Devoir de Philosophie

DIEUX ONT SOIF (Les), d'Anatole France

Publié le 10/03/2019

Extrait du document

DIEUX ONT SOIF (Les), roman d'Anatole France (1912). Le récit saisit un moment de la brève existence de la Convention : de 1793 à 1794, de l'assassinat de Marat à la chute de Robespierre en passant par l'exécution de la reine, de la charrette avec son unique condamné qui passe aux premières pages aux charrettes surchargées de la fin du roman se délimite le temps de la Terreur. Pour lier entre eux épisodes sanglants, portraits de grands hommes qui perdent vite leur tête et peinture des milieux parisiens, une mince intrigue : les amours d'Évariste Gamelin, peintre sorti du peuple et devenu juré au Tribunal révolutionnaire, avec Élodie Biaise, fille d'un marchand d'estampes. Révolutionnaire pur et dur, Évariste devient une machine à tuer au nom de l'idéal et des siècles futurs. Élodie, esquisse sadienne, n'en aime que mieux cet amant-boucher. Des figures d'Ancien Régime passent avant d'être victimes : celle de Maurice Brotteaux des Ilettes, épicurien raffiné et sceptique en qui s'incarne France, celle de Louis de Longuemare, un barnabite, celle encore de Mme de Rochelaure, belle, distinguée et courtisane. D'eux tous, qui étaient innocents, la Terreur aura raison, comme d'Athénaïs, la petite prostituée de quinze ans. Puis, Robespierre et ses complices tombés, la vie reprendra : la Thé venin remplacera la Rochelaure, il y aura d'autres hommes de plaisir et d'autres prostituées, tandis que les hommes d'argent continueront tranquillement de spéculer. Historique parce qu'ambigu, Les dieux ont soif est un roman désabusé : les idées ne changent pas le monde, si elles font couler le sang,
 
et l'essence du politique semble bien être le fanatisme.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)LES DIEUX ONT SOIF - ANATOLE FRANCE LE SUJET La Convention.

Le jeune peintre Evariste Gamelin, médiocre élève de David, est membre du Comité desurveillance de la section du Pont-Neuf ; par l'entremise d'une intrigante peu assurée de son avenir, le voici nommé juréau Tribunal révolutionnaire.

Il participe alors à la Terreur, fanatisé par sa fonction, repoussant toute « faiblesse », fût-ellede parenté ou de relation ; en compagnie de quatorze collègues il juge, condamne, sacrifie, hanté certes par tant de sangrépandu mais aussi résolu à ce que « demain tous les Français s'embrassent de joie ».

Après l'exécution de Robespierre,c'est en Jacobin persuadé d'avoir failli par excès d'indulgence qu'il monte — à son tour — sur l'échafaud...

tandis que sesamis et amantes d'hier, oublieux quand ils ne restent pas haineux, se déguisent déjà en Incroyables et en Merveilleuses. L'OUVRAGE Un succès éclatant salua en 1912 « Les Dieux ont soif » (Calmann-Lévy), roman historique qui expose, àtravers la pathétique aventure d'un homme juste mais aveuglé, la psychologie de la Terreur.

Le titre de cette histoired'amour (sans illusion), de ce tableau des moeurs révolutionnaires.

(sans espérance), est emprunté à Camille Desmoulins.L'oeuvre, d'ailleurs, ne manque pas de réminiscences, lesquelles, ajoutées à une certaine négligence de l'élan national(défense des frontières, sauvegarde du territoire), paralysent quelque peu la force vive des scènes.

En revanche, lesportraits et les peintures, d'individus marquants comme des gens du peuple, frappent par leur vie, leur exactitude et leursimplicité.

Aussi, le roman, l'un des derniers de l'auteur, et le plus grave peut-être, parait-il son chef-d'oeuvre. C'est la sobriété évocatrice et la sagesse de la vision qui font des « Dieux ont soif » un livre classique, à jamais émouvant.Disciple admiratif de Montaigne, Voltaire, Renan, Anatole France, né à Paris en 1844 décédé en Touraine à l'âge de quatre-vingt ans, historien plutôt que romancier de nos lettres, créait tel un magicien.

Aussi, est-il difficile à saisir : savant etléger, aristocrate et progressiste, sceptique et tolérant.

Grand amateur, sûr de son érudition, de son esprit, de son art, ilosait — et pouvait — tout se permettre.

Aujourd'hui, son style, d'une clarté si élégante, semble retenir plus que sapensée, ondoyante et fluctueuse.

Son long monologue ironique, pour séduisant et amical qu'il soit, a sans doute tropvoluptueusement cédé à la complaisance.

Mais le pessimisme sincère des dernières années touche (à l'époque du prixNobel, 1921), et l'oeuvre, du « Crime de Sylvestre Bonnard » (1881) à « La Vie en fleur » (1922), très impressionniste,demeure belle et vivante. Ce roman fut publié en feuilleton dans la Revue de Paris en 1911.

Le directeur exigea quelques coupures ; l'auteur fulmina: « Gandérax qui était bête est devenu fou sans cesser d'être bête.

» Le livre, remanié, fut édité en 1912.Les notes préparatoires et les plans revus et corrigés témoignent d'un travail considérable (le père d'Anatole France tenaitune librairie d'ouvrages spécialisés sur cette période).

Le romancier s'occupa personnellement du lancement de son livre,qui déconcerta ses amis politiques. Evariste Gamelin, peintre obscur, devient juge au Tribunal révolutionnaire : il faut couper des têtes. Comment un bon patriote devient un juge sanguinaire Paris, 1793 : Évariste Gamelin, bon patriote et disciple de David, est amoureux d'Elodie Biaise, fille du marchandd'estampes à l'enseigne de « L'Amour peintre ».

Jugeant qu'il peut lui être utile, la citoyenne Rochelaure (ex ci-devant quijoue sur les deux tableaux) fait nommer Gamelin juré au Tribunal révolutionnaire.

La Convention, inquiète, décrète laTerreur ; il faut vider les prisons qui regorgent de suspects.

C'est à quoi s'emploie le zélé Gamelin qui dévore sa rationquotidienne de victimes.

Il envoie à l'échafaud un émigré qu'il soupçonne à tort d'être le premier amant de sa maîtresse ;son ami et voisin l'innocent Brotteaux ; le père Longuemare, religieux barnabite ; Amenais, jeune prostituée de seize anscoupable d'avoir crié « Vive le roi » ; et jusqu'à la citoyenne Rochelaure et à Fortuné Chassagne, l'amant de sa sœur Julie,dont il a toujours désapprouvé la liaison.

Excitée par la férocité de son amant, Élodie connaît des frissons nouveaux.

Maissurvient Thermidor et, à la suite de Robespierre, son maître, Gamelin est jugé et guillotiné ; il meurt, persuadé d'avoirpéché par douceur et trahi la République. « Mon héros, Gamelin, est presque un monstre » Le titre est emprunté au dernier article écrit par Camille Desmoulins dans son journal Le Vieux Cordelier avant sonarrestation.

France écrivait La Révolte des anges quand son éditeur lui commanda une nouvelle, destinée à compléter unrecueil de récits historiques en préparation.

France songea d'abord à un court portrait d'inquisiteur espagnol, vertueuxdans sa vie privée, odieux dans sa vie publique ; finalement, il opta pour un roman situé sous la Terreur : l'époque étaitplus familière aux Français, et il était lui-même fin connaisseur.

« J'ai voulu montrer que les hommes sont trop imparfaitspour exercer la justice au nom de la vertu.

» Le livre est une violente condamnation du fanatisme et une dénonciation del'impitoyable engrenage qui conduit les révolutionnaires purs et durs à devenir des bourreaux avant d'être eux-mêmesdévorés par la machine qu'ils ont alimentée.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles