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Aurore (Charmes) - Paul Valéry

Publié le 06/04/2011

Extrait du document

À Paul Poujaud.

La confusion morose Qui me servait de sommeil, Se dissipe dès la rose Apparence du soleil. Dans mon âme je m’avance, Tout ailé de confiance : C’est la première oraison ! À peine sorti des sables, Je fais des pas admirables Dans les pas de ma raison. Salut ! encore endormies À vos sourires jumeaux, Similitudes amies Qui brillez parmi les mots ! Au vacarme des abeilles Je vous aurai par corbeilles, Et sur l’échelon tremblant De mon échelle dorée, Ma prudence évaporée Déjà pose son pied blanc. Quelle aurore sur ces croupes Qui commencent de frémir ! Déjà s’étirent par groupes Telles qui semblaient dormir : L’une brille, l’autre bâille ; Et sur un peigne d’écaille Égarant ses vagues doigts, Du songe encore prochaine, La paresseuse l’enchaîne Aux prémisses de sa voix. Quoi ! c’est vous, mal déridées ! Que fîtes-vous, cette nuit, Maîtresses de l’âme, Idées, Courtisanes par ennui ? — Toujours sages, disent-elles, Nos présences immortelles Jamais n’ont trahi ton toit ! Nous étions non éloignées, Mais secrètes araignées Dans les ténèbres de toi ! Ne seras-tu pas de joie Ivre ! à voir de l’ombre issus Cent mille soleils de soie Sur tes énigmes tissus ? Regarde ce que nous fîmes : Nous avons sur tes abîmes Tendu nos fils primitifs, Et pris la nature nue Dans une trame ténue De tremblants préparatifs… Leur toile spirituelle, Je la brise, et vais cherchant Dans ma forêt sensuelle Les oracles de mon chant. Être ! Universelle oreille ! Toute l’âme s’appareille À l'extrême du désir... Elle s’écoute qui tremble Et parfois ma lèvre semble Son frémissement saisir. Voici mes vignes ombreuses, Les berceaux de mes hasards ! Les images sont nombreuses À l’égal de mes regards... Toute feuille me présente Une source complaisante Où je bois ce frêle bruit... Tout m’est pulpe, tout amande, Tout calice me demande Que j’attende pour son fruit. Je ne crains pas les épines ! L’éveil est bon, même dur ! Ces idéales rapines Ne veulent pas qu’on soit sûr : Il n’est pour ravir un monde De blessure si profonde Qui ne soit au ravisseur Une féconde blessure, Et son propre sang l’assure D’être le vrai possesseur. J’approche la transparence De l’invisible bassin Où nage mon Espérance Que l’eau porte par le sein. Son col coupe le temps vague Et soulève cette vague Que fait un col sans pareil... Elle sent sous l’onde unie La profondeur infinie, Et frémit depuis l’orteil.

Aurore est composé de 9 strophes, chaque strophe ayant elle-même 10 vers de 7 pieds à rimes alternées. Comme le titre l'indique, il s'agit d'un réveil, mais ce réveil n'est pas celui de la Nature, qui est à peine évoquée dans la première strophe :    ... la rose    Apparence du soleil (vers 4-5)    C'est le poète lui-même, qui assiste à la fuite des songes confus, voit sa conscience illuminer son Moi dans une aurore intérieure, et qui analyse les phases successives allant du sommeil à la création artistique. Le point de départ est :    La confusion morose    Qui me servait de sommeil... (vers 1-2)    Le point d'arrivée est la piqûre indispensable de l'abeille-pensée (ou encore des épines), images qui symbolisent l'effort de l'homme pour voir clair en lui-même :    Je ne crains pas les épines !    L'éveil est bon, même dur ! (vers 71-72)

« Elle s'écoute qui trembleEt parfois ma lèvre sembleSon frémissement saisir. Voici mes vignes ombreuses,Les berceaux de mes hasards !Les images sont nombreusesÀ l'égal de mes regards...Toute feuille me présenteUne source complaisanteOù je bois ce frêle bruit...Tout m'est pulpe, tout amande,Tout calice me demandeQue j'attende pour son fruit. Je ne crains pas les épines !L'éveil est bon, même dur !Ces idéales rapinesNe veulent pas qu'on soit sûr :Il n'est pour ravir un mondeDe blessure si profondeQui ne soit au ravisseurUne féconde blessure,Et son propre sang l'assureD'être le vrai possesseur. J'approche la transparenceDe l'invisible bassinOù nage mon EspéranceQue l'eau porte par le sein.Son col coupe le temps vagueEt soulève cette vagueQue fait un col sans pareil...Elle sent sous l'onde unieLa profondeur infinie,Et frémit depuis l'orteil. Aurore est composé de 9 strophes, chaque strophe ayant elle-même 10 vers de 7 pieds à rimes alternées.

Comme letitre l'indique, il s'agit d'un réveil, mais ce réveil n'est pas celui de la Nature, qui est à peine évoquée dans lapremière strophe : ...

la rose Apparence du soleil (vers 4-5) C'est le poète lui-même, qui assiste à la fuite des songes confus, voit sa conscience illuminer son Moi dans uneaurore intérieure, et qui analyse les phases successives allant du sommeil à la création artistique.

Le point de départest : La confusion morose Qui me servait de sommeil...

(vers 1-2) Le point d'arrivée est la piqûre indispensable de l'abeille-pensée (ou encore des épines), images qui symbolisentl'effort de l'homme pour voir clair en lui-même : Je ne crains pas les épines ! L'éveil est bon, même dur ! (vers 71-72) Plan. Le poème se divise en trois parties : • Les deux premières strophes exposent la joie du poète à se retrouver lucide et bientôt maître de ses richessespoétiques, les mots et les similitudes qui les lient :. »

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