De l’esprit des lois de Charles-Louis de Sécondat, baron de Montesquieu (analyse détaillée)
Publié le 24/10/2018
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De l’esprit des lois
Charles-Louis de Sécondat, baron de Montesquieu (1689-1755)
Essai de sociologie politique paru anonymement à Genève, divisé en 31 livres, avec un avertissement et une préface.
COMPOSITION DE L’ŒUVRE
L’ouvrage se présence comme une explication des lois (Préface).
L’auteur distingue trois types de gouvernement — républicain, monarchique, despotique —, respectivement soutenus par trois principes : la vertu, l’honneur, la crainte. Le rôle du législateur est d'accorder ses lois aux principes. Montesquieu en déduit que seul le système anglais, fondé sur la séparation des pouvoirs, assure aux citoyens la liberté politique. (I-XIII) Déplaçant le sujet dans l'espace et le temps, l’auteur montre que les lois sont conditionnées par la géographie (climat, fertilité...), l’histoire, les mœurs et la religion (XIV-XXV). Il étudie quelques lois romaines, françaises et franques puis l'origine de la monarchie française. (XXVI-XXXI) Passages-clés : les principes (III, 4, 7, 9), la torture (VI, 17), la séparation des pouvoirs (XI, 6), la théorie des climats (XIV), la traite des nègres (XV, 5), la tolérance (XXV, 13).
THÈMES DOMINANTS
• L’utopie politique est le thème central de l’œuvre. Par une analyse précise des types de gouvernements, Montesquieu mène une réflexion sur la tendance naturelle qui pousse un pouvoir vers son altération. Il s’insert dans la lignée des utopistes politiques, de Platon à Fénelon, et idéalise la Constitution anglaise, la seule à être fondée sur l’équilibre des trois pouvoirs, garantie de la liberté civique.
«
contre les abus persécutoires du christianisme, rouage utilisé par les poli tiques au même titre que les autres.
• La liberté, conséquence des autres thèmes, est assurée par l'équilibre des
pouvoirs, des lois justes et adaptées.
Elle suscite le bonheur des individus.
STYLE
• Un style classique économe
-concision et netteté : Il 11e peut plus y avoir de vertu dans la république.
Le peuple veut faire les fonctions des magistrats i on ne les respecte donc plus.
Les délibérations du sénat n'ont plus de poids i on n'a donc plus d'égards pour les sénateurs, et par conséquent pour les vieillards.
(VIII, 2)
-une absence de liaison: On a commencé à se guérir du machiavélisme, et on s'en guérira tous/es jours.
Il fatfl plus de modération dans/es conseils.
Ce qu'on appe lait autrefois des coups d'Etat, ne seraient aujourd'hui, indépendamment de l'hor rew; que des imprudences.
(XXI, 20)
• Un style rhétorique
-l'antiphrase humoristique : Il est impossible que nous supposions que ces gens là [les Noirs] soient des hommes i parce que si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.
(XV, 5)
-l'antithèse : La religion de Confucius nie l'immortalité de l'âme, et la secte de Zénon ne la croyait pas.
Qui le dirait ? ces deux sectes ont tiré de leur mauvais principes des conséquences, non pas justes, mais admirables.
(XXIV, 19)
-le paradoxe : Le grand avantage des représentants, c'est qu'Tis sont capables de discuter des affaires.
Le peuple n'y est point du tout propre i ce qui forme un des grands inconvénients de la démocratie.
(XI, 4)
SOURCES ET INSPIRATION
Une documentation rassemblée lors de voyages dans toute l'Europe, de
1725 à 1731 : Montesquieu rencontre hommes politiques et penseurs.
ACCUEIL ET POSTÉRITÉ
Le succès est immédiat et s'étend à toute l'Europe.
Il s'accompagne de
vives critiques de la part des jésuites et des jansénistes, refusant qu'on considère la religion comme un simple outil social.
Mis à l'index, l'ouvrage
est soutenu par Mme de Pompadour contre la censure de la Sorbonne.
Première analyse des systèmes politiques, De l'esprit des lois fournira, avant le Contrat socia" les fondements théoriques de la France nouvelle issue de
1789.
À l'étranger, il sert de guide à Catherine II, désireuse d'européaniser la Russie.
Enfin, il inspire la Constitution américaine de 1787.
POINT DE VUE SUR L'ŒUVRE
" Cet opposant de droite a servi dans la suite du siècle tous les opposants
de gauche, avant de donner des armes dans l'avenir de l'histoire à tous les
réactionnaires.
Certes dans la période la plus aiguë de la Révolution,
Montesquieu disparaît.
[ ...
] Mais il reste que toute la période pré-révolu-.
»
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