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HIPPOLYTE de Robert Garnier (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

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HIPPOLYTE. Tragédie en cinq actes et en vers, avec chœurs, de Robert Garnier (1545-1590), publiée à Paris chez Robert Estienne en 1573, et peut-être créée à Saint-Maixent en 1576, plus vraisemblablement non représentée du vivant de l'auteur.

Le choix d'un sujet amoureux - qui peut s'expliquer par le mariage, en cette année 1573, du dramaturge avec la poétesse Françoise Hubert - est unique dans l'œuvre de Garnier, plus habitué à développer des intrigues susceptibles de rappeler la situation politique troublée de la France.

 

Le rideau se lève sur l'ombre d'Égée annonçant les grands malheurs qui vont s'abattre sur la maison de Thésée en châtiment de son outrage à Pluton : Hippolyte. fils de Thésée, voit sa fin prochaine en songe (Acte 0- Phèdre confie à sa nourrice son amour incestueux pour son beau-fils, Hippolyte. Celle-ci lui remontre l'horreur d'une pareille passion (Acte II). Mais Phèdre se languit jusqu'à la mort : la nourrice lui conseille alors d’avouer au jeune homme de quel feu elle brûle. II refuse de céder à ses avances (Acte III). Phèdre l'accuse auprès de Thésée, revenu de son expédition aux Enfers, d'avoir souillé la couche paternelle. Dans sa fureur, le roi demande à Neptune de punir un fils qu’il juge indigne (Acte IV). Un messager annonce la mort d’Hippolyte. Phèdre avoue son mensonge à son époux et se suicide sur le corps du jeune homme, cependant que Thésée connaît le remords étemel (Acte V).

 

Pour écrire la « seule tragédie intime de son œuvre » (M. Lazard), Garnier s'est largement inspiré de Y Hippolyte de Sénèque ; il invente néanmoins le stratagème mis au point par la nourrice à l’acte IV, et, s'il conserve le suicide sanglant de Phèdre sur la scène, il purge la tragédie de certains épisodes d'horreur chers au dramaturge latin.

 

Tragédie de l'ombre qui s'ouvre et se ferme sur des visions infernales, Hippolyte ne laisse percer que de rares et pâles soleils - celui que salue le jeune homme à l'acte I, celui qui reçoit l'adieu de Phèdre à l'agonie - qui jettent une lumière sombre sur tous les personnages : Hippolyte lui-même, dans sa virginité farouche, ne s'enfonce dans les forêts que pour fuir un monde souillé. Le soleil noir de la passion dévastatrice, bravant la loi morale et sodale, domine l'ensemble de cette pièce qui se signale par son unité profonde, tant sur le plan de l'action que du temps et du lieu du drame. Garnier peint les lents ravages du sentiment sur

le corps et l'âme de Phèdre, avant que ne se déchaîne la violence de l'action où l'amour s'accomplit en véritable puissance de mort : Phèdre expire sur le corps d'Hippolyte, suppliant le destin de permettre « que de nos âmes vuides / Nos corps se puissent joindre aux sepulchres humides ». La passion n'est que le jouet d'un destin aveugle et vengeur, qui punit Thésée en frappant Hippolyte et Phèdre. 

« habitué à développer des intrigues sus­ ceptibles de rappeler la situation politi­ que troublée de la France.

Le rideau se lève sur l'om bre d'!Ëgée annon­ çant les grands malheurs qui vont s'abattre sur la maison de Thésée en chât iment de son outrage à P luton : H ippolyte.

fils de Thésée.

voit sa fin prochaine en songe (Acte 1).

Phèdre confie à sa nourrice son amour incestueux pour son beau­ fils, H ippolyte.

Celle-ci lui remontre l'horreur d'une pareille pass ion (Acte Il).

Ma is Phèdre se languit jusqu ' à la mort; la nourrice lui conseille alors d'avouer au jeune homme de quel feu elle brO ie.

Il refuse de céder à ses avances (Acte Il~.

Phèdre l'accuse auprès de Thésée, revenu de son expédition aux Enfers.

d'avoir soui llé la couche paternel le .

Dans sa fureur , le roi demande à Nep­ tune de punir un fils qu'il juge indigne (Acte IV).

Un messager annonce la mort d'Hippolyte.

Phè­ dre avoue son mensonge à son époux et se sui­ cide sur le corps du jeune homme, cependant que Thésée conn aît le remords étemel (Acte V).

Pour écrire la « seule tragédie intime de son œuvre ,.

(M.

Lazard) , Garnier s'est largement inspiré de J'Hippolyte de Sénèque ; il inv ente néanmoins le stra­ tagème mis au point par la nourrice à l'acte IV, et, s'il conserve le suicide san­ glant de Phèdre sur la scène, il purge la tragédie de certains épisodes d'horreur che rs au dramaturge latin.

Tragédie de l'ombre qui s'ouvre et se ferme sur des visions infernales, Hippo­ lyte ne laisse percer que de rares et pâles sole ils - celui que salue Je jeune homme à l'acte 1, celui qui reçoit l 'adieu de Phèdre à l'agonie -qui jet­ tent une lumière sombre sur tous les pe rsonnage s : Hippolyte lui-même, dans sa virginité farouche, ne s'en­ fonce dans les forêts que pour fuir un monde souillé.

Le soleil noir de la pas­ sion dévastatrice, bravant la loi morale et sociale, domine l'ensemble de cette pièce qui se signale par son unité pro­ fonde, tant sur le plan de l'action que du temps et du lieu du drame.

Garnier peint les lents ravages du sentiment sur le corps et l'âme de Phèdre, avant que ne se déchaîne la violence de l'action où l'amour s'accomplit en véritable puissance de mort : Phèdre expire sur le corps d'Hippolyte, suppliant Je des­ tin de permettre « que de nos âmes vui­ des 1 Nos corps se puissent joindre aux sepulchres humides •.

La passion n'e st que le jouet d'un destin aveugle et ven­ geur, qui punit Thésée en frappant Hippolyte et Phèdre.

Ainsi le vierge chasseur expie le sacrilège de son père qui a berné Pluton; quant à Phèdre, elle est tout autant victime du fléau amoureux que coupable d'un désir incestueux.

Hippolyte est bien un e tra­ gédie de la faute : c'est pourquoi tour à tour la nourrice qui a fomenté le plan contre le jeune homme, Phèdre qui l'a accusé, Thésée qui l'a condamné s'enfouissent dans le remords- ce der­ nier n'échappant au trépas que par désir de souffrir davantage.

Hippolyte connut un succès durable.

La pass ion dévorante de Ph èdre trou­ vera des échos dans la Clytemnestre de Pierre Matthieu {1589), et dans la *Phè­ dre de jean Racine un siècle plus tard (1677).. »

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