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JUSTINE ET JULIETTE du marquis de Sade

Publié le 23/10/2017

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sade

JUSTINE ET JULIETTE. Le caractère proprement original de l’œuvre du marquis de Sade ne s’épuise pas dans des notions de pure érotologie. Ses deux romans capitaux de Justine et de Juliette — Justine ou les Malheurs de la vertu  (1791-97) et Juliette ou les Prospérités du vice (1797) — ont bien le caractère d’un roman sinon « à thèse », du moins « à idées » dont le propos est de démontrer deux choses : que l’adhesion à l’athéisme intégral entraîne, autant qu’elle y oblige, une amoralité absolue. C’est la conséquence négative de sa thèse. En second lieu se développe à la faveur de ses personnages une métaphysique de la prostitution universelle comme conséquence positive de l’athéisme. Il décrit à travers ces figures des expériences par elles-mêmes incommunicables au double sens du terme,

 

étrangères comme il se devait aux notions de la

 

psychologie toute rationaliste de son siècle, mais parfaitement accessibles à tous les pratiquants de la débauche de toutes les époques. Si les « manuels de la débauche » forment depuis la nuit des temps un genre particulier mais universellement répandu, nul n’avait encore songé avant lui à interpréter pareilles expériences « sui generis », ni à construire une théorie philosophique de la débauche sous forme d’une anthropologie, d’une science de ! homme relevant d’un principe contradictoire: la jouissance dans la destruction de l’objet de la jouissance. Pour Sade le désir est absolu : inséparable du fait d’exister, le désir n’en est pas moins défi à l’égard de tout ce qui existe ; et tout ce qui existe jamais n’assouvira le désir. Quel rapport désormais avec la prostitution ? La prostitution est la mise en commun, contrainte ou délibérée, de soi-même. Si Dieu n’est point, le Dieu garant de l’identité du moi, de sa propriété, de son secret, alors les êtres doivent mutuellement s’appartenir et s’appartiennent tant virtuellement qu’effectivement pour réaliser la suprême jouissance : à savoir la destruction de leurs limites individuelles, tant sociales que morales.

 

Tel est le thème fondamental de ces deux romans qui, s’ils ont cette intention philosophique, n’en restent pas moins des romans au sens propre. Et pourquoi? Sade ne construit pas une utopie de la prostitution universelle. Tout au plus décrit-il une utopie de la transgression, voire une utopie du crime. Son imagination élabore en fonction des interdits, des tabous de l’état existant. Si tout doit aboutir à la mise en commun des individus, elle ne s’énonce et ne se vérifie que par les notions, les

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