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LA NOUVELLE HÉLOÏSE de Rousseau (analyse détaillée)

Publié le 19/10/2018

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La deuxième partie du roman donnait donc une leçon. Leçon sans doute paradoxale. C’est un moyen bien dangereux de rester fidèle à un honnête mari que de rappeler auprès de soi celui qu’on a aimé jusqu’à en penser mourir. Ce paradoxe n’est d’ailleurs qu’une espérance de Rousseau. Puisque Mme d’Houdetot ne pouvait pas l’aimer, il a rêvé de vivre, pour ne pas la perdre, entre Saint-Lambert et elle comme Saint-Preux près de M. et Mme de Wolmar. Le rêve n’était qu’une sottise et Saint-Lambert le lui fit bien voir. Mais pour tout le reste, le roman était vraiment une leçon généreuse et haute. Il n’y a rien de plus sage et de mieux réglé pour le bonheur que le << ménage >> des châtelains de Wolmar. Dans ces vendanges, ces veillées, ces collations de laitage, ces dévouements discrets et souriants, on respire toujours un parfum d’honnêteté, de sécurité, d’harmonie. C'est de là que nous datons volontiers le retour de l'âme française à la vie rustique, à la nature, à la simplicité.

 

Nous nous trompons quelque peu. Rousseau n’a inventé ni les beautés de la campagne, ni les grâces des jardins anglais, ni la sagesse de renoncer aux joies frelatées du monde pour les tâches aimables de la vie aux champs. Le goût pour les \"agriculteurs\" (le mot est nouveau) datait déjà d’une dizaine d'années. Et c’est trois ou quatre ans avant la Nouvelle Héloïse que se fondent et se multiplient les sociétés d’agriculture. Le goût pour les jardins anglais venait d’Angleterre ... et de Chine. Ce sont des traités de jardiniets anglais et des récits de missionnaires qui l'avaient créé. On s’était lassé parfois du jardin régulier de Le Nôtre dès le début du xviiie siècle. On en est assez las, de 1750 à 1760, pour ne pas se contenter de discuter ; on crée des jardins où l’on imite aussi fidèlement les « caprices de la nature »que dans l’ « Élysée » de Julie. Enfin, l’on commence vraiment à vivre à la campagne non pour le plaisir du changement, mais pour fuir la ville, « pour voir se lever l'aurore », pour errer dans les sentiers « tourneurs » ; on s’y installe, on se promène pour changer son âme et la « retremper » dans la nature.

 

Il y avait pourtant dans ces lettres de l'Héloïse quelque chose de nouveau. Plus de sincérité d’abord ou du moins plus de vérité. Rousseau avait vraiment vécu ou vu la vie qu’il évoquait.

Pourquoi Rousseau a écrit son roman. — Rousseau s’était déclaré, dans des ouvrages retentissants, L’adversaire de la littérature. Or, de tous les genres littéraires ceux qui avaient été le plus violemment dénoncés comme dangereux, bien avant Rousseau, c’étaient le théâtre et le roman. Pour quelle raison profonde Jean-Jacques Rousseau s’est-il donc contredit en écrivant un roman qui, dans sa première moitié, est un roman de passion ?

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« installé à l'Ermitage, au milieu des bois .

C'était le printemps ; tout fleurissait dans les sentiers.

Et des rêves passi on nés s'ébau· chaient dans son âme.

Il n'avait jamais été vraiment aimé.

Il avait quarante-quatre ans ; il était trop tard pour qu'il rencon· trât la réalité de l'amour.

Il voulut goûter du moins ses chi· meres, et il écrivit pour lui, dans les bois, par mi les soufBes du printemps, les lettres de Julie et de Saint-Preux.

Seulement, Je hasard jeta dans sa vie une Ju lie : M me d'Houdetot, une amie de Mme d'Épin ay , fut conduite chez lui par un accident de voiture.

Il la revtt ; elle n'était pas belle ; mais elle était char­ mante et aimable infiniment.

Il se prit pour elle d'une passion dévorante et sans espoir, car elle en aimait un autre, Je marquis de Saint-Lambert, fidèlement.

Il lui dit pourtant qu'il l'aimait ; il s'eqivra de Slt pr�en ce et de son amitié compati ssant e jusqu'au jour où Mme cl 'Houdet ot se lassa, où Mme d' Epinay fut jalouse, où une querelle retentissante Je chassa de l'Ermitage et le sé para de sa bien-aimée.

En aim an t sans espoir, Jean-Jacques avait tenté de dopner le change à sa passion .

Il croyait d'ailleurs sincèrement que le véritable amour est un principe de générosité, de sacrifice et de vertu.

C'est de vertu qu'il s'entfetint donc llVCC «Sophie », avec Mme d'Houdetot.

C'est pour eda que le roman de passion entre Julie et Saint-Preux s'acheva dans un roman de devoir et de renoncement.

ANALYSE DES PARTIES IV-VI.-fJuaJre attS ont passé.

Julie marit� est mtre de deux �nfants et n'est pas ncalhettrettse.

M.

de Wolmar est intellige�rt et bon ; c'est 1111 sage i11dt1/genl et c-lairvoyant.

Cependant Sai11t-Pretu a achevé le to·ur du monde.

/)'accord avec son mari, Julie, qui se croi t guérie de sa passion, le prie de faire l' éducaJion de ses enfants.

Il semble à Saint-Prertx qu'il n'éprouve pllls pottr elfe qtt'une afject i on fraternelle.

Il s'installe au château de Walmar.

Il e11 admire ct dt cri t longttement la vie sage ct réglée.

Julie et so11 mtJri exploitenJ eux-mlmes leurs terres ; ils le font avec tm ordre et une botlté q"i assttre nt leur bonheur maUrie/ et moral et celui de leurs getts.

Occttpat io11S fécoJtdes ct foies simples de cette vie rustique : vendatzgcs, veill ées laboriettses, fêtes du dima11che ; éd'ltcalion des euja nls réglée sur des pritzci/les toul 11ouvea11x.

Ce�en4aflt Ull ittcide11t rév�le d Jttlie et à Sain t- P re u-x que l'anciemre passiou perd �e rb·er lle ''· Au tour; d'u11e promen(lde e11 bat eau.

il.< r·isifCIII lrs Jt•thcrs de Meillerie or' Saillt·PP'ettx, ��� pitill IJi •·e r, ilt1it ventJ.

dix lflls plus tdt, '"it•er discspérémeul à cr/le qrl il aimait ; rme déf11:ss� crue/fr sw git If a us leur cœrtr.

Elle sem ble s'être npaistc lorsque Sai11t-Prcux s'éloi gua pou r accompagner milord Édouard dans rm voyage e11 Ital i e.

Penda11t son absetzce, Julie se jette dans le. »

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