Devoir de Philosophie

FICHTE : La Destination de l'homme

Publié le 13/10/2013

Extrait du document

fichte

Jamais Fichte ne propose à son lecteur de répondre à la question de la destination de l'homme par l'énoncé d'un dogme ou d'un code éthique, par l'in­dication d'un quelconque contenu ; toute action est sainte dès lors qu'elle est exécutée dans l'incondition­nalité : seule la force de la décision empêche l'acte accompli de se dissiper dans le domaine des appa­rences et lui permet de pénétrer dans le saint des saints. Le philosophe populaire ne peut donc que ren­voyer son lecteur à lui-même, à sa libre décision comme à l'unique fondement d'une indémontrable réalité. Il n'y a point là une pensée de l'intention qui paresseusement remettrait le pouvoir d'effectuation à une force étrangère, mais une pensée de la fermeté et de la force exigées de chacun pour le choix salutaire de l'unité et de la réalité du monde.

fichte

« 222 GRADUS PHILOSOPHIQUE évaluer la portée du refus fichtéen de former la vie par la doctrine.

La philosophie populaire de La Destination de l'homme dénonce, comme le mal même en philosophie, le dessein de substituer la théorie scientifique à la conscience commune du peuple.

En ce sens, le texte fichtéen est un avertissement, négligé par !'Histoire moderne, et un manifeste, la proclamation que la phi­ losophie n'a pas de contenu propre à imposer au monde, mais cherche uniquement à manifester la vie en son mouvement singulier et sa richesse propre.

Inlassable­ ment, Fichte le répète à ses interprètes contemporains, qui ne veulent l'entendre: l'on ne comprendra rien à la philosophie tant qu'on lui prêtera l'intention de devenir une façon de penser dans ia vie courante, car elle ne crée rien elle-même, mais observe seulement !'agir néces­ saire par lequel l'homme réel se constitue lui-même, et n'atteint son terme qu'en ayant retrouvé l'homme en sa présence concrète.

Tel le peintre, qui dans son œuvre retrace et fixe par son propre geste les architectures et les harmonies mobiles en lesquelles s'unissent les cou­ leurs élémentaires du réel, le philosophe laisse appa­ raître le monde donné comme s'il l'avait lui-même fait, mais ne le fait résolument pas.

Sa contemplation est tout aussi active que son activité est contemplative.

Il apprend à voir une harmonie, un ordre, qu'il construit, mais auquel il ne saurait donner vie.

C'est cette position de principe qui commande la composition même de La Destination de l'homme.

Le point de départ du texte fichtéen est le Doute 1 , l'indé­ cision de l'homme découvrant en lui-même la fracture originaire, la dualité de son propre moi partagé entre la tentation d'un enfouissement servile dans l'opaque nécessité des forces naturelles, que lui commande son intelligence 2 , et le mystère du déchirement de cette nuit par l'éclair de la liberté qui brille au fond de son cœur 3 • Cet antagonisme entre son essentielle ouver­ ture au monde, dont il reçoit passivement ses déter- 1.

La Destination de l'homme, Premier Livre - Doute (p.

5 à 34).

2.

Ibid., p.

7-26; particulièrement p.

25-26.

3.

Ibid., p.

27-28.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles