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JUSTES (les) d'Albert Camus

Publié le 21/01/2019

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JUSTES (les), pièce d'Albert Camus (1949). Cette œuvre s'inspire d'un événement historique, l'assassinat du grand-duc Serge, à Moscou, par des terroristes du parti socialiste-révolutionnaire, en 1905. Camus s'était déjà préoccupé du terrorisme russe dans un article de 1948, et reviendra sur le sujet dans un chapitre de l'Homme révolté. Ce qui retient son attention, c'est avant tout le problème de la justification du meurtre politique : les terroristes de 1905 tuent, mais dans la conscience de commettre un meurtre que seul pourrait racheter le don de leur propre vie. Les Justes mettent en scène la préparation de l'attentat contre le grand-duc, et montrent le drame de conscience de ces terroristes dont la vision du monde s'oppose autant à l'immobilisme de ceux qui se satisfont de l'injustice régnante, qu'au cynisme de ceux qui s'autorisent à tuer ou à faire tuer sans le moindre remords, au nom d'une idée, et sous le couvert d'une justice qui reste abstraite. La grande-duchesse viendra voir, dans sa cellule, le meurtrier de son mari, l'obligeant à découvrir qu'on ne tue jamais l'autocratie, mais toujours un être humain. Au cours de la pièce, Camus a tenté d'opposer diverses conceptions de l'action violente. D'un côté, le « meurtrier délicat », incapable de tuer le grand-duc si des enfants se trouvent dans son carrosse. De l'autre, Stepan, le révolutionnaire « dur », prêt à toutes les violences afin que s'instaure plus vite l'ère nouvelle. Enfin, Camus a mis en scène l'amour et son rapport avec la politique : la passion réciproque d'un homme et d'une femme, cette passion égoïste, et peu pressée de s'oublier elle-même pour se préoccuper de l'injustice du monde, est-elle encore vivable dans la dignité, lorsque partout régnent la souffrance et l'oppression ?


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