Contemplations (les) de V. Hugo

« 1 • LE CONTEXTE Si Les Contemplations ont paru un an seulement avant Les Fleurs du Mal *, lors de l'exil à Guernesey, les centcinquante poèmes qui les composent furent écrits entre 1834 et 1855.

Durant ces années fécondes enchangements politiques et idéologiques, l'activité du poète fut intense et multiple.

Écrivain heureux, il traversapourtant en 1843 la plus grande épreuve de sa vie, la mort de sa fille Léopoldine, âgée de dix-neuf ans, dont il ne seremit jamais.

Ce drame donne son sens au recueil, que le poète définit comme « les Mémoires d'une âme ». 2 • LE TEXTE Les Contemplations sont à la fois les Mémoires de vingt-six années de la vie de Hugo et le récit d'un itinérairespirituel, avec, à mi-parcours, une césure profonde : le deuil de 1843.

Elles sont construites en deux volumes :Autrefois, Aujourd'hui, et six livres : I.

L'Aurore : la jeunesse, avec un regard sur l'enfance, les premières amours, lebonheur de la paternité, le combat littéraire.

Il.

L'Âme en fleurs : l'amour pour Juliette Drouet, qui n'est pas nommée.III.

Les Luttes et les Rêves : l'homme mûr, meurtri par le spectacle de la misère et de l'injustice, cherche dans lanature des signes permettant d'appréhender le mystère de l'univers.

IV.

Pauca meae : livre entièrement consacré àLéopoldine.

V.

En marche : survivre à la mort d'un être cher n'est possible qu'en accédant à la compassionuniverselle.

VI.

Au bord de l'infini : au coeur du doute et dans l'horreur du néant, l'intuition de I'« azur », la «plénitude ». 3 • LES THÈMES MAJEURS La contemplationDans la solitude et la pauvreté intérieure, le contemplateur, témoin de l'univers et de la souffrance humaine, « sondel'être », « l'ouragan de l'être » et, « triste, meurtri, mais serein », découvre une certaine paix.

Dans la nature enparticulier, qu'il communie avec l'infiniment grand ou avec l'infiniment petit, Hugo, visionnaire animiste, pressent unau-delà du monde sensible.• Le sacréLe dieu auquel Hugo s'offre parfois la douceur amère de parler n'est pas le dieu d'une Église ni d'un dogme.

« Mage »inspiré, le poète, par son approche du mystère du monde, s'inscrit dans la lignée des sages et des grandsprophètes.

Sa parole, le « Verbe » sacré, est instrument de révélation, et son lyrisme l'expression de l'universel : «Hélas, quand je vous parle de moi, je vous parle de vous...

»• La mort« Éternel abîme », omniprésente dans le deuil, elle suscite des approches singulières, occultistes (intérêt de Hugopour le spiritisme) ou sociales (son opposition résolue à la peine de mort). 4 • L'ÉCRITURE • La diversité du ton et du styleCe monument romantique, « pyramide » essentiellement fondée sur le lyrisme de l'alexandrin, sait se parer de laformule sèche et du vers court : « J'aime l'araignée et j'aime l'ortie / Parce qu'on les hait ».

L'image y foisonne ; elleest instrument d'exploration et d'initiation : « Oh l'affreuse vallée que l'embuscade de la mort, / Quel frisson dans lesos de l'agonisant blême ! »• L'union des contrairesSous la forme d'oxymores (Magnitudo paroi, grandeur du petit) ou de rapprochements de réalités apparemmentdifférentes (la lueur du feu d'un pâtre isolé, l'étoile qui règne dans les espaces sidéraux), l'antithèse, omniprésentechez Hugo, unit plus qu'elle n'oppose.

Recueil de poésies de Victor Hugo, publié en 1856. Les Contemplations se composent de deux tomes, Avant (1830-1843) et Aujourd'hui (1843-1855), contenantchacun trois livres.

Ils développent des thèmes déjà évoqués dans les Feuilles d'automne, les Chants du crépuscule,les Voix intérieures ou les Rayons et les Ombres.

L'oeuvre s'articule autour de la funeste date du 4 septembre 1843,jour de la noyade de sa fille Léopoldine.

Aujourd'hui est consacré au deuil, au souvenir, aux méditations sur la mort.Dépassant l'expérience individuelle, cette oeuvre lyrique parvient à rejoindre une dimension universelle, celle del'homme et de sa destinée, dans le dernier livre Au bord de l'infini.

Hugo tente avec les Contemplations d'élever lapoésie au rang de religion, comme un moyen d'atteindre la vérité absolue.

Arthur Rimbaud voyait en lui "le premierdes voyants" et les surréalistes eux-mêmes le reconnaîtront comme l'un des leurs. Plan du recueil Les Contemplations (1856) constituent sans doute le plus grand recueil lyrique de la poésie française.

En annonçant dans son importante Préface que vingt-cinq années sont dans ces deux volumes, HUGO nous rapporte à l'année 1830, c'est-à-dire qu'il considère son livre comme le couronnement de toute sa poésie lyrique : 1831 : les Feuilles d'automne ;. »