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LA BRUYÈRE - LES CARACTÈRES

Publié le 06/03/2011

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Notice biographique. Les Caractères. — Historique. — Étude littéraire : l'ensemble du livre. — Le moraliste et le philosophe. —Le peintre de portraits. — L'écrivain.

Notice biographique. — En 1685, on pouvait voir rôder dans les salons de Chantilly, les soirs de réception, un personnage modeste, auquel la plupart des nobles invités ne semblaient point attribuer une grande importance. Il observait d'un œil attentif le manège des seigneurs orgueilleux et des dames coquettes ; il prêtait l'oreille, sans en avoir l'air, à leurs propos; et, de temps en temps, il «e retirait à l'écart pour griffonner sans doute sur son carnet quelque note. Puis il remontait vers la chambrette du philosophe qu'il nous a vantée dans certaines pages, et il mettait au net le résultat de ses observations. Cet homme était Monsieur Jean de La Bruyère, précepteur de Mgr le duc de Bourbon. Issu d'une bonne famille bourgeoise, il était né à Paris, le 17 août 1645. Élevé chez les Oratoriens, il passa sa thèse de droit à Orléans, le 3 juin 1665, et devint avocat au Parlement de Paris. Mais, le 23 mars 1674, il abandonna le barreau pour acheter une charge de Trésorier des finances dans la généralité de Caen. Il n'en remplit pas les fonctions; car, aussitôt après avoir prêté serment à Caen et à Rouen au mois de septembre, il revint à Paris, et, grâce aux honoraires de sa charge, il put jouir de ce qu'il appelle lui-même « l'oisiveté du sage «. Il renonça toutefois à ce doux repos, quand, le 15 août 1684, sur la recommandation de Bossuet, il fut choisi pour enseigner au petit-fils du grand Condé l'histoire, la géographie et les institutions de la France. L'élève de La Bruyère n'était pas dépourvu d'intelligence; mais il avait les défauts de sa race : l'insolence et la brutalité« Cependant si la nature indocile de l'élève le disposait mal à profiter des leçons du maître, celui-ci, en revanche, se trouvait à l'aise dans cette demeure princière pour étudier les caractères et les mœurs des hommes. Perdu dans la fouie, il put, à Chantilly comme à Versailles, exercer librement sur ce monde si divers ses facultés naturelles d'observateur et d'analyste. Aux réflexions que lui avait déjà inspirées son existence parmi les bourgeois, les avocats, les hommes de lettres, les financiers, s'ajoutèrent celles que le spectacle de la cour fit naître dans son esprit curieux. C'est alors qu'il commença d'écrire l'ouvrage qui devait rendre son nom célèbre, et. en mars 1688, il publia chez Michallet les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les mœurs de ce siècle. Le succès fut immense, et, en moins de trois ans, six éditions parurent, toujours plus complètes, toujours accueillies avec une faveur croissante par les-mondains et les lettrés. Malgré la vogue inouïe des Caractères, l'auteur ne renonça point à la prudente réserve qu'il s'était imposée jusqu'à cette époque. Le seul événement de sa vie fut son élection à l'Académie française le 16 mai 1693, grâce à l'appui de Racine et de Boileau. Il prit séance le 15 juin de la même année et prononça un discours qui souleva l'opposition violente des Thomas Corneille, des Fontenelle et du Mercure galant. La Bruyère répondit avec chaleur aux attaques de ses ennemis dans une préface vive et spirituelle, et la victoire en définitive lui resta. Moins de trois ans après ce dernier triomphe, il mourait frappé d'une attaque d'apoplexie, le 11 mai 1696, en corrigeant les épreuves de sa neuvième édition.

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