohésion du corps, de l'esprit et du monde.

Valéry tente d'y concevoir un « système » qui rende compte dufonctionnement de l'esprit par la connaissance de certains phénomènes.

Pour ce faire, il a recours aux mythes(Narcisse, la Pythie, Ève et le serpent), aux arts (la musique, l'architecture) et aux philosophies antiques (LeCimetière marin).

Ce système du moi consistant à représenter plutôt qu'à expliquer ce qui l'environne et mettantl'accent sur la notion de « composition », le lecteur est tenté de lire dans chaque poème une allégorie de l'actepoétique lui-même. 3 • LES THÈMES MAJEURS • La recherche d'un éveil On trouve dans ce recueil de nombreuses exhortations à ne pas« s'endormir », le sommeil étant symbole de la mort de la créativité (L'Abeille).

L'éveil est l'aiguillon nécessaire àl'amour, aussi bien qu'à l'inspiration poétique.

• La méditation À travers le culte rendu à la mer, au ciel et au soleil,Valéry renoue ou entre en contact avec les « forces cosmiques ».

Cette forme de recueillement, sorte de minute desilence due à la nature, tire l'auleur du sentiment de néant (qui affecte tout homme) et redouble son ardeur de vivre: « Quand sur l'abîme un soleil se repose, / ouvrages purs d'une éternelle cause, / Le Temps scintille et le Songe estsavoir » (Le Cimetière marin).

• L'harmonie cosmique I: harmonie de l'univers valéryen s'exprime dans l'éternité del'art.

Le poète postule l'existence d'un lien entre l'architecture, la musique, la poésie et la danse.

La personnificationde ces disciplines s'adressant au poète révèle ce lien secret qui unit à l'art le monde.

Toute chose et toutediscipline sont l'écho d'un ordre universel.

4 • L'ÉCRITURE • La densité philosophique Cette poésie intellectuelles'attache à exprimer, par l'allégorie et la polysémie, des idées : toute une conception de l'univers comme systèmes'y profile.

Et la combinaison de termes qui se répondent ne tend qu'à illustrer cette conception.

Ainsi les grenades «entrebâillées », dont les soleils « ont fait d'orgueil travaillées / Craquer les cloisons de rubis...

», soulignent lapuissance du génie créateur (Les Grenades).

• Un style baroque L'injonction, la prise à partie des objets, lasensualité évidente, la suggestion musicale se doublent d'un langage néanmoins obscur, voire hermétique.

Valéry est« tiraillé » entre une quête passionnée de la clarté et la part d'ombre que produit cette dernière : « [...] Mais rendrela lumière / Suppose d'ombre une morne moitié » (Le Cimetière marin).. »

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