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FICHE DE LECTURE : « MODERNITE ET HOLOCAUSTE », de Zygmunt Bauman

Publié le 14/08/2012

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Outre le système bureaucratique, le développement de la technologie accentue ce phénomène d’aveuglement éthique et d’invisibilité des victimes par le recours à des méthodes d’exécution de plus en plus sophistiquées : durant l’holocauste, les tirs à bout portant ont évolué vers des techniques de gazage ‘propres’ et anonymes, tout comme aujourd’hui les missiles à longue portée ont remplacé les anciennes fusillades.    Modernité et Rationalité : Coopération des victimes    Z. Bauman montre également comment les nazis ont exploité l’usage de la rationalité chez leurs victimes afin de diminuer leur résistance à l’holocauste et rendre efficace leur coopération. Ils ont favorisé la mise en place de Conseils juifs auxquels ils faisaient croire, à chaque fois, qu’une partie des juifs sacrifiés pouvait en sauver une autre ou qu’il y avait peut-être une issue. Ces Conseils étaient ainsi mis dans une logique du choix, un choix rationnel, limité, orienté vers « un mal et un moindre mal «.

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« Il analyse par ailleurs la structure bureaucratique : elle repose sur « la méticuleuse division fonctionnelle du travail » et sur « la substitution de la responsabilitétechnique à la responsabilité morale ».

Le morcellement et la séparation des tâches ont permis la dissociation entre l'efficacité de l'action et sa portée morale. Ainsi, l'absence de conscience des effets réels des ordres, l'ignorance de la série entière des tâches, le seul intérêt pour l'avancement de la tâche, la déshumanisationdes objets de l'activité bureaucratique (les victimes sont désignées dans des termes techniques éthiquement neutres : des « pièces », et les opérations de gazageappelées « traitements spéciaux »), sont autant d'outils, qualifiés de « somnifères moraux », qui facilitent l'abstraction du travail et court-circuitent les possibilitésd'évaluation morale de ses objectifs.

Les participants deviennent alors les simples rouages d'une machine par un mécanisme de médiation de l'action. Outre le système bureaucratique, le développement de la technologie accentue ce phénomène d'aveuglement éthique et d'invisibilité des victimes par le recours à desméthodes d'exécution de plus en plus sophistiquées : durant l'holocauste, les tirs à bout portant ont évolué vers des techniques de gazage ‘propres' et anonymes, toutcomme aujourd'hui les missiles à longue portée ont remplacé les anciennes fusillades. Modernité et Rationalité : Coopération des victimes Z.

Bauman montre également comment les nazis ont exploité l'usage de la rationalité chez leurs victimes afin de diminuer leur résistance à l'holocauste et rendreefficace leur coopération.

Ils ont favorisé la mise en place de Conseils juifs auxquels ils faisaient croire, à chaque fois, qu'une partie des juifs sacrifiés pouvait ensauver une autre ou qu'il y avait peut-être une issue.

Ces Conseils étaient ainsi mis dans une logique du choix, un choix rationnel, limité, orienté vers « un mal et unmoindre mal ». Conclusion Les nazis ont donc su mettre la rationalité individuelle au service de l'anéantissement collectif, à toutes les étapes de l'holocauste.

Plus généralement, « le mondeinhumain qu'ils ont créé déshumanisa ses victimes et ceux qui observèrent passivement cette persécution en les poussant à recourir à la logique de l'instinct deconservation afin de les dédouaner de leur insensibilité morale et de leur inaction ». L'ouvrage s'achève sur des réflexions morales et tire deux grandes leçons de l'holocauste :- La facilité de la raison à servir des buts immoraux : la plupart des gens placés dans une situation qui n'offre aucun bon choix, ou qui le rende très coûteux,parviennent à esquiver le devoir moral avec une aisance certaine et adoptent à sa place les préceptes de l'intérêt rationnel et de l'instinct de conservation.- La résistance à la corruption et à l'abandon de la moralité : « placer l'instinct de survie au-dessus du devoir moral n'est en aucune façon un acte prédéterminé,inévitable, incontournable » ; il y a eu des personnes, même en petit nombre, qui n'ont pas renoncé à leur devoir moral. Bauman conclut ainsi avec une mise en garde et un espoir : il invite à une vigilance accrue car les facteurs de la modernité qui ont contribué à rendre possible lemassacre des juifs en Europe sont toujours présents dans nos sociétés actuelles : agir et penser de manière rationnelle sans aucun égard à la conscience morale,adhérer à "la suprématie du calcul de rentabilité" au détriment des règles éthiques, n'accepter de responsabilité que technique et ignorer toute responsabilité morale.Il termine sur une note d'espoir : « Le mal n'est pas tout puissant.

On peut lui résister.

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