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CONTES de Charles Perrault (analyse détaillée)

Publié le 23/10/2018

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CONTES. Recueil de contes de Charles Perrault (1628-1703). Sous ce titre générique on regroupe, depuis l'édition Lamy de 1781, les trois contes ou nouvelles en vers publiés de 1691 à 1694 et déjà rassemblés chez Jean-Baptiste Coignard en 1694 (Griselidis, nouvelle. Avec le conte de Peau-d'Âne et celui des Souhaits ridicules), et les huit contes en prose suivis des moralités publiés chez Claude Barbin en 1697 sous le titre Histoires ou Contes du temps passé. Avec des moralités. Le titre Contes de ma mère l'Oye figure sur un manuscrit daté de 1695 qui a fait l'objet d'une publication en fac-similé par les soins de Jacques Barchilon.

 

Curieux parcours que celui des Contes, souvent appelés de « ma mère l'Oye » en souvenir de ces fées médiévales dites « pédauques », c'est-à-dire dont le passage laissait des empreintes d'oie, mais aussi de ces vieilles nourrices cacardantes indifféremment qualifiées d'oies ou de cigognes. Puisés, à l'exception de « Riquet à la houppe », dans le fonds des recueils qui, depuis le Moyen Age, avaient fixé les sources populaires orales, ils sont aujourd'hui perçus moins comme des textes stables (édités dans des collections pour enfants, ils sont récrits, amputés le plus souvent de leurs « moralités », contaminés par les versions des frères Grimm ou d'autres) que comme des canevas qu'on se répète et sur lesquels chacun brode à loisir. Retour des Contes à leur origine orale avec le détour littéraire imposé par Perrault. 

Car Perrault (Charles), le père, l'académicien, le héraut des Modernes dans leur combat contre les Anciens (le Parallèle des Anciens et des Modernes, 1688-1697) - et/ou son fils, Pierre Dar-mancour, le signataire de l'épître dédi-catoire « À Mademoiselle » (la fille de Philippe d'Orléans, frère du roi) - se revendique comme un auteur : n'a-t-il pas « composé » ces récits ? Et n'a-t-il pas voulu, par-delà le plaisir de raconter, faire passer des messages à travers ces « moralités en vers » qu'il a placées à la suite de chaque « histoire » ? Message polysémique « qui se découvre plus ou moins selon le degré de pénétration de ceux qui les lisent » et qui, loin de verrouiller le sens des récits, a autorisé toutes les interprétations depuis les lectures ethnologiques, initiatiques, alchimiques, politiques jusqu'aux contradictoires grilles psychanalytiques. Ainsi « la Barbe-Bleue » en qui certains ont cru voir le sinistre Gilles de Rais (Michelet, Histoire de France, XI, 1) se révèle-t-il héros solaire dévoTateur (Husson, la Chaîne traditionnelle) ou alchimiste détenteur du secret des secrets (Patri, Doctrine secrète des ogres), un secret que l'on aurait toutes raisons de soupçonner refoulé dans le « cabinet » de l'inconscient (Ricklin, Fantasme de désir et symbolisme dans les contes merveilleux ; C. Jung, la Phénoménologie de l’esprit dans les contes de fées), à moins que la chambre interdite ne soit un souvenir de cette « maison des hommes » où le sorcier des sociétés primitives initiait le néophyte (Saintyves, les « Contes » de Perrault et les récits parallèles). Dilution dans l'interprétation qui fait oublier que le texte existe d'abord en tant que tel, récit tout à la fois fidèle à la tradition du merveilleux et, cependant, original.

perrault

« Car Perrault (Charles), le père, l'a ca­ démicien, le héraut des Modernes dans leur combat cont re les Anciens (le Parallèle des Anciens et des Modernes, 1688 -169 7)- et/ou son fils, Pierre Dar­ mancour, le signa taire de l'épître dédi­ catoire " À Mademoiselle ,.

{la fille de Philippe d'Orléans, frère du roi) -se revendique comme un auteur : n'a-t-il pas « composé » ces récits? Et n'a-t-il pas voulu, par-delà le plaisir de raconter, faire passer des message s à travers ces « moralités en vers " qu'il a placées à l a sui te de chaque " his­ toire » ? Message polysémique « qui se découvre plus ou moins selon le degré de pénétration de ce ux qui les lisent ,.

et qui, loin de verrouiller le sens des récits, a autorisé toutes les interpréta­ tions depuis les lectu res ethnologiques, initiatiques, alchimiques, politiques jusqu'aux contradictoires grilles psy­ cha nalytiqu es.

Ainsi « la Barbe-Bleue " en qui certains ont cru voir le sinistre Gilles de Rais (Miche let, *Hi stoire de France, XI, 1) se révèle-t-il héro s so laire dévorateur (Husson, la Chaîne tradi­ tionnelle) ou alchimiste ·détent eur du secret des secrets (Patti, Doctrine secrète des ogres) , un secr et que l 'on aurait toutes raisons de sou pçonne r refoulé dans le «cabinet" de l'inconscient (Ricklin, Fantasme de désir et symbo ­ lisme dans les con tes merveilleux ; C.

Jung , la Phénoménologie de l'esprit dans les contes de fées), à moiris que la chambre int erdite ne soit un souvenir de cette « maison des hommes " où le sorcier des sociétés primitives initiait le néophyte (Saintyves, les « Contes ,.

de Perrault et les récits parallèles).

Dilution dans l'interprétation qui fait oublier que le texte existe d'abord en tant que tel, réci t tout à la fois fidèle à la tradi­ tion du merveilleux et, cependant, ori­ ginal.

Premier en date, « Griselidis ,., dont le titre initial était : "la Marquise de Saluces ou la Patience de Griselldis.

Nouvelle •, paraît chez j.-B.

Coigna rd dans un Recu eil de plusieurs pièc es d'é lo­ quence et de poésie présentées à l'Acadé­ mie française pour les prix de 1691.

Griselidi s.

Un Prince soupçonneux et mé l an­ colique épouse Griselidis, jeune et jolie bergère, puis la soumet à de nombreuses épreuves pour voir jusqu'où iront sa vertu et son obéissance : il lui ôte sa fille en bas âge, lui fait croire qu'elle est morte.

l a chasse sous prétexte de se remarier.

Mais.

touché par la constance de Griselidis.

le Prince revient vers elle et promet désonnais « de prévenir t ous ses désirs ».

Deux ans plus tard, " les Souhaits ridicu le .s " sont publi és dan s le Mercure galant (novembre 1693).

les Souha its ridicules .

jupiter appara1t à un pauvre bûcheron et lui promet d'exaucer ses trois premiers vœux.

Sottement, il souhaite d'abord une aune de boudin ; puis.

dans la que­ relle qui s'ensuit avec sa femme : « Plût à Dieu, maudite Pécore 1 Qu'il te pendît au bout du nez.

» Son dernier vœu, il l'utilise à « remettre sa femme e n l'état».

«Peau -d'Âne,., dernier des «co ntes en vers ,., est publié avec " Griselidis,.

et « les Souhaits ridicules ,.

dans un même volume chez J .-B.

Coignard en 1694.

Peau-d 'Âne.

Devenu veuf.

un riche Roi veut épouser sa fille ; celle-ci, pour échapper à cette union incestueuse, prend conseil de sa marraine la Fée qui lui suggère de demander des cadeaux impossibles : une robe de la couleur du Temps, puis une robe de la couleur de la Lune, enfin une robe de la couleur du Soleil sont successivement accordées.

À bout d'arguments.

la Fée conse ille de demander la peau d'un âne qui produit de l'or et dont le Roi tire sa richesse.

le sacrifiCe obtenu, la jeune Princesse.

recouverte de la peau de l'ani ­ mal.

s'enfuit du château.

emporta nt ses beaux atours dans une cassette : elle devient souillon dans une métairie.

Un Prince l a surprend un jour d e fête alors qu'elle est parée de ses beaux habits.

Il l'épouse, après qu'on a reconnu, grâce à une bague perdue, en Peau-d'Âne la Princesse enfuie.. »

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