Illustres Françaises (les) de Robert Challe (analyse détaillée)

Illustres Françaises (les).

Roman de Robert Challe (1659-1721), publié à La Haye chez Abraham De Hondt en 1713.

Robert Challe ne publia qu'un roman, qu'on hésita longtemps à lui attribuer : ces « histoires véritables, où l'on trouve dans des caractères particuliers et fort différents un grand nombre d'exemples rares et extraordinaires des belles manières, de la petitesse et de la galanterie des personnes de l'un et l'autre sexe, de cette nation ». L'œuvre remporta, dès le xvme siècle, un grand succès et inspira même des adaptations théâtrales. À notre époque on y voit un chef-d'œuvre de l'art romanesque ; on l'égale, ou presque, à la Princesse de Clèves et à la ‘Vie de Marianne.

Sur le quai Pelletier (l'actuel quai de Gesvres), au hasard d'un embarras de carrosses, deux amis se retrouvent. Des Ronais et Des Frans, qui arrive de province. Des Ronais le loge chez lui. Plusieurs amis viennent les rejoindre, et, d'une réunion à l'autre, d'un dîner à un souper, vont se succéder sept narrations, qui font presque sept nouvelles.

Des Ronais s'est épris de Manon Du Puis, qui, malgré l'opposition de son père, s’attache fidèlement à lui. La mort du père les rend libres. Du Puis surprend une lettre, apparemment écrite à Manon, qui prouverait qu'elle l'a trahi. Il rompt part pour la province, mais il ne peut l'oublier (« Histoire de Monsieur Des Ronais et de Mademoiselle Du Puis »).

Le riche et noble Contamine tombe amoureux d'Angélique, de bonne naissance mais fort pauvre. Il lui remet de l’or, se déclare prêt à l'épouser, l’installe dans une maison opulente. Il l'entretient. Elle se déroberait, par honte, au mariage, si la princesse de Cologny ne l'y décidait («Histoire de Monsieur de Contamine et d'Angélique »).

Le duc de Bemay refuse obstinément de donner sa fille à Terny, et elle est prête à prendre le voile. Il faudra l’intervention du duc de Lutry pour qu’elle épouse Temy et trouve avec lui le bonheur. On nous explique ici que la lettre qui avait suscité la colère de Des Ronais contre Manon était, en fait, écrite par Temy à sa maîtresse (« Histoire de Monsieur de Terny et de Mademoiselle de Bernay »).

Jussy et Babet Fenouil se promettent de s’épouser et connaissent six mois de bonheur, L'oncle de la jeune fille veut la marier à un autre. Ils se sauvent ensemble. La justice bannit le jeune homme de France, on le croit mort, il va retrouver son amante, avec l’enfant qu’elle a eu de lui (« Histoire de Monsieur de Jussy et de Mademoiselle Fenouil »).

Des Prez épouse secrètement Marie-Made-leine de l’Épine. Les parents interviennent : il est incarcéré à Saint-Lazare ; sa femme, enceinte, se retrouve à l’hôpital, où elle meurt de chagrin. Il part pour la Normandie et revient désespéré (« Histoire de Monsieur Des Prez et de Mademoiselle de l’Épine »).

Des Frans adore Silvie en dépit des médisances qui courent sur elle. Il l’épouse en secret Un jour, il la surprend dans les bras de Galloüin. Il se bat avec le séducteur, enferme sa femme dans un cachot; elle meurt; il apprend maintenant qu'elle n’a jamais voulu lui être infidèle (« Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie »).

Du Puis, le cousin de Manon, a en une jeunesse libertine et traversée d’aventures multiples. Il s'éprend de la sœur de Galloüin (et il explique que celui-ci n’a séduit Silvie que par des sortilèges). La jeune fille épouse M. de Londé et écarte Du Puis. Il tente devant elle de se suicider. Veuve maintenant, elle est prête à l’épouser (« Histoire de Monsieur Du Puis et de Madame de Londé »).