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Fiche de lecture: Lettres persanes de MONTESQUIEU

Publié le 23/11/2009

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Le roman par lettres, genre auquel appartiennent les Lettres persanes, est très à la mode au début du XVIIIe siècle : la forme épistolaire, en effet, permet de recourir au pathétique sans que la personnalité de l'auteur devienne écrasante, comme le réclament à l'époque les bienséances littéraires.

Un riche Persan en voyage en Europe observe les mœurs et les institutions occidentales pendant que son sérail sombre dans le désordre.

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« 1 • LE CONTEXTEPubliées sans nom d'auteur, les Lettres persanes ont été l'objet d'un scandale retentissant en raison de la satire duchristianisme et du gouvernement qu'elles contiennent.

Mais les contemporains n'ont eu aucun mal à y reconnaître laplume de Montesquieu.

Si Montaigne avait déjà utilisé le regard naïf d'étrangers sur nos moeurs dans Les Cannibales,Montesquieu fait de son récit un prétexte pour moquer les valeurs de son temps.

Cette anthologie « sociologique », qui al'audace et l'humour du pamphlet, lui vaut un succès inestimable : son influence sera autant esthétique, dans les modesdes « lettres exotiques » et du roman épistolaire, qu'idéologique, par sa revendication de tolérance et de liberté. 2 • LE TEXTELes Lettres relatent le voyage effectué en France par deux Persans, Usbek et Rica, de 1712 à 1720.

Ils communiquentleurs impressions par correspondance, observant d'un regard neuf, et parfois étonné, les moeurs et les institutionsoccidentales, soudainement ridicules et absurdes.

Ni la politique, ni la religion, ni l'économie, ni l'évolution des arts et dessciences n'échappent à leur intérêt critique.

Parallèlement, des nouvelles de Perse apprennent à Usbek, maître du séraild'Ispahan, que le désordre règne dans son harem.

Même si Usbek retourne en Perse, le despotisme oriental sembleautant condamné que les artifices occidentaux. 3 • LES THÈMES MAJEURS• La critique des moeursSi les personnages portent sur la société française un regard naïf et étonné, leurs costumes orientaux suscitent en retourun verbiage intarissable dans les salons.

Les préjugés des Parisiens, badauds mondains, se manifestent par l'importanceaccordée à l'apparence.

Montesquieu critique le préjugé selon lequel « voir » c'est « savoir ».• La critique de la monarchieRica voit dans le roi un « grand magicien » qui manipule ses sujets « comme il veut » et n'a « qu'à leur persuader qu'un écuen vaut deux, et ils le croient ».

Ce ton, naturel dans la bouche du Persan, l'est beaucoup moins dans celle deMontesquieu, qui critique ici un pouvoir royal usurpé, fondé sur l'illusion et l'aliénation des sujets.

Un hymne à la raison humaineFervent défenseur du progrès scientifique qui s'annonce à l'aube du siècle des Lumières, Montesquieu s'oppose à lathéolofgie, dont les mystères constituent un obstacle à l'intelligence de l'homme.

Les multiples découvertes récemmentfaites par les sciences, et uniquement déduites de « la connaissance de cinq ou six vérités », instaurent un savoirrationnel, libéré du dogmatisme et apte à faire de l'homme le maître de la nature. 4 • L'ÉCRITURE• Un ton faussement naïfC'est par le biais de l'ironie que Montesquieu dénonce les manies; les préjugés et les abus de son temps.

Les portraitscaustiques qu'il brosse des Français rappellent quelque peu les Caractères de La Bruyère.

Mais ici, l'apparente badineriede l'auteur sert à faire passer des critiques incisives et hardies, tant de la société du xviir siècle que de ses fondements.• Le sens du contrasteL'auteur exploite pleinement la situation de l'observateur naïf et pique la curiosité du lecteur en créant un comique de farceperpétuel.

Adaptant ses traits d'esprit aux situations qu'il décrit, Montesquieu manifeste un goût prononcé pourl'expression pittoresque. Montesquieu Ecrivain et juriste français (1689-1755).

Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, est néau château de la Brède, dans le Bordelais.

Il fait ses études à l'école des oratoriens à Juilly, puis à Bordeaux.

En 1714, ildevient conseiller au Parlement de Bordeaux, qu'il préside de 1716 à 1728.

La notoriété de Montesquieu vient de ses"Lettres Persanes" (1721), une satire de la vie politique, de la situation sociale, de l'Eglise et de la littérature de la Francede son temps, sous la forme d'une correspondance entre deux Persans qui voyagent en Europe.

Le succès du livre estimmédiat.

C'est l'une des premières oeuvres de l'époque des Lumières, qui ont préparé le terrain à la Révolution françaisepar leurs critiques des institutions françaises sous le régime des Bourbons.

Le succès de ce livre ainsi que d'autresouvrages de moindre importance lui valent d'être élu à l'Académie française en 1728.

Ses "Considérations sur les causesde la grandeur des Romains et de leur décadence" (1734) est un ouvrage majeur sur la philosophie de l'histoire.

Son chef-d'oeuvre reste néanmoins "L'Esprit des Lois" (1750), dans lequel il analyse les trois formes possibles de gouvernement(république, monarchie et despotisme) et la relation entre, d'une part, le climat, la géographie et les conditions généralesd'une région donnée, et d'autre part la forme de gouvernement qui s'y développe.

Montesquieu considère que laséparation et l'équilibre des pouvoirs politiques sont nécessaires pour garantir la liberté et les droits de l'individu.

Sesprises de position en faveur d'une monarchie constitutionnelle lui vaudront d'être l'une des références majeures deslégislateurs de 1791.. »

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