Histoires de Hérodote

« EXTRAITS -------~ Chasse au sanglier Description d'une pêche au crocodile Voici maintenant les mœurs du crocodile : pendant les quatre mois les plus rudes de l'hiver, cet animal ne mange rien.

C'est un quadrupède, mais il vit également sur la terre et dans l'eau.

Il pond ses œufs et les fait éclore sur la terre et il passe la plus grande partie de la journée en terrain sec, mais la nuit tout entière dans le fleuve , car l'eau en est plus chaude que l'air nocturne et la rosée.

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) Il existe bien des façons de prendre ces animaux, mais je n'en décrirai qu'une, la plus curieuse à mon avis.

On laisse descendre au fil de l'eau, comme appât, une échine de porc qui dissi­ mule un hameçon, tandis que, sur la rive, le pêcheur tient un cochon de lait vivant qu'il frappe.

Attiré par les cris du goret, le crocodile se dirige vers l'endroit d'où ils partent, rencontre l 'échine de porc et l'avale; on tire alors sur la ligne.

Sitôt la bête hissée sur la berge, le pêcheurs ' empresse de lui boucher les yeux avec de la terre glaise; après quoi, il en vient très facilement à bout, mais sans cette précaution ce serait fort malaisé.

Eurocentrisme et méfiance par rapport aux cartographes fantaisistes Je ris de voir tant de gens nous donner des « cartes du monde » qui ne contiennent jamais la moindre explication raisonnable : on nous montre le fleuve Océan qui enserre une terre paifaitement ronde, comme faite au tour, et l 'on donne les mêmes dimensions à l'Asie et à l 'Europe ! Je veux indiquer en quelques mots la grandeur respective de ces contrées et leur configuration générale.

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) Je m'étonne vraiment qu'on ait pu diviser le monde en trois parties : Libye, Asie et Europe, quand il y a tant de différences entre ces régions.

Car, si l'Europe a en longueur la même étendue que les deux autres contrées ensemble, sa largeur, à mon avis, n 'admet pas la comparaison.

Miracle du temple de Delphes Déjà les Barbares étaient proches et ils apercevaient le temple devant eux ; à ce moment, le Prophète (ils ' appelait Acératos) vit devant le temple, tirées du sanctuaire, les armes sacrées que nul mortel ne pouvait toucher sans crime.

Il alla donc annoncer le prodige aux Delphiens demeurés sur place ; mais quand les Barbares, qui pressaient le pas, se trouvèrent près du temple d'Athéna Pronaia, des prodiges éclatè­ rent plus grands encore que le premier.

Car c'est un fait déjà bien surprenant, des armes guerrières qui d'elles-mêmes quittent le temple et apparais­ sent devant lui ; mais les évé­ nements qui suivirent méritent, entre tous les signes divins, la plus grande admiration : quand les Barbares, dans leur marche, se trouvèrent près du temple d' Athéna Pronaia, à l'instant, du haut du ciel, la foudre les frappa, du sommet du Parnasse deux blocs se détachèrent , dévalèrent sur eux avec un bruit terrible et les écrasèrent enfouie; et, du fond du temple de la Pronaia, une clameur, un cri de guerre , s'éleva.

Traduction de Andrée Barguet, Gallimard, 1990 La bataill e de S alamin e NOTES DE L'ÉDITEUR « Si Hérodote a introduit dans son livre tant de données diverses sur le costume, les croyances des peuples qu' il a montrés aux prises dans les guerres médiques, ce n'est pas sans doute, de propos délibéré, anecdotes, des mots, des épisodes, des fables même, qui représentent pour nous les opinions, les croyances de la foule, et il a composé enfin un récit qui, vrni dans ses grandes lignes et dans la plupart de ses détails même, a en outre le mérite d'être forces éparses, difficiles à discerner et parfois inconscientes ; ce sont des événements instantanés, dramatiques, des événements enfermés dans des contours précis et qu 'on peut embrasser aisément d'un coup d'œil ; autrement dit, ce sont des aventures.( . ..

) Miroir toujours offert aux spectacles du monde et merveilleusement apte à en recevoir l'impression, ses peintures semblent douées, comme les peintures d'Homère, d'une immortelle jeunesse, d'une inaltérable fraîcheur.

» pour remplir les lacunes d'une Histoire exclusivement politique, qui n'avait pas encore été écrite, mais, spontanément, et comme par une intuition de génie , il a compensé la faiblesse de quelques-unes de ses données historiques par la richesse de son information, par labondance des le plus agréable qu'on puisse lire, le plus instructif, le plus vivant.

» Amédée Hauvette, Hérodote, historien des guerres médiques, Paris , 1894 .

« Ce qui intéresse Hérodote, ce ne sont pas les évolutions qui s'accomplissent lentement, par étapes, sous la poussée de 1 Edimédia .2.

3, 4 .

5 Gravure s sur bois de Pierre Noël.

éd.

du Pot Cassé.

Paris.

1932 Ph .

E.

Legrand, Histoires, introduction, Les Belles-Lettres, Paris, 1932.

HÉRODOTE 02. »