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JEAN RACINE: Bérénice

Publié le 22/02/2012

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La tragédie racinienne est une action au passé. Nous la saisissons moins dans son actualité, dans son immédiateté, dans le choc sensible, que dans la pensée réflexive et dans l'écho affectif qu'elle produit ensuite, immédiatement et presque indirectement, en ses victimes et chez les spectateurs. Au moment où nous en prenons conscience, elle a déjà eu lieu. Elle apparaît foudroyante, comme l'éclair que l'on ne reconnaît que lorsqu'il s'est éteint et est devenu du passé. Par là la tragédie de Racine diffère de tous les autres théâtres, qui, par nature, donnent l'action dans un temps qui s'accomplit, qui est en train d'être. C'est un temps accompli qu'elle nous livre, et l'action qui s'y passe, y étant au fur et à mesure une action qui vient d'avoir lieu et qui est à chaque instant tout juste passée, il semble que nous assistions au processus par lequel les choses en fin de compte deviennent à nos yeux "fatales" et nous forcent à reconnaître qu'en effet elles devaient se passer comme cela.
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« Titus m'aime, il peut tout, il n'a plus qu'à parler.

» «Je lui dirai : "Partez, et ne me voyez plus".

» Pourtant les faits vont bientôt confirmer les sinistres prédictions de la perspicace Phénice.

Titus est, certes, plusamoureux que jamais.

Cependant, depuis qu'il est empereur, il comprend que son mariage avec Bérénice estdifficilement compatible avec la raison d'État.

Il sonde Paulin sur l'état d'esprit du peuple romain.

Le confident rappelle à l'Empereur que le mariage avec une reine étrangère est contraire aux lois de Rome.Cela constituerait un précédent car aucun empereur avant lui n'a osé violer ce tabou.

Titus devra doncchoisir entre Rome et Bérénice. Titus se rappelle alors le passé avec une nostalgie amère.

C'est à Bérénice, dit-il, qu'il doit ses victoires,car il combattait pour lui plaire.

Grâce à son amour pour Bérénice, grâce aussi à l'appui politique etmilitaire qu'elle lui a accordé, Titus est devenu empereur : « Je lui dois tout, Paulin.

Récompense cruelle !Tout ce que je lui dois va retomber sur elle. Pour prix de tant de gloire et de tant de vertus, Je lui dirai : "Partez, et ne me voyez plus".

» Titus sait pourtant qu'il lui faut renoncer à cette union.

Mais, accablé de douleur, il n'a pas le couraged'avouer la vérité à Bérénice quand celle-ci, inquiète de ne plus le voir, vient lui demander desexplications. « Titus m'aime.

Titus ne veut point que je meure.

» Antiochus est venu annoncer son départ à Titus.

L'empereur lui fait part alors de sa décision de rompreavec Bérénice.

Titus veut éviter une entrevue qui lui serait trop douloureuse avec Bérénice, c'estpourquoi il demande à son ami de consoler la Reine et de raccompagner celle-ci dans sa patrie. Titus ajoute une province aux états d'Antiochus pour les rendre voisins du royaume de Bérénice. Antiochus annonce cette nouvelle à Bérénice qui ne veut pas le croire.

Elle exprime son intention de demanderun entretien à Titus et ordonne à Antiochus de ne plus paraître à sa vue. « Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner.

» Bérénice va donc contraindre Titus à s'expliquer.

L'empereur ne peut plus se dérober.

Après avoir exhalésa douleur et ses hésitations dans un long monologue, Titus affronte enfin Bérénice. Les pleurs de celle qu'il aime ébranlent Titus.

Antiochus vient le conjurer d'avoir pitié de la Reine qui veutse donner la mort. Mais les principaux notables romains attendent Titus et sont impatients de connaître sa décision.L'empereur envoie Antiochus auprès de Bérénice avec des mots d'espoir et de réconfort. « Adieu, Seigneur, régnez : je ne vous verrai plus.

» Bérénice a annoncé son départ.

Titus, toujours irrésolu, n'a rien promis aux Romains, mais il est plus quejamais conscient de la nécessité de renoncer à épouser la reine de Palestine. Sans doute pour dissuader Bérénice du suicide, il déclare son intention de mettre lui-même fin à ses jourssi elle mettait ses menaces à exécution. Convoqué par Titus, Antiochus avoue à l'empereur son amour pour la Reine.

Bérénice leur fait ses adieux.Rassurée sur l'amour que lui porte Titus, elle se résigne à la séparation, car elle ne veut pas être pour luiun obstacle : « Je vivrai, je suivrai vos ordres absolus. Adieu, Seigneur, régnez ; vous ne me verrez plus.

» Elle se tourne ensuite vers Antiochus pour lui ôter tout espoir et l'exhorter au courage : elle ne renoncepas à Titus pour « écouter d'autres voeux » : « Adieu : servons tous trois d'exemple à l'univers De l'amour la plus tendre et la plus malheureuseDont il puisse garder l'histoire douloureuse.

» Une tragédie élégiaque. »

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