DIALOGUES SUR LA RELIGION NATURELLE David Hume (résumé et analyse)

DIALOGUES SUR LA RELIGION

NATURELLE [Dialogues concerning naturel Religion]. Traité sous forme de dialogues du philosophe écossais David Hume (1711-1776), publié en 1779. Hume y expose ses vues sur les principaux problèmes, en particulier sur celui de la possibilité que nous avons de nous représenter le caractère naturel de la cause ou des causes régissant l'univers par analogie avec

l’intelligence humaine ; en d’autres termes, le problème du théisme. Pamphile rapporte à Hermippe le dialogue qui se déroule entre le déiste rationaliste Cléanthe, le mystique Déméa, orthodoxe rigoriste, et Philon, sceptique insouciant. Tous les arguments en faveur du théisme traditionnel sont minutieusement analysés par les divers interlocuteurs, exposant leur point de vue : « Est-il évidence et certitude plus grandes que celles de l’existence de Dieu ? Les plus grands génies se sont évertués à en donner des preuves par des arguments nouveaux ; elle est le fondement de notre espoir, la base morale la plus sûre de nos actions, le plus ferme soutien de la société, le seul principe qui ne devrait jamais être écarté de notre esprit et de nos méditations. Mais l’admirable mystère de la nature divine laisse subsister nombre de questions obscures quant à sa nature, ses décrets, ses attributs et l’économie de la Providence. L’humaine raison n’a pu encore porter un jugement décisif : les recherches les plus poussées n’ont, donné que doutes, incertitudes, contradictions ». La preuve la plus répandue, celle de la finalité du monde, laquelle implique l’existence d’un auteur intelligent accomplissant son dessein selon un mode analogue à celui de l’esprit humain dans ses créations, suppose que la raison et l’intelligence de l’homme, animal d’une planète, est à même de devenir un modèle de l’univers tout entier, et, malgré l’imperfection de la connaissance que nous avons du système cosmique, entend en attribuer l’organisation au génie humain. Peut-on sérieusement soutenir que l’harmonie de l’univers soit issue d’un esprit semblable au nôtre ? En supposant même que cette analogie soit fondée, il faudrait admettre un Dieu fini et imparfait comme l’artiste humain, en butte à la résistance de la matière inerte. L’argument de la « raison suffisante >» prétend démontrer un état de fait par un argument « a priori » : elle est cependant gratuite, car la non-existence d’un être ne pourra jamais impliquer contradiction ; d’autre part, il ne peut nous autoriser à nous placer hors du monde, à moins que l’on ne suppose ce dernier comme un tout limité, ni à faire appel à un esprit plutôt qu’à la matière, dont nous connaissons mieux les propriétés. Nos idées sont fausses et illusoires, nos sentiments changeants, notre être labile, et nous n’hésiterions pas à postuler l’existence d’un être simple et immuable, tout entier dans le présent et en chaque point de l’espace ? La religion naturelle entend affirmer non seulement l’existence de Dieu, mais également sa « providence >, tout en fermant les yeux sur la réalité du mal : ce terrible argument contre la Providence est en même temps le plus puissant allié de la religion considérée comme le seul soulagement aux misères de l’existence. Le spectacle que nous offre le monde autorise plutôt la conception manichéenne des deux principes du bien et du mal, irréductiblement en conflit. Cependant, Déméa, pour qui tout homme reconnaît la religion du fond du cœur et se trouve amené, par le sentiment de sa propre faiblesse et de sa misère plutôt que par une démarche logique, à admettre la perfection de l’être dont il dépend, s’accorde par endroits avec le sceptique Philon pour entrevoir un être divin dans l’inexplicable mécanisme et l’admirable structure de la nature, c La nature ne fait

rien en vain ; elle utilise les moyens les plus simples et les mieux adaptés aux fins, nous dit la science en nous montrant les merveilles de l’organisme animal ; et s’il est légitime de chercher à savoir