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JEAN-PAUL SARTRE : L'EXISTENTIALISME EST UN HUMANISME (Résumé & Analyse)

Publié le 17/01/2022

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L'existentialisme est un humanisme (Gallimard, coll. « Folio essais », 1996) est le texte d' une conférence que Sartre donna à Paris, le 29 octobre 1945. L' histoire de ce texte se comprend par les circonstances qui l'entourent. L'immédiat après-guerre, d'abord, et l'ahurissement devant ce qui venait de se passer au coeur de la civilisation, et les attaques subies par Sartre pour ses écrits, qualifiés, par beaucoup d' intellectuels, de désespérants. On aurait préféré une définition de l'homme, en ces temps meurtris, plus positive et faite d'espérance pour l'avenir à reconstruire. Les chrétiens, outre la personnalité du philosophe et son athéisme, reprochaient aux héros sartriens leur désespoir et cet abandon ' la contingence. Les communistes, à leur tour, reprochaient à Sartre la primauté donnée (apparemment) au subjectivisme dans sa philosophie ! Sartre décide donc de s' expliquer et donne cette conférence.

« mise au monde du « projet », c'est-à-dire de la délibération sur l'organisation que la volonté particulière veutposer sur le monde, renvoie la conscience à sa seule réalité, celle qui sera lisible sur le réel. B.

Une volonté créatriceL'homme est donc action, et l'existentialisme lui rappelle que l'engagement, l'acte, la capacité de choix sont letissu de son être, et que cet être est « devant » lui, à faire.

Loin du « quiétisme », l'existentialisme est unephilosophie de la volonté, mais volonté actrice.

La volonté n'est pas seulement le fait de décider, à partir d'unereprésentation, de l'atteindre.

La volonté est ici constitutive du sens et de la vérité elle-même.

C'est vouloirqui fait être, vouloir d'abord, avant l'objet de ce vouloir et indépendamment de lui.

C'est en ce sens que « sansaucun appui et sans aucun secours [l'homme] est condamné à inventer l'homme ».

C'est lui qui lit, dans lefoisonnement silencieux du réel, ce qui constitue « le signe » de son action.

L'homme décide de ce qui estvaleur, de ce qui est cause par l'engagement qui est le sien, et le sens qu'il veut donner à son action, et,enfin, pour le projet qu'il veut actualiser.L'existentialisme est donc une négation du destin, car l'homme devient l'architecte de l'avenir qui reste toujoursà construire : « Un avenir à faire, un avenir vierge.

» Même la « délibération » est truquée, car la réflexion surles possibles, la représentation de la valeur des conséquences, le choix du conseil, tout cela est déjà choix,tout cela contient déjà la réponse finale que cet homme a déjà posée.

Mais, bien entendu, cette poussée surle monde par l'action de l'homme ne peut s'interrompre, au risque de nier l'homme et son humanité.

Et c'est làque l'existentialisme croise l'angoisse : être sans cesse au pied du mur, « condamné » à choisir par cetteexistence qui presse et qui exige d'être construite, ce vide causal, ce néant historique et ce silence dessignes.

Rien qui permettrait à l'homme de se reposer, de laisser faire !c Pour éclairer cette notion de volonté, on se référera aux p.

30 et 40-45. 3.

UN HOMME LIBRE POUR UNE EXISTENCE RESPONSABLE A.

« L'homme est liberté »C'est la clé de l'existentialisme : la liberté, ainsi qu'il a été démontré, n'est pas un avoir supplémentaire pour unêtre fondé par ailleurs, elle en est la structure et le moteur.

Etre libre désigne cette valeur créatrice de l'acte,sachant que rien ne le précède, et que toujours son sujet se sait l'auteur et la volonté déterminante.

Ainsicette liberté n'est pas insouciance.

Elle est souci, inquiétude et force.

Cette force est celle de « revenir »,c'est-à-dire de modifier à tout moment une image, un acte, une prise de position qui n'épouserait plusl'intention de la volonté.

Etre libre, c'est être en permanente construction, sans que le construit soit devenufatalité et détermination.L'homme est liberté parce qu'il se sait dans sa « situation » et se juge dans la valeur qu'il donne à ses actes.

Iln'est jamais contraint par rien dont il n'ait décidé que c'était contraignant.

Même l'histoire peut être mise danscette parenthèse causale.

Être libre devient donc, pour l'existentialiste, être capable de conférer du sens,d'investir de valeur ce qui n'en a pas par essence, ce qui est le propre fondamentalement de l'existence elle-même.

On voit donc le va-et-vient entre le désespoir et l'optimisme.Le désespoir est lié au « délaissement », cette certitude qu'il ne faudra « compter que sur ce qui dépend denotre volonté ».

L'optimisme tient à cette force, de la « condition humaine », de se dresser contre lesdéterminismes et de toujours pouvoir opposer un choix ou un acte qui les transgressent et qui, alors, imposent,contre le donné, contre ce qui est, ou contre « ce que je suis », ce qui doit être.

On comprend donc que cetteliberté conduise à « une morale d'action et d'engagement ».

C'est une « condition » humaine, car c'est uneaffirmation de l'« existence » comme valeur et du « projet » comme sens.

C'est bien ce qu'il faut nommer « unedureté optimiste ». B.

La responsabilité contre « la mauvaise foi »Ainsi, l'homme a « l'entière responsabilité du déchiffrement » ! En effet, ce vide autour de l'homme remet entreses mains, entre ses actes, l'unique source de décision et donc l'unique recours de la valeur.

Tout ce qui vaarriver ne pourra être imputé qu'au sujet conscient.

On n'est que ce qu'on a choisi d'être, et ce qu'on est,c'est ce qu'on a choisi.

C'est ici qu'apparaît le « lâche » ou le « salaud », c'est-à-dire celui qui veut trouverdes excuses à son comportement ou à son histoire.

Il est celui qui accepte ou feint d'accepter le donné de sesdéterminations naturelles ou sociales.

Faire preuve de « mauvaise foi », c'est vouloir faire endosser laresponsabilité de ce que l'on fait ou de ce l'on est à des déterminations extérieures à notre volonté.Or, ce sont les autres, en tant que liberté « autour » du sujet, et en tant que consciences « avec » le sujet,qui vont renvoyer la réalité et la mesure de cette réalité.

Car « on choisit en face des autres, et on se choisiten face des autres ».

La responsabilité de cet engagement et de cet acte, apparemment isolés, retentit doncsur l'ensembledes hommes.

L'autre devient « condition de l'existence » de soi, à la manière d'une médiation nécessaire,créant une « intersubjectivité » qui implique tous les hommes dans chacun des actes.

Cette communauté deshommes de tout lieu et tout temps tient au caractère absolu de l'engagement et du choix.

Puisque l'existenceest créatrice du sens, puisque exister, c'est faire surgir l'humanité, alors, au-delà de l'objet choisi ou de laposition engagée, c'est l'universel de cet acte et son aspiration à l'absolu humain qui le caractérisent.Donc, lorsque l'existentialiste dit que l'homme est responsable, il ne veut pas dire qu'il « est responsable de sastricte individualité, mais qu'il est responsable de tous les hommes ».

Puisque la possibilité même de choisirimplique cette création de l'humanité, et que chaque acte prolonge cette humanité dans une nouvelle figure,et donc dans une nouvelle responsabilité, c'est le choix de l'homme lui-même que le sujet propose.

Tout choixqu'engage un homme, ne reposant sur rien de préalable, crée ce qui doit être, c'est-à-dire que ce choix. »

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