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DURAS/ Moderato Cantabile (Analyse)

Publié le 18/11/2010

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Anne Desbaresdes, l'épouse d'un riche industriel d'une petite ville de province, conduit son petit garçon à sa leçon de piano ; il étudie une sonatine de Diabelli dont il a du mal à retenir le tempo moderato cantabile (modéré et chantant). Le cri soudain d'une inconnue tuée par son amant et la vue de son corps sanglant vont bouleverser la jeune femme à tel point qu'elle revient le lendemain dans le café où a eu lieu le crime. 

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« vin, pour provoquer une légère ivresse qui lève les inhibitions d'Anne ; l'enfant joue, à l'écart, sur le port. «— Avant que je rentre, pria Anne Desbaresdes, si vous pouviez me dire, j'aimerais savoir encore un peudavantage.» Dans leur dialogue interrompu, murmuré, une interprétation du crime s'élabore, mêlée à l'évocation de la vie d'Anne,que l'homme est avide de connaître.

Sous la pression des questions de Chauvin, Anne avoue son insatisfaction etses désirs jusque-là informulés.

Anne et Chauvin imaginent que la femme a voulu être tuée par l'homme qu'elle aimait; tous deux tentent de vivre, à travers les mots, la même tragédie.

Leur quête d'une relation absolue s'accomplitdans le geste d'Anne qui mime son propre étranglement : «— Puis le temps est venu où il crut qu'il ne pourrait plus la toucher autrement que pour... Anne Desbaresdes releva ses mains vers son cou nu dans l'encolure de sa robe d'été. — Que là, n'est-ce pas ? — Là, oui. Les mains, raisonnablement, acceptèrent d'abandonner, redescendirent du cou.» C'est encore un geste symbolique qui marque la fin de leurs rencontres, dans les dernières pages du roman : «Leurs lèvres restèrent l'une sur l'autre, posées, afin que ce fût fait et suivant le même rite mortuaire que leurs mains, un instant avant, froides et tremblantes.

Ce fut fait.» L'ITINÉRAIRE D'UNE FICTION Moderato cantabile a pour originalité de proposer l'itinéraire d'une fiction que les deux personnages élaborent au cours de leur dialogue répétitif et fragmentaire. Les amants du crime sont, pour eux, le modèle parfait de la relation amoureuse, de la passion absolue qui ne seréalise que dans la mort. 0› C'est son propre désir d'amour et de mort qu'Anne Desbaresdes ressent à travers ce crime.

Elle mène uneexistence froide et sans amour ; l'enfant comble le vide de sa vie.

Chauvin, seul, l'aide à mettre au jour sapropre vérité ; il entre dans son jeu, développe les hypothèses qu'Anne semble lui dicter.

La chaîne desquestions et des réponses fondées sur le fait-divers éclaire leur vie personnelle.

Aucun sens définitif n'esttrouvé, et le roman s'achève de façon énigmatique. 2. LA TECHNIQUE DU POINT DE VUE Le point de vue adopté dans ce récit pourrait nous laisser croire que les personnages construisent seuls leurhistoire.

Le narrateur occupe, en effet, une position de témoin, rapporte les faits, les gestes et surtout lesparoles avec minutie ; l'auteur regarde vivre les créatures qu'il a suscitées.

Mais un glissement s'opère parfoisdans ce mode de récit ; l'auteur peut adopter aussi bien le point de vue d'un personnage, et l'on pénètre danssa sensibilité.

Enfin, Marguerite Duras s'autorise quelques incursions personnelles dans la narration. Le chapitre 7 est traité d'une façon qui contraste avec le reste du roman.

Ce chapitre évoque la réceptionfinale qui a lieu chez les Desbaresdes ; Anne y arrive en retard, s'enivre au cours du dîner pour oublier sonennui et prolonger sa rêverie.

Les pensées des convives sont mises à nu par un narrateur omniscient.

Le monde conventionnel et bourgeois est décrit avec une solennité ironique, comme souvent chez MargueriteDuras : «Sur un plat d'argent à l'achat duquel trois générations ont contribué, le saumon arrive, glacé dans sa formenative.

Habillé de noir, ganté de blanc, un homme le porte, tel un enfant de roi, et le présente à chacun dansle silence du dîner commençant.

Il est bienséant de ne pas en parler.» Les motivations profondes des personnages sont enfin exposées : Chauvin attend inutilement à la porte duparc, le désir d'Anne s'épanouit dans l'odeur entêtante des magnolias, alors que sa déchéance sociales'accomplit dans le même temps. 3. LE LANGAGE DU DÉSIR 4. L'histoire des personnages de Marguerite Duras, tous féminins, est bouleversée par un événement imprévu quicreuse une faille dans leur univers personnel, par laquelle s'engouffre le désir d'un ailleurs, d'une passion, d'une autrevie.

Le personnage est ainsi écartelé entre le monde réel et celui du désir, et le langage de Marguerite Duras nous. »

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