Devoir de Philosophie

CORRESPONDANCE AVEC Mlle VOLLaND (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 06/11/2018

Extrait du document

DIDEROT

CORRESPONDANCE AVEC Mlle VOLLaND

 

(DE 1759 A 1764)

 

La correspondance avec Mlle Volland jusqu’ici publiée est incomplète. Telle quelle, elle est l’image la plus fidèle et h plus vivante du philosophe et de la société parmi laquelle il a vécu.

 

La passion de Diderot pour Volland. — Diderot s’éprit de Mlle Volland vers 1755. Il avait passé quarante ans ; il était marié depuis dix ans, et il était père. Ce n’est pas une preuve de vertu que d’avoir cherché des consolations en dehors de son foyer. Son excuse est qu’il avait quelque besoin de consolation. Sa femme avait été jolie et dévouée, mais fort sotte. Elle était restée dévouée et sotte ; elle n’était plus jolie ; elle était devenue grossière et si querelleuse que Diderot en donnait de la tête contre les murs. Elle eut plusieurs fois affaire au commissaire pour avoir pris aux cheveux les marchandes qui lui déplaisaient. Sophie Volland, au contraire, n’était sans doute pas belle ; Diderot ne lui en fait jamais compliment ; elle portait lunettes ; elle n’était plus toute jeune, ayant pour le moins la trentaine. Mais elle était, elle, volontiers silencieuse et réfléchie. Fort intelligente, elle lisait Helvétius, Rousseau, le philosophe Boulanger. Elle avait de l’esprit. Elle écrivait, pour elle-même tout au moins et pour Diderot. C’était une bourgeoise distinguée. Diderot fut conquis et l’aima de tout son cœur, avec une passion loquace, mais sincère. La seule pensée de la revoir « le fait mourir de joie » ; c’est « un frissonnement dans toutes les parties de son corps, et presque la défaillance ». « Il est impossible que je vous peigne ce que je deviens dans cette espèce de délire où je vous vois, où je cherche si vous vous êtes bien portée, si c’est vous, si c’est toujours ma Sophie. » « Tenez, Falconnet, je pourrais voir ma maison tomber en cendres, sans en être ému ; ma liberté menacée, ma vie compromise, toutes sortes de malheurs s’avancer sur moi, sans me plaindre, pourvu qu’elle me restât. Si elle me disait : \"Donne- moi de ton sang, j’en veux boire\", je m’en épuiserais pour l’en rassasier ». Sophie, bien qu’elle eût des crises de mélancolie, ne semble pas avoir été très sensible à cette exaltation roman-tique. Mais Diderot savait aimer aussi bien avec une tendresse délicate. Cet homme jovial et bruyant était fort timide, à l’occasion, quand il aimait, et fort capable de se taire, de communier dans le silence et la méditation. « C’est une chose incroyable comme les âmes sensibles s’entendent presque sans parler. Un mot échappé, une distraction, une réflexion vague et décousue, un regret éloigné, une expression détournée, le son de la voix, la démarche, le regard, l’attention, le silence, tout les décèle l’une à l’autre. »

Vertu et dissertations— Il n’est d’ailleurs pas capable de s’en tenir longtemps à des mots échappés, à des réflexions vagues et décousues. Quand il ne s’épanche plus en méditations passionnées ou lyriques, il bavarde et il disserte. Et il disserte surtout de vertu. On peut juger qu’il y avait quelque mauvais goût à mêler sans cesse la morale à cette passion qui l’éloignait de sa femme. Diderot et ses contemporains n’y voyaient pas malice. Il y joignait aussi bien quelques histoires assez vives et l’on s’aperçoit trop clairement, à l’occasion, que Sophie, comme le lui disait Diderot, se contentait d’être honnête homme plutôt qu’honnête femme. Mais cela n’empêchait pas le philosophe de croire qu’il n’y a pas d’amour vrai sans générosité d’âme, pas d’ivresse profonde dans la passion égoïste. « Qu’il y a de petitesse et de misère dans les transports des amants ordinaires ! » Pour fuir cette misère on voudra s’estimer, et pour s’estimer on s’entretiendra de la droiture et de la vérité. On sera transporté d’indignation jusqu’au délire par le spectacle de l’injustice. Et quand on contemplera celui de l’équité, on aura peine à respirer ; « il s’excite à toute la surface de mon corps comme un frémissement ; c’est surtout au haut du front, à l'origine des cheveux qu’il se fait sentir, et puis, les symptômes de l’admiration et du plaisir viennent se mêler sur mon visage avec ceux de la joie et mes yeux se remplissent de pleurs ».

 

Ces transports nourrissent l’amour, mais le distraient, sans doute, insensiblement. Dans tous les cas, quand les années passent, les ivresses du cœur cèdent peu à peu la place à celles

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles