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HANNAH ARENDT : LA CRISE DE LA CULTURE (Résumé & Analyse)

Publié le 17/01/2022

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HANNAH ARENDT : LA CRISE DE LA CULTURE. Parce que chaque génération nouvelle doit redécouvrir l'activité de pensée, ces Huit Exercices de pensée politique, publiés pour la première fois en 1954, essaient de nous aider à savoir comment penser en ce siècle, où nous vivons l'usure de la tradition et la crise de la culture .

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« inhérent à l’expérience philosophique de se détourner du monde commun des affaires humaines » (p.38).

Athènesportait donc en elle son propre fondement mais aussi celui des civilisations occidentales à venir. 1 André Enegrén, « Pouvoir et Liberté, une approche de la théorie politique de Hannah Arendt, revue Etude, avril1983. Ainsi, selon Arendt, autorité et fondation sont intimement liées.

« L’autorité, reposant sur une fondation dans lepassé qui lui tenait lieu de constante pierre angulaire, donnait au monde la permanence et le caractère durable donttous les êtres humains ont besoin précisément parce qu’ils sont les mortels » (p.126).

L’acte de fondation est doncla base de la communauté et il est plus qu’un simple acte physique de délimitation du territoire mais aussi un actepolitique de délimitation de l’autorité.

« L’autorité des vivants [à Rome] était toujours dérivée […] de l’autorité desfondateurs » (p.160).

Pour reprendre les mots d’André Enegrén, déjà cité dans titre de cette partie, « si la fondationlie le politique dans l’espace, l’autorité le lie dans le temps en lui conférant un lest dans le passé, une dimension, nonde hauteur, mais de profondeur »1. Cependant, aucune construction humaine n’est éternelle si elle n’est pas perpétuée, c’est pourquoi, « le but de sonentreprise [Hérodote] est de sauvegarder ce qui doit son existence aux hommes, en lui évitant de s’effacer avec letemps » (p.58).

Hérodote, connu comme le père fondateur de l’historiographie, et ses compagnons de science,avaient donc pour fonction de commémorer par leurs écrits cette fondation et ses conséquences, base de touteautorité.

« La tâche du poète et de l’historiographe […] consiste à faire durer quelque chose grâce à la mémoire »(p.62).

Chez les philosophes grecs, l’histoire servait essentiellement à sauvegarder ce qui devait son existence auxhommes en lui évitant de s’effacer dans le temps.

Quant aux « choses », la nature n’étant pas créée par l’homme,elles sont immortelles et n’ont pas besoin de mémoire pour continuer d’exister.

Elles appartiennent à la sphère de «l’Etre à jamais ».

L’histoire reçoit dans sa mémoire des mortels qui par l’action et la parole se sont montrés dignes dela Nature.

« Le souci de l’immortalité, si important dans la poésie et l’historiographie grecque, est basé sur la trèsintime connexion entre les concepts de nature et d’histoire » (p.66).

En dépit de leur mortalité, ils demeureront dansla compagnie des choses qui durent à jamais. On comprend quelle importance avait cette question de la fondation dans l’antiquité, particulièrement chez lesRomains.

« Politiquement, l’autorité ne peut acquérir un caractère pédagogique que si l’on considère avec lesRomains qu’en toutes circonstances les ancêtres représentent l’exemple de la grandeur pour chaque générationsuccessive » (p.157).

Le passé est donc ce qui lie les conditions d’existence d’un avenir pour la Cité.

Il est toutaussi vivant que le présent, « l’autorité […] avait ses racines dans le passé, mais ce passé n’était pas moins présent dans la vieréelle de la cité que le pouvoir et la force des vivants » (p.161).

Ce passé, perpétué par l’histoire, prenait la formede la tradition qui « préservait le passé en transmettant d’une génération à la suivante le témoignage des ancêtres» (p.163).

La tradition est donc, selon Arendt, ce qui permet de lier passé, présent et futur, conserver l’idée de lafondation pour asseoir l’autorité, ancrer la communauté dans une forme de communion apaisante et régulatrice.Dans le poème de René Char, la tradition prend la forme d’un testament car « le testament, qui dit à l’héritier ce quisera légitimement sien, assigne un passé à l’avenir » (p.17). L’humain, le mortel, l’immortel Comprendre la société, c’est avant tout comprendre l’humain.

A l’instar, ou pourrionsnous dire concomitamment, dela société, l’homme a évolué, sa compréhension du monde qui l’entoure et de lui-même se sont transformés.

Par uneanalyse d’une brève citation de Marx, Arendt nous révèle le principal changement chez l’homme entre l’antiquité etaujourd’hui.

« "Le travail a créé l’homme" signifie premièrement que le travail et non pas Dieu a créé l’homme ;deuxièmement, cela signifie que l’homme, pour autant qu’il est humain, se crée lui-même, que son humanité est lerésultat de sa propre activité ; cela signifie troisièmement, que ce qui différencie l’homme de l’animal […] n’est pas laraison, mais le travail ; cela signifie, quatrièmement, que ce n’est pas la raison […] mais le travail […] qui contientl’humanité de l’homme » (p.34).

Symbole de la non participation à la vie de la Cité dans l’antiquité, le travail estdevenu aujourd’hui l’essence même de l’homme.

On peut se poser la question de savoir quel phénomène a entraînéce renversement ontologique si important.

Une possible réponse se trouve dans le rapport de l’homme à l’immortalité. « Prise dans un cosmos où tout était immortel, ce fut la mortalité qui devint le cachet de l’existence humaine.

[…]La mortalité des hommes réside dans le fait que la vie individuelle […] naît de la vie biologique » (p.59).

L’antiquiténe voyait dans l’homme que le seul élément de mortalité de ce monde.

Le produit de son activité, quoique parfoisimmortel, ne le caractérisait donc en rien.

Seule la pensée, la raison, possédait ce même caractère éphémère.

Pourles modernes, au contraire, « rien n’est à jamais, l’immortalité a quitté le monde pour trouver un domicile incertain dans l’obscurité du cœur humain » (p.61).

L’homme devient mortel parmimortels et « bien qu’il semble que l’homme soit incapable de connaître le monde donné qu’il n’a pas fait lui-même, ildoit cependant être capable de connaître au moins ce qu’il a fait lui-même » (p.77).

L’action, le travail, définit doncl’homme en tant qu’être unique pouvant retranscrire de ses mains cette part d’immortalité qui séjourne dans son forintérieur.

Et cette approche valait également sur le plan politique : « Politiquement parlant, […] la sécularisationvoulait simplement dire […] que les hommes étaient redevenus des mortels » (p.100).. »

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