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Fiche de lecture: Cinna. Corneille

Publié le 21/06/2011

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Le sujet de Cinna a été fourni à Corneille par le philosophe latin Sénèque, qui, dans son traité De la Clémence, raconte que l'empereur Auguste pardonna généreusement au conspirateur Cinna et à ses complices. Mais Corneille n'a vraiment emprunté à son modèle que certains traits du personnage d'Auguste ; il a créé tout le reste, action et caractères. — Jamais la grandeur d'âme, qui constitue le fond moral des tragédies de Corneille, en s'est exprimée avec des arguments plus vigoureux, ni en plus beaux vers. Analyse. — Émilie, pour venger son père mis à mort par Auguste, organise contre lui une conjuration dont le chef sera Cinna, descendant de Pompée. Cinna aime Émilie, et ne conspire que pour lui plaire. Un traître découvre tout à Auguste. Celui-ci, qui a comblé Cinna de bienfaits, est révolté de cette ingratitude; il fait venir le conspirateur et l'oblige à un aveu, mais cet aveu n'est suivi d'aucun repentir. Émilie arrive, déclare qu'elle est responsable de tout, et qu'elle brave la colère du tyran. Auguste, qui avait cru, en adoptant Émilie et en l'élevant comme sa fille, réparer la mort de son père, est écrasé par la douleur; et enfin il apprend que Maxime, qui lui a révélé le complot, n'a agi lui-même que par fourberie. Alors, par un effort de volonté qui est le plus caractéristique exemple de la psychologie cornélienne, il domine sa déception et sa fureur, et il prononce le pardon des coupables. Ceux-ci, touchés, tombent à ses pieds.



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« conquise. Appréciation : C'est l'acte fameux de la délibération, de caractère politique.

La tension croît avec l'intérêt pour Cinna et pourl'empereur, qui nous paraît sous un autre jour qu'au Ier Acte.

La conjuration est mise en échec du fait de Cinna lui-même, d'où le conflit des deux chefs sur le plan politique et la surprise de Maxime, rendu défiant.

La scène de ladélibération est d'un genre dont il n'y avait aucun exemple chez les anciens ni les modernes : détachez-la de lapièce, c'est un chef-d'œuvre d'éloquence; incorporée à la pièce, c'est un chef-d'œuvre encore plus grand (Voltaire),Scène principale à expliquer : 1. 3e Acte : Les remords Scène 1.

Maxime a appris de Cinna qu'il aime Emilie, que cet amour est réciproque, et comprend que c'est, en vérité,pour l'acquérir qu'il fait cette conspiration : voilà pourquoi il a contraint Auguste à garder sa puissance.

Il confie àson affranchi, Euphorbe, que, lui aussi, il aime Emilie; il s'aperçoit qu'il sert la cause d'un rival.

Sa jalousie l'incite àperdre celui-ci, en sorte qu'il se prête aisément aux suggestions d'Euphorbe, qui l'engage à révéler à l'empereur lesdesseins criminels de Cinna. Scène 2.

Arrive Cinna qui confie à Maxime ses hésitations.

Il sent au fond du cœur mille remords, prend consciencede son ingratitude : l'empereur a déposé en leurs mains son pouvoir absolu, a écouté leur avis, l'a applaudi, lui,Cinna et lui a dit qu'il retiendrait l'empire pour lui en faire part.

Voilà qui le fait réfléchir.

Mais d'un autre côté unserment le lie à la haine d'Emilie pour Auguste.

Jusqu'alors il était attaché aveuglément à son dessein généreux ;quand le moment d'agir approche, il entrevoit qu'il agirait en lâche. Scène 3.

Monologue de Cinna : La gloire d'affranchir Rome le cède à la gloire de la gratitude.

Comment n'aurait-il pashonte de conspirer contre un prince magnanime qui l'estime, le comble d'honneurs, de biens, qui lui offre tout ce qu'ilsouhaite jusqu'à la main d'Emilie elle-même? Ce n'est pas par faiblesse, c'est par un sentiment d'honneur qu'il changede résolution.

Mais il dépend de son serment.

Il s'agit donc de tenter de fléchir Emilie. Scène 4.

Cinna essaie de détourner Emilie de ses projets de vengeance, lui montrant la bonté, les bienfaitsd'Auguste, l'exhortant au nom de l'honneur à suivre sa propre conversion, à fuir la honte des noms d'ingrate et deperfide; mais Emilie est implacable.

Chez elle la gloire de la vengeance ne le cède à aucune autre gloire.

Cinnainsiste, exaltant de plus en plus l'empereur.

Il fait un nouveau plaidoyer, et ici l'avocat est gagné par la cause qu'ildéfend.

Mais Emilie, d'une énergie intransigeante, ne connaît que sa haine et sa colère, ne peut suivre l'élévation del'âme de son amant, l'accuse de lâcheté.

Elle tuera donc elle-même s'il ne veut plus la venger.

Faible devant sapassion, esclave de son serment, Cinna se trouve réduit à tenir la parole donnée de tuer son bienfaiteur, mais à soncrime forcé il joindra son châtiment, c'est-à-dire qu'il se tuera lui-même ensuite. Scène 5.

Emilie souffre, pleure devant Fulvie, mais son amour est dépassé par sa soif de vengeance : que Cinnas'acquitte de sa promesse et qu'il choisisse de la mort ou d'elle. Appréciation : L'intérêt de ce 3e Acte est dans le bouleversement intérieur de Cinna.

En face de Cinna tourmenté et de Maxime,qui médite sa trahison, Emilie grandit.

C'est elle qui fait rebondir les chances de la conspiration qui était sur le pointd'échouer. Scènes principales à expliquer : 3, 4.

— Intérêt pour l'action : 4 et 5. 4e Acte : Crise de conscience Scène 1.

Euphorbe est venu dévoiler la conspiration à Auguste.

Il ajoute que Cinna persiste dans son crime et luifait croire que Maxime, son maître, s'est puni lui-même en se jetant dans le Tibre. Scène 2.

Monologue d'Auguste : L'empereur, instruit du complot, laisse éclater sa colère ; il exhale sa douleurdevant tant d'ingratitude.

Puis il fait un retour sur sa vie passée : lui qui n'a rien épargné, n'est-il pas insensé devouloir qu'on l'épargne ? N'a-t-il pas mérité ce qui lui arrive ? ses propres forfaits ne légitiment-ils pas la haine et laperfidie? C'est ainsi qu'il s'interroge, et sa conscience en vient à absoudre ses ennemis.

Puis il s'indigne : toutefoisest-ce bien à Cinna à jouer les Brutus, lui, qu'il a comblé de bienfaits et qui précisément lui a donné le conseil de nepas abdiquer ? Il est douloureusement perplexe : doit-il punir ou pardonner? Scène 3.

L'impératrice Livie lui démontre que les rigueurs ne font qu'exaspérer les inimitiés.

Elle lui conseille donc laclémence qui, d'après elle, sera un geste plus politique, un calcul habile. Scène 4.

L'empereur s'est retiré et Emilie paraît, accompagnée de Fulvie.

Elle sait qu'Auguste a mandé Cinna etapprend le prétendu suicide de Maxime.

D'une grande fermeté au milieu de cette situation douteuse, elle se félicited'avoir fait tout ce qu'elle a pu pour la liberté de Rome et pour venger son père.

Si l'effet a manqué, elle mourra, etsa gloire ne sera pas moindre.

Elle n'a ni soupirs ni pleurs pour Cinna.. »

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