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GIL BLAS DE SANTILLANE (Histoire de)

Publié le 17/01/2019

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GIL BLAS DE SANTILLANE (Histoire de), roman de Lesage publié en trois parties (I, 1715 ; II, 1724 ; III, 1735) et inspiré du roman picaresque espagnol Lazarillo de Tormes. Au cours d'une succession d'aventures qui lui font traverser l'Espagne, le narrateur apprend à vivre et accède finalement à une sorte de sagesse épicurienne. La succession des épisodes semble n'être régie que par le hasard mais, utilisant avec habileté les rappels thématiques et la division en tomes, Lesage a donné à l'œuvre la cohérence d'un triptyque : premières expériences, équilibre de la maturité, sagesse de l'âge. Des personnages dans la tradition des Caractères de La Bruyère, de nombreuses anecdotes, des allusions à la vie sociale de l'époque et un aimable scepticisme donnent au roman une dimension satirique caractéristique à l'aube du combat des Lumières.

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« de ses étapes, Gil Blas rencontre des personnages qui deviennent ses protecteurs et qu'il sert pendant quelquetemps.

Ces derniers occupent un rang de plus en plus élevé dans la hiérarchie sociale et permettent à Gil Blas lui-même de s'élever sur l'échelle sociale.

Au terme de ses aventures, c'est un Gil Blas enrichi et anobli, retiré sur lesterres qu'il a acquises, que nous écoutons nous raconter sa propre histoire. 2.

UN ROMAN D'APPRENTISSAGE Derrière la fantaisie débridée d'aventures drôles et parfois rocambolesques, se dessine dans Gil Blas une dimension plus profonde, qui est celle du roman d'apprentissage.

À travers ses pérégrinations, qu'il connaisse des déboires ouqu'il rencontre la réussite, Gil Blas se forge un destin et une personnalité et connaît une double ascension : socialeet morale. Sa progression dans la société est le premier moteur du roman.

Devenu brigand malgré lui dans le premier livre, GilBlas achève sa vie dans son château, épouse une noble et a été lui-même anobli : «Vous avez des lettres de noblesse, cela suffit pour votre postérité : lorsque letemps aura mis sur ces lettres le voile épais dont il couvre l'origine de toutes les maisons, après quatre ou cinq générations, la race des Santillane sera des plus illustres.» (Livre XII, ch.

14) Ces lettres de noblesse qu'a acquises Gil Blas sont moins le fruit d'une vie vertueuse que le prix de sa débrouillardiseet de son ingéniosité.

Il a gravi les échelons de la société en mettant à chaque fois ses talents au service demaîtres de plus en plus importants : un médecin (Livre II), l'archevêque de Grenade (Livre VII), le duc de Lerne(Livres VIII et IX), le comte-duc d'Olivares, Premier ministre du roi d'Espagne (Livres XI et XII). Intrigant, symbole de ce que l'on nommerait aujourd'hui un «arriviste», Gil Blas a parcouru un chemin seméd'embûches.

Les diverses promotions qu'il connaît sont le plus souvent suivies de chutes brutales — comme lorsqu'ilest emprisonné dans la tour de Ségovie (Livre IX) — ce qui permet à Lesage de faire rebondir le récit. Par ailleurs, Gil Blas sait s'arranger de la morale et de l'honnêteté ; il n'hésite pas à commettre, quand il peut en tirerprofit, quelques indélicatesses.

C'est ainsi qu'il exerce la médecine en ignorant tout de cette science : «Après quoi, je me disposai à exercer la médecine aux dépens de qui il appartiendrait.» (Livre II, ch.

3) Il pratique aussi le trafic d'influences : «J'aurais alors volontiers fait afficher que tous ceux qui souhaitaient d'obtenir des grâces de la cour n'avaient qu'às'adresser à moi.

[...] Je ne cherchais qu'à faire plaisir pour de l'argent.

[...] Je ne me contentais pas de faire desgouverneurs, je donnais des ordres de chevalerie, je convertis quelques bons roturiers en mauvais gentilhomme pard'excellentes lettres de noblesse.

Je voulus aussi que le clergé se ressentît de mes bienfaits.

Je conférai de petitsbénéfices, des canonicats et quelques dignités ecclésiastiques.» Livre VIII, ch.

9) Enfin, devenu riche et puissant, il paie d'ingratitude ses anciens amis, qui le lui reprochent amèrement : «Après cela, comment me reçois-tu ? avec une politesse glacée, et en tranchant du seigneur.

On dirait que mesvisites commencent à te peser.

Crois-tu qu'une pareille réception soit agréable à un homme qui t'a vu son camarade? Non, Santillane, non ; elle ne me convient nullement.

Adieu, séparons-nous à l'amiable.

Défaisons-nous tous deux,toi d'un censeur de tes actions, et moi d'un nouveau riche qui se méconnaît.» (Livre VIII, ch.

13) Cependant, le parcours de Gil Blas n'est pas seulement celui d'un «parvenu».

Écrit à la première personne, le romande ses aventures se présente comme une sorte de confession autobiographique.

Ce sont en réalité deux Gil Blas quenous découvrons.

Le premier, jeune homme pris dans le tumulte d'une vie dont il ne comprend pas toujours ni le sensni la valeur, et qui avance au gré des événements, sans véritablement prendre sa destinée en main ; le second,vieilli et mûri, qui occupe le statut de narrateur.

De l'un à l'autre, la distance est celle qui sépare le simple picaro del'«honnête homme» qui a médité les leçons de l'existence.

Cette distance est marquée dans le texte par lesjugements discrets qu'inspire au Gil Blas narrateur sa conduite passée.

Avec le recul, il perçoit ce que sa conduitepouvait parfois avoir d'inconvenante et de répréhensible : «Avant que je fusse à la cour, j'étais compatissant et charitable de mon naturel ; mais on n'a plus là de faiblessehumaine, et j'y devins plus dur qu'un caillou.

Je me guéris aussi par conséquent de ma sensibilité pour mes amis.» (Livre VIII, ch.

10). »

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