Devoir de Philosophie

Histoire comique contenant les États et Empires de la Lune de Cyrano de Bergerac (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

Extrait du document

histoire

Histoire comique contenant les États et Empires de la Lune. Roman de Savinien de Cyrano de Bergerac (1619-1655), publié à Paris chez Sercy en 1657.

 

Le titre d'« histoire comique » a été donné par Le Bret, l’ami de Cyrano qui publia l'œuvre après sa mort ; Cyrano aurait voulu l'appeler l'Autre Monde, ce qui reflète mieux la visée quasiment cosmologique de cette œuvre, dont les développements ultimes sont un autre indice certain.

 

L'ouvrage s'ouvne sur une conversation entre des amis de retour vers Paris par une nuit de pleine lune, où chacun émet des hypothèses sur cet astre. Une fois rentré chez lui, le narrateur trouve ouvert le De subtilitate de Cardan à la page où le philosophe raconte l'apparition de deux « grands vieillards ». « habitants de la Lune ». La coïncidence l'encourage à aller voir là-haut : un premier envol, grâce à des fioles pleines de rosée, le conduit dans un pays inconnu, qui se révèle être le Canada Après une discussion savante avec le vice-roi, le narrateur entreprend de nouveau de s’envoler. Arrivé sur la Lune, il rencontre un adolescent qui lui dit être le vieil Élie, et qui lui révèle qu'il est arrivé au paradis terrestre. Mais une maladresse du narrateur, ironique à l’égard de la tradition sacrée, met en colère Élie, qui le chasse ; il se retrouve parmi les habitants de la Lune qui le prennent pour un animal domestique et le mettent en cage comme un singe savant Un démon prend sa défense; par son entremise, Cyrano apprend les particularités de la vie lunaire : le langage du corps, la nourriture par l’odeur, les alouettes qui «tombent toutes rôties », etc. Il devient l’objet d’une querelle philosophique et théologique dans le royaume de la Lune : les « prêtres du pays » s'opposent à ce qu'un homme comme lui soit assimilé aux être lunaires. Un arrêt, obtenu grâce à un plaidoyer du démon contre l'absurdité de ce procès, contraint tout de même le narrateur à faire « amende honteuse », en dénonçant tout ce qu’il avait affirmé. Le récit enchaîne alors sur une longue discussion avec deux « professeurs d’Académie » et le fils de l’hôte qui héberge le narrateur. La jeunesse de ce fils provoque de grandes marques de respect de la part des deux vieillards, ce qui donne le point de départ d’une longue réflexion sur les valeurs du monde lunaire, inversées par rapport à celles du monde terrestre. Suit une étrange prosopopée du chou, qui entraîne une réflexion sur Dieu et ses créatures. Un exposé de l’origine du monde donne lieu à un développement matérialiste, qui insiste sur l’éternité de la matière et le rôle primordial du feu, ainsi que sur la part essentielle du hasard dans la cosmogonie. Le débat se tourne alors vers la question des sens (vision, odorat, goût, toucher) et de leur fonctionnement physique. Les thèses avancées ensuite contre l’immortalité de l’âme, sur l’âme des bêtes et contre la résurrection, tendent à une négation de l’existence de Dieu. Puis le récit s’achève brutalement par le retour du narrateur sur la Terre grâce à l’aide du bon démon.

 

Œuvre philosophique ou roman ? La question mérite d'être posée, tant la réputation de Cyrano s'est vue diversement traitée depuis sa mort. À première vue, la part demeure difficile à faire entre le sérieux de l'intention et le caractère comique et satirique de ce récit. On a pu en faire l'analyse selon

la catégorie précieuse du spoudogeloion (J. Lafond), quitte à douter de la place qu'y occupe en définitive le comique, le geloion. L'originalité de Cyrano tient en réalité à sa volonté d'écrire une fiction philosophique, où l'audace conceptuelle repose sur le jeu du langage.

histoire

« savante avec le vice-roi, le nan-ateur entreprend de nouveau de s'envoler.

Arrivé sur la Lune, il rencontre un adolescent qui lui dit être le vieil Élie, et qui lui révèle qu'il est arrivé au paradis terrestre.

Mais une maladresse du nan-ateur, iro­ nique à l'égard de la tradition sacrée, met en colère Élie, qui le chasse ; il se retrouve parmi les habitants de la Lune qui le prennent pour un ani­ mal domestique et le mettent en cage comme un singe savant Un démon prend sa défense ; par son entremise, Cyrano apprend les particula­ rités de la vie lunaire : le langage du corps, la nourriture par l'odeur, les alouettes qui «tom­ bent toutes rôties », etc.

Il devient l'objet d'une querelle philosophique et théologique dans le .royaume de la Lune : les « prêtres du pays» s'opposent à ce qu'un homme comme lui soit assimilé aux être lunaires.

Un arrêt, obtenu grâce à un plaidoyer du démon contre l'absurdité de ce procès, contraint tout de même le nan-ateur à faire « amende honteuse », en dénonçant tout ce qu'il avait affirmé.

Le récit enchaîne alors sur une longue discussion avec deux « professeurs d'Académie » et le fils de l'hôte qui héberge le narrateur.

La jeunesse de ce fils provoque de grandes marques de respect de la part des deux vieillards, ce qui donne le point de départ d'une longue réflexion sur les valeurs du monde lunaire, inversées par rapport à celles du monde terrestre.

Suit une étrange prosopopée du chou, qui entraîne une réflexion sur Dieu et ses créatu­ res.

Un exposé de l'origine du monde donne lieu à un développement matérialiste, qui insiste sur l'éternité de la matière et le rôle primordial du feu, ainsi que sur la part essentielle du hasard dans la cosmogonie.

Le débat se toume alors vers la question des sens (vision, odorat, goût, toucher) et de leur fonctionnement physique.

Les thèses avancées ensuite contre J'immortalité de l'âme, sur l'âme des bêtes et contre la résur­ rection, tendent à une négation de J'existence de Dieu.

Puis le récit s'achève brutalement par le retour du nan-ateur sur la Terre grâce à l'aide du bon démon.

Œuvre philosophique ou roman ? La question mérite d'être posée, tant la réputation de Cyrano s'est vue diverse­ ment traitée depuis sa mort.

À pre­ mière vue, la part demeure difficile à faire entre le sérieux de l'intention et le caractère comique et satirique de ce récit.

On a pu en faire l'analyse selon la catégorie précieuse du spoudogeloion G.

Lafond), quitte à douter de la place qu'y occupe en définitive le comique, le geloion.

L'originalité de Cyrano tient en réalité à sa volonté d'écrire une fiction philosophique, où l'audace conceptuelle repose sur le jeu du lan­ gage.

Le voyage est avant tout prétexte à rencontres, et, partant, il favorise les dialogues : avec le vice-roi du Canada, avec le démon de Socrate pendant tout le séjour lunaire, avec Domingo Gon­ zalès, le personnage de Godwin (The Man in the Moon, 1638), enfin dans le cadre de la longue discussion lors du souper final, avec les propos des deux philosophes et du fils de l'hôte.

La plu­ ralité de ces paroles rend difficile la sai­ sie d'une « doctrine » de.

Cyrano ; tou­ jours est-il que cet éclectisme marque une nette sympathie pour la pensée nouvelle, la philosophie de Gassendi et la cosmologie de Copernic.

La thèse centrale demeure l'idée d'une pluralité des mondes affirmée dès le Prologue, et qui est une des conséquences de l'héliocentrisme découvert par Coper­ nic : «Je crois [dit le narrateur], sans m'amuser aux imaginations pointues dont vous chatouillez le temps pour le faire marcher plus vite, que la Lune est un monde comme celui-ci à qui le nôtre sert de lune.

La compagnie me régala d'un grand éclat de rire.

Ainsi peut-être, leur dis-je, se moque-t-on maintenant dans la Lune de quel­ qu'autre qui soutient que ce globe-ci est un monde, mais j'eus beau leur allé­ guer que Pythagore, Épicure, Démo­ crite et, de notre âge, Copernic et Kep­ pler, avaient été de cette opinion, je ne les obligeai qu'à s'égosiller de plus belle.» Dans la discussion avec le vice-roi, M.

de Montmagnie, une allusion à Gassendi est vite contrebalancée par l'allégation des arguments d'un bon père, ce qui n'empêche pas le narrateur de poursuivre sa thèse, et de soutenir. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles