CHARROI DE NÎMES (le) : Fiche de lecture

CHARROI DE NÎMES (le). Chanson de geste de la première moitié du xiie siècle, rattachée au cycle de Garin de Monglane. Composée de 1 485 décasyllabes assonancés, elle est l’une des plus brèves du genre.

Le roi Louis le Débonnaire, distribuant ses fiefs à ses barons, oublie son plus fidèle serviteur, Guillaume. Ce dernier lui adresse de violents reproches et déclare n’accepter en fief que des terres à conquérir sur les Sarrasins, dans le midi de la France et en Espagne. Il prend donc la route de Nîmes, place forte qu’il parviendra à prendre en y pénétrant déguisé en marchand et en cachant ses hommes dans un train de charrettes. Ainsi se trouve renouvelé le fameux épisode du cheval de Troie, qui connaîtra une certaine fortune dans notre littérature épique médiévale.

Cette œuvre ne peut guère être étudiée isolément. Elle forme, avec le Couronnement de Louis, qui la précède, et la Prise d’Orange, qui la suit, une sorte de trilogie. Les reproches que Guillaume adresse à Louis au début de l’œuvre semblent en effet rappeler la prodigieuse activité déployée par le héros dans le Couronnement, et la Prise d’Orange parachève cette conquête des terres méridionales qu’ouvre le Charroi. Mais il n’est pas certain du tout que le Charroi de Nîmes et la Prise d’Orange soient l’œuvre d’un même trouvère : si les copistes associent étroitement les deux textes (deux manuscrits ont même ajouté un prologue commun en tête du Charroi), la structure strophique des deux chansons est différente : J. Rychner a constaté que, forte dans la Prise d’Orange (qui comporte peu de laisses composites, et dans laquelle les frontières entre les laisses sont « nettement découpées »), elle est très floue dans le Charroi (où les laisses