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GERMINAL, roman de Zola

Publié le 17/01/2019

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GERMINAL, roman de Zola publié de novembre 1884 à février 1885 dans le Gil Blas, Avec ce treizième volet des Rougon-Macquart, Zola intervient au cœur de la « question sociale », destinée selon lui à être « la plus importante du xxe siècle ». Il assignait comme but à cette peinture de la condition des houilleurs du Nord, « complément de 1'Assommoir », noirci encore par le pittoresque minier, d'évoquer « le rôle politique et surtout social de l'ouvrier ». Pour fondre en roman le regard extérieur que lui-même avait porté sur le monde du charbon au cours de son enquête préliminaire, Zola investit comme centre de son récit la rencontre d'Étienne Lantier, l'étranger poussé vers la fosse du Voreux par le chômage, et de la « tragique famille des Maheu ». Compagnon de leurs travaux, témoin de leurs angoisses domestiques, épris même de Catherine, leur fille, Étienne se trouve bientôt immergé dans la vie exsangue du « coron des Deux-Cent-Quarante », où il sème la révolte et devient le leader de la grève. Bien que renié, après la fusillade meurtrière, par le troupeau débandé des ouvriers, il quitte la mine en « soldat raisonneur de la Révolution » qu'un peu d'instruction et la montée des idées socialistes promettent à d'autres ambitions. Thaumaturge grisé de cette « lutte du capital et du travail » qui oppose les mineurs faméliques aux opulents actionnaires de Montsou, le fils de Gervaise, même s'il tue son rival en amour au fond d'une galerie engloutie, oublie presque dans sa plénitude héroïque la « lésion héréditaire ». Quant aux Maheu, dont les heurs et malheurs déclinent les divers aspects de la fatalité sociale, ils constituent un acteur collectif exemplaire, équidistant du héros et du groupe : immolés sur l'autel du pathétique romanesque, Maheu, Alzire, Catherine, Zacharie illustrent par leur fin tragique et emblématique l'implacable voracité de la mine mangeuse d'hommes. C'est au traitement épique de sa copieuse substance réaliste que Germinal, roman de la nuit et des ténèbres, des foules éperdues, doit son immense succès. L'abondance des répétitions, véritables « leitmotive homériques », des métaphores animales obsédantes, le jeu expressionniste du noir, du blanc et du rouge, animent un « naturalisme qui rejoint le symbole et qui est en étroite connexion avec le mythe » (Th. Mann). La fresque politique actualise ici une ode hypochthonienne agitée par les sourds échos d'une théogonie obscure et que vient seule éclairer l'évocation finale d'un printemps palingénésique de l'humanité.

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