ENCYCLOPEDIE: Le Prince
Publié le 17/01/2022
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(il Principe) Traité politique de Machiavel, écrit en 1513. Tombé en disgrâce auprès des Médicis, Machiavel s'inquiète des rumeurs sur les intentions du pape Léon X de créer un Etat au profit de ses neveux Julien et Laurent de Médicis. Intéressé par le destin de Florence et de l'Italie, l'auteur exprime dans cet ouvrage son opinion politique. Publié à titre posthume (1532), le Prince est composé de vingt-six chapitres. Il constitue une oeuvre politique pure, qui ne prend en considération aucun autre facteur, qu'il soit moral ou religieux. Empreint de réalisme (Machiavel se serait inspiré de la vie de César Borgia), et même de pragmatisme, il développe l'idée que l'intérêt de l'Etat passe avant toute autre considération. Cet ouvrage a donné lieu à de nombreuses polémiques et débats. Il a également donné naissance au terme "machiavélisme", qui désigne le système politique exposé par Machiavel, mais plus largement toute politique faisant abstraction de la morale et dénuée de scrupules.
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2.
DES PRINCIPAUTÉS NOUVELLES
A.
Les principautés mixtes (théorie de l'annexion)
t La tâche est autrement plus rude en ce qui concerne les principautés nouvelles.
Il
y a principauté nouvelle mixte quand un État déjà existant est annexé par une
principauté elle aussi déjà existante.
Le problème est ici le suivant: d'une part les
hommes, dans l'espoir d'une meilleure situation,
se révoltent contre le régime existant
et un prince étranger peut profiter
de l'occasion pour tenter une annexion, mais d'autre
part les conditions mêmes de l'annexion
ne peuvent que décevoir les révoltés.
t Plusieurs solutions sont possibles pour ce problème.
Mais il faut ici distinguer deux
cas : soit l'État annexé est géographiquement proche de la principauté qui l'annexe, soit
les deux États sont éloignés.
Dans
le premier cas, il suffit de faire disparaître tous les
membres de l'ancienne dynastie et de
ne rien changer dans les mœurs des sujets.
Le
second cas est nettement plus défavorable.
Une première solution consiste, pour le
prince, à résider dans l'État annexé afin de réduire l'éloignement.
Un deuxième moyen
consiste
à établir des colonies dans celui-ci afin d'éviter une occupation militaire
inefficace.
Enfin,
le troisième moyen consiste à éviter qu'un autre prince profite des
troubles pour tenter, lui aussi, une annexion
du même territoire.
Une qualité essentielle
au pouvoir politique est ici la capacité d'anticipation sur les événements.
t Il existe cependant un cas particulier qui pose problème: l'annexion des États
libres ou républiques.
La difficulté ici, en effet, est très importante dans la mesure où
les citoyens sont fermement attachés
à leur liberté.
La solution doit donc être radi
cale : il faut absolument détruire l'État en question, sous peine d'être soi-même détruit
par ses citoyens révoltés, attachés
à leur liberté.
B.
Les principautés tout à fait nouvelles
(théorie de l'instauration de l'État)
t Le second cas de principautés nouvelles est celui des principautés tout à fait nou
velles, c'est-à-dire celles créées à partir de rien.
Illustrer ce cas par des exemples
grandioses, voire mythiques, permet
de faire comprendre les difficultés immenses qui
attendent
le prince nouveau.
t Ici encore plusieurs situations différentes peuvent se présenter.
Tout d'abord, exa
minons le cas de ceux qui sont devenus princes par leur propre vertu, c'est-à-dire
leur habileté, leur audace et leur intelligence.
Celle-ci se manifeste tout particulière
ment dans
la saisie de l'occasion favorable et la capacité d'en tirer profit.
La difficulté,
dans cette situation, est la suivante : nécessairement,
le prince nouveau se heurte à ceux
qui tiraient parti des anciennes institutions
et il ne peut pas compter sur ceux pour qui
les nouvelles seraient utiles.
Par conséquent, pour réussir, le prince doit absolument
avoir
une puissance armée qui lui soit propre, assurant son indépendance.
t Le deuxième cas d'instauration d'un pouvoir princier est celui où le prince
acquiert le pouvoir par la fortune (la chance), toute la difficulté, qui est très impor
tante ici, étant
de s'y maintenir: celui qui acquiert le pouvoir par la fortune dépend
d'elle pour
le conserver.
Cela dit, l'exemple de César Borgia montre un prince très
habile, audacieux et intelligent, tenant son pouvoir
de la fortune.
Mais malgré sa vertu,
celui-ci a quand même échoué,
se heurtant à des revers de fortune extraordinaires.
Cela
montre donc que
la fortune peut être plus forte que la plus grande des vertus.
t Le troisième cas de principauté tout à fait nouvelle est celui où le prince prend le
pouvoir par le crime.
Certes, ce moyen -bien que sans gloire -peut se révèler relati
vement efficace.
Cela dit, ce cas montre clairement qu'il est parfois nécessaire de
recourir
à la violence pour acquérir et garder le pouvoir: la règle étant de savoir l'uti
liser de manière parfaitement calculée, toute considération morale étant ici bannie.
t Le quatrième cas est celui du particulier devenu prince par le choix de ses conci
toyens.
Il y a ici deux situations possibles, dans la mesure où chaque pays est néces-
125.
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