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Fin de partie

Publié le 29/03/2013

Extrait du document

Le titre de l'oeuvre peut s' appliquer à l'histoire des deux personnages principaux attendant la fin de leur vie ou celle de la pièce qu ' ils jouent, ainsi qu'à la décision de Clov de mettre un terme à sa relation avec Hamm, mais aussi, au niveau de l'écriture, à la fin d'une certaine littérature créatrice d' illusion trompeuse. Samuel Beckett, né à Dublin en 1906 et mort à Paris en 1989, publie ses premières oeuvres (romans, nouvelles et pièces de théâtre) en anglais, puis il écrit en français (Fin de partie, 1957, notamment), langue qu'il maîtrise parfaitement: il fait des études de lettres (littérature française et italienne) et vit à Paris. Il doit ses premiers succès à l'amitié qui le lie à son compatriote James Joyce, à qui les critiques l'associent lors de ses débuts littéraires. La pièce a été créée, en français , au Royal Court Theatre de Londres en 1957 et à Paris peu après, dans une mise en scène de Roger Blin.

« « HAMM.

-Amène-moi sous la fen être .

( ...

) Je veux sentir la lumière s ur mon visage.

» EXTRAITS Bonheur lié à l'image de l'eau NELL.

-C'était sur le lac de Côme.

(U n temps ) Une après-midi d'avril.

(Un temp s) Tu peux le c roir e ? AAG.

-Qu oi? NELL.

- Qu e nous nous so mmes prome nés sur le lac de Côme .

(Un temp s).

Une après-midi d'avril.

NAAG.

-Ons ' était fiancés la veille.

NELL.

- Fiancés ! NAAG.

- Tu as tellement ri qu e tu nou s as fait chav ir er.

On aurait dû se noyer.

ELL.

- C'était par ce que 1e me senta is heu­ reuse.

NAAG.

- Mais non , mais non, c'é tait mon his­ t oir e .

La preuve, tu en ris encore .

A c haqu e fois.

NEL L.

-C'était profo nd , profond.

Et on voyait le fond .

Si blanc.

Si n et.

Comique des gestes répétitifs et inadéquats de Clov CL OV.

-J'apport e l'escabeau.

(Il ins talle l'esc abeau sous la fenêtre à droite, monte de ss us, se rend comp te qu ' il n'a pas la lu­ nette , descend de l'es cabeau) Il me faut la lunett e.

Il va vers la porte .

HAMM (avec vio lence).

- Mais tu as la lu­ nette! CLOV (s'a rrêtant , avec vio lence).

-Mais non, je n'ai pas la lun ette! Il sort.

HAMM.

-C'est d'un trist e.

Entre Clov, la lunette à la main.

Il va vers l'esca beau.

CLOV.

-Ça redevient gai.

(Il monte sur l'es ­ cabeau, braque la lun ette sur le dehors.

Elle lui échappe de s main s, tombe .

Un temp s) J'ai fait exprès.

(Il de sce nd d e l 'es cabeau, ramasse la lun ette, l'examine, la braque s ur l a salle ) J e vois...

une foule en délire.

(U n temp s) Ça alors, pour un e lon gue-v ue c'es t un e l ongue -vue.

( Il bai s­ se la lun e tte, se to urn e vers Hamm ) Alors ? On ne rit pas ? HAMM (ayant ré flé­ chi) .

- M oi non.

Hamm a conscience d'être en représentation CLOY .

- A quoi est-ce que je sers? HAMM.

-A me donner la réplique .

(.

..

) CLOY (imp lorant).

- Cesso ns de jouer ! HAMM.

- Jamais ! (U n temps) Mets-moi dans mon cerc u ei l.

CLOY.

-Il n'y a plu s de cerc ueil s.

HAMM.

-Alors que ça fin isse ! (C lov va vers l'e sca beau .

Avec vio len ce) Et que ça sau t e! (Clov monte sur l 'es cabeau , s'arrête, de scend , cherc he la lun ette, la ramasse, remonte sur l'escabea u , l ève la lunette ) D'obscurité! Et moi? Est- ce qu'on m'a jamais pardonné, à moi? CLOY (bais sant la lunett e, se tournant vers Hamm) .

-Quoi ? (Un temps) C'est pour moi que tu dis ça ? HAMM (avec co lère).

- Un apart é! Con ! C'est la pr emière fois que tu ente nd s un aparté ? (U n temp s) J'amorce mon derni er so liloqu e.

Éditions de Minuit, 1957 « HAMM.

-Ouvre la fen être.

CLOV .

-Pour quoi faire ? HAMM .

-Je veux entendre la mer .» NOTES DE L'ÉDITEUR « De nouvea u le trajet fatal s'e st accomp li.

Hamm et Clov ont retrouv é le sort comm un d e tou s les personnage s de Beckett.

( ...

) « Ce pers onnage dont la présence s'instaur e sur la scè ne est consta mm ent « La premi ère phrase de la pi èce, pronon cée par Clov, nous met immédiatement dans l'ambiance et tra ce les limit es de " l 'ac tion ":" Fini, c'est fini , ça va fini r, ça va peut-être finir".

Cette fin douteuse qu 'ils att end ent avec so ulagement et résignation, c'est l a fin du suppli ce de vivre, la fin de tout e vie, à commencer par la le ur ; litt éra lem ent, ils sont occupés à mourir .

» Maurice Nadeau, Les critiqu es de notre temps et B eckett, Garnier Frères, 1971.

La scène de théâtre, lieu privilégié de la prése nce, n 'a pas résisté longtemp s à la con tagion.

La progres sion du mal s'es t faite au même rythme sûr que dans les récit s.

Apr ès avoir cru un moment que nous av ion s sa is i le vrai homme , n o us so mme s donc con train ts de confesser notre erreur.

( ...

) Il n 'éta it, lui au ssi, qu'un e créa ture de men songe , provisoire en tout cas, vite retomb ée dan s le domaine du rêve et de l a fiction.

» A lain Robb e-Grillet.

1 H arlingue-Violl et 2, 3, 4 d ess ins d'Élisa beth Pé russe!, Edito-S ervicc SA/ D.R.

e n repré sentatio n, et il le sai t.

De par la vo lont é de Beck ett, l'act eur n 'adhère pa s t o tal em ent au rôl e, il mani feste à plu sieurs repri ses qu'il est consc ient de jouer.

En particulier , l'act eur tient compte du public.

Lorsque Clov a achevé de tout mettre en o rdr e pour que le jeu commence, il " se retourne , co ntemple la scè ne, se tourn e ve rs la sa lle ".

» Michèle Foucré, Le Geste e t la parole dans le théâtr e de Samuel Beckett, Nizet , 1970 .

BECKETI03. »

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