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Fiche de lecture : POUR EN FINIR AVEC LE JUGEMENT DE DIEU d'Antonin Artaud

Publié le 18/11/2018

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POUR EN FINIR AVEC LE JUGEMENT DE DIEU

Antonin Artaud. Poèmes, 1948.

 

Sorti en 1946 de l’asile de Rodez, Artaud (1896-1948) jouit d’un relatif prestige auprès d’écrivains et d’intel

 

lectuels. On lui demande de participer à une émission radiophonique. Il compose pour cette occasion la plupart des textes de Pour en finir avec le jugement de Dieu. Jugée scandaleuse, l’œuvre a été interdite au dernier moment, donnant lieu à un âpre débat dont la presse s’est largement fait l’écho. Sans même être connue, l’œuvre fait donc scandale, mais avec le plus grand sérieux. Le texte de l’émission se compose de six parties de longueur inégale, opposant une conjuration universelle pour asservir l’homme à la guerre et à Dieu, et la cruauté libératrice des Tarahu-maras (voir Les Tarahumaras*). S’il est vain de prétendre exposer le sens né de l’«ordre fulminant» du texte, il est possible d’en reconstruire — artificiellement — une logique, dont le premier temps est la conscience qu’une volonté étrangère (les Américains, Dieu) cherche à s’imposer à l’homme. Cette agression, éprouvée physiquement, n’est pas une violence visible: elle enferme l’être dans la forme d’un corps organisé, doté de ses fonctions sexuelles et d’excrétion, d’un corps asservi. « Pour en finir avec le jugement de Dieu», il faut en finir avec un tel ordre: que le corps renaisse, vole en éclats et se «ramasse» «sous dix mille aspects» (.Théâtre de la cruauté, 1947, poème initialement destiné à faire partie de l’émission). Ce corps sans organe permettra de retrouver un épanouissement merveilleusement libre, de « danser à l’envers », « et cet envers sera son véritable endroit». La danse de Tutuguri à laquelle se livrent les Tara-humaras leur permet ainsi de détruire le soleil (Dieu) pour le recueillir en eux, dans un corps déchiré par une violence fulgurante et libératrice. Le texte d’Artaud est conçu pour être dit avec accompagnement musical. Même écrit, il conserve sa force explosive. « La question se pose de... » ne propose de termes que pour les effacer derrière ses questions. Le poète prend (littéralement) la parole plus qu’il ne communique. « La recherche de la fécalité » qui oppose l’être, exécré, à la vie, offre un rythme de la pensée et non une pensée formée.

 

♦ Pour en finir avec le jugement de Dieu n’est pas seulement une œuvre antireligieuse: elle martelle la négation de tout ordre. Sa portée dépasse de loin le

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« scandale qu'elle a provoqué et montre que, sans reverùr à la pensée commune.

Artaud est parvenu à suffisamm ent de maîtlise pour communiquer ce qu1 sem­ ble le plus étranger à la communication.

ÉomON• Artaud.

Pour en finir avec le jugem.em de Dieu.

dans ŒuvreB compUteB.

t.

Xlii.

Gallimard, �974.

ET\IDilS o voir Artaud le M6mo.. »

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