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GIRART DE ROUSSILLON

Publié le 13/12/2018

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GIRART DE ROUSSILLON (v. 1150). Chanson de geste rédigée dans une langue qui mêle des éléments français et occitans, elle retrace, en un peu moins de 10 000 décasyllabes, le conflit qui oppose Charles Martel, souverain abusif, à Girart de Roussillon, qui possède toute la terre de la Bourgogne jusqu’à Barcelone.
 
Les deux filles de l’empereur de Constantinople sont promises respectivement à Charles et à Girart. Mais le roi, ébloui par la beauté de la cadette, Elissent, exige l’échange des fiancées. A titre de compensation, Girart tiendra désormais sa terre en alleu : il cesse donc d’être le vassal de Charles. Évidemment, le roi cherche très vite à récupérer son droit de suzeraineté et à obliger Girart à lui prêter de nouveau hommage. Du refus de Girart découle une première guerre, dont l’épisode final


« est la bataille de Vaubeton : une manifestation divine (le miracle des gonfanons brOlés par des flammes venues du ciel) fait comprendre à Girart et à Charles que Dieu condamne cette lutte.

Réconciliés, les deux héros luttent ensemble contre les Sarrasins et les Frisons.

Mais le meurtre de Thierri d' Ascane, parent du roi, relance les hostilités.

La bataille de Civaux voit le triomphe du roi, mais Girart s'échappe; il subit une ultime défaite sous les murs de Roussillon.

Commence alors une longue pénitence : avec sa femme Berte, il mène pendant vingt ans une existence de charbonnier dans la forêt.

JI expie ainsi les fautes qu'il a commises à la fois contre son roi et contre Dieu.

Girart, de retour à la cour grâce à Elis­ sent, se réconcilie avec Charles; mais l'hostilité du lignage de Thierri d' Ascane demeure.

Peu à peu, le désir de puissance renaît dans le cœur de Girart, qui souhaite rendre à son fils toutes ses possessions de l'époque de sa gloire.

Le meurtre de ce fils par un vassal pourtant fidèle, mais qui redoutait le retour de guerres dévastatrices, pro­ voque la conversion définitive du héros.

Le pape scelle la paix, et Girart et Berte, construisant de leurs mains la Madeleine de Vézelay, accèdent à la sainteté.

En dépit de la très haute qualité de l'œuvre, son unité a été contestée.

R.

Louis pense que le texte qui nous est parvenu est dO à trois mains différentes : l'épisode de Vaubeton formerait un tout et n'appellerait nullement la seconde guerre.

qui ne serait qu'une continuation.

Enfin, le début et la fin de la chanson, qui seuls font intervenir Berte et Elissent.

seraient l'œuvre d'un renouveleur.

La légende primitive ne reposerait nullement sur l'échange des fiancées.

R.

Louis constate par ailleurs des contradic­ tions juridique;;, qui ne pourraient s'expliquer que par une diversité d'auteurs.

Ferdinand Lot, puis Pierre Le Gentil ont maqué leurs réticences et même leur désac­ cord.

Seule une étude psychologique approfondie permet d'expliquer d'apparentes incohérences: en particulier, la construction du personnage de Girart porte la marque non seulement d'un auteur unique, mais encore d'un grand créateur, qui a su conduire son héros de l'orgueil et de la démesure à l'humilité et à la sainteté, en ména­ geant les nécessaires sursauts de son ancienne nature.

Girart de Roussillon pose le délicat problème de la suzeraineté et de la souveraineté.

Il rappelle que le prin­ cipe de la royauté n'est pas lié aux qualités du prince.

Nulle chanson, n'entre à ce point dans les raffinements juridiques : Girart, devenu alleutier, cesse-t-il pour autant d'être l'homme lige de Charles? Son tort est d'ou­ blier que le roi reste son souverain.

Loin d'exciter les vassaux à la révolte.

cette œuvre se veut une condamna­ tion morale, religieuse et politique de la guerre privée.

R.

Louis avait cru pouvoir identifier Girart avec un comte du IX' siè·cle, mai leur lien réside dans les abbayes de Pothières et de Vézelay.

Quant au nom de Roussillon, aux raisons de sa présence dans les environs du plateau de Langres, au dialecte employé (une alternance artifi­ cielle de forme� provençales et françaises), ce sont autant de mystères non résolu .

BlBLIOGRAPHIE Édition.

-W.

Mary Hac kett .

3 vol..

Paris.

1953-1955.

Traduction.

-P.

Mey er.

Paris.

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Études.

-J.

Béd ie r, les Légendes épiques, t.

ll.

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Loui s.

De l'hisroire à la légende : Girarr.

comte de Vienne.

t.

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1.

Niz e1.

1947; F.

Lot, Romania, 1948, p.

209 et su i v.; P.

Le Geniil, « Girart de Roussillon.

sens et structure du poème », Romania.

1957.

p.

328-389 et 463-51 O.. »

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